Lundi 20 mars 2023, la nouvelle date historique pour le climat. La cause : la publication du nouveau rapport du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC). Présenté à Interlaken (Suisse), il affiche des résultats inédits.

 Cette synthèse clôture deux ans d’intenses collaborations internationales. Elle expose aux yeux de tous, des actions concrètes pour réduire le réchauffement climatique, dont les activités humaines sont la principale cause. « Le rapport du GIEC d’aujourd’hui est un guide pratique pour désamorcer la bombe à retardement climatique », tonne Antonio Guterres secrétaire général des Nations Unies, lors de l’ouverture de la conférence de presse du 20 mars 2023.

Chaud, chaud le climat, mais…

Dès les premières pages le rapport l’affirme : la hausse de la température globale va excéder 1,5 C° au cours du 21e siècle. Voire atteindre les 2 C°. Cependant, bonne nouvelle : il est possible de réduire ce réchauffement global de la planète d’après le groupe d’experts. Un optimisme porté par le climatologue Gerhard Krinner lors de la conférence du 20 mars : « Si nous agissons maintenant, si nous réduisons fortement nos émissions, le réchauffement global ralentira ». Agir oui, mais dès maintenant. Et ce rapport le martèle : il est urgent d’avoir des actions profondes, soutenues et immédiates. Une urgence soulignée par Peter Thorne lors de cette même conférence.

« Le futur est réellement entre nos mains [et] les années à venir sont décisives ».

De nombreux co-bénéfices pour l’humanité et la biodiversité

Cette dernière synthèse intègre de nouveaux éléments placés au centre des préoccupations mondiales : la nature, les impacts du changement climatique et l’influence des activités humaines. Mais également la notion de co-bénéfices, des retombées en cascade de conséquences positives. Ainsi, pour le GIEC : les actions pour le climat seront également salutaires pour la santé humaine et les écosystèmes planétaires.

Une priorité : réduire les GES

 En effet, la diminution du réchauffement global terrestre se fera principalement en agissant sur les émissions de gaz à effet de serre (GES). Un sujet récurrent placé au centre de tous les travaux du GIEC, c’est dire l’impact de ces émissions sur la planète et son climat.

© Bleu Tomate

Mais pour observer un effet sur la température globale d’ici les vingt prochaines années, la réduction des GES doit être drastique et immédiate.

Plus de budget pour le climat, pour tous

Multiplier par 3 voire 6 le budget mondial consacré au climat, transformer le système financier et le rendre plus équitable notamment à l’égard des pays en développement, telles sont les autres pistes d’amélioration prescrites par le GIEC. Selon Hoesung Lee, actuel président du GIEC : « Les pays ayant d’importantes technologies et moyens financiers ont la responsabilité d’aider les autres pays qui n’ont pas de telles ressources ».[1]

Pour que l’action soit efficace, il faut donc prioritairement effacer les écarts d’adaptation au réchauffement climatique. Car ces écarts sont souvent très différents selon les régions et pays du monde. Les multiples solutions et options proposées aux décideurs internationaux témoignent du poids de ce nouveau rapport du GIEC dans les décisions climatiques futures. Pour Hoesung Lee : « Si nous agissons maintenant, nous pouvons toujours assurer un avenir viable et durable pour tous ».

Toutes les actions avancées par le GIEC dans cette nouvelle synthèse dépendent d’un engrais vital : la coopération humaine internationale. Confiance mutuelle, politiques communes et inclusives, justice sociale et climatique sont les ingrédients indispensables pour agir efficacement. Pour agir maintenant : « We don’t have a moment to loose ».

[1] D’après l’accord de Paris de 2015 et la Convention climat instaurée depuis 2019.

Le GIEC

Depuis 1988, le GIEC s’emploie à évaluer l’ensemble des connaissances mondiales sur le climat et ses changements. Outre un regard scientifique et impartial, le GIEC érige des plans d’actions pour améliorer l’adaptation des populations au changement climatique et réduire le réchauffement.

Ce nouveau rapport de synthèse « AR6 » est le point final du 6e cycle de travail du GIEC. Il résume la totalité des conclusions de ces trois groupes de travail depuis 2021. Le 19 mars 2023, il a été adopté par 195 gouvernements membres du groupe d’experts intergouvernemental. Ce rapport vient ainsi  compléter les connaissances mondiales sur le climat de la précédente synthèse du GIEC, publiée en 2014.