D’un côté, des acteurs du tourisme qui cherchent à améliorer leurs pratiques, de l’autre des entreprises et structures qui proposent des solutions concrètes. Le Comité régional du tourisme et le réseau des Parcs naturels régionaux les ont réunis dans un Forum à Avignon le 6 décembre. Des rencontres fructueuses.
Blue est une startup installée à Aix-en-Provence depuis 2020. Elle a mis au point un kit de nettoyage écologique et zéro déchets. Cliniques vétérinaires et crèches ou encore salons de tatouage ont déjà adopté ses produits agréés, sans eau de javel ou autres produits irritants pour la peau, les yeux ou le nez.
Hygiène et désinfection écolo
Le nettoyant, à base de sel et de vinaigre est fabriqué très simplement par l’utilisateur. Et selon Enora Donot, venue représenter la société au Forum du tourisme responsable et de l’écotourisme, sa rentabilité s’installe au bout de deux achats du concentré nécessaire.
Intéressées, Marine Vannier et Marion Le Goff, guides naturalistes au Parc ornithologique du Pont de Gau, aux Saintes-Maries-de-la-Mer écoutent avec attention les explications. « Nous recevons 200 000 visiteurs par an, précise Marine. Nous avons bien sûr des toilettes et un petit espace restauration. Et aussi un centre de soins pour les oiseaux. Alors on recherche des produits de nettoyage qui présentent le moins d’impact environnemental possible ».
Les professionnels veulent économiser l’eau
A quelques tables de là, Laurence Brest s’intéresse de près aux douches Eddo, qui promettent une économie d’eau de 20 à 40%. Elle est responsable RSE de Vacances Bleues. L’organisme représente 24 établissements en France et 8 dans notre région. Des résidences, des clubs de vacances et des hôtels, donc des piscines, donc des douches.
« Nous devons trouver des solutions pour économiser les ressources comme l’eau ou le chauffage. Il y a des choses à faire, et de toute façon la règlementation l’exige de plus en plus », explique Laurence Brest.
Des solutions techniques et des résultats
La douche en question est très simple à installer. Elle fonctionne avec une carte ou un bracelet et contrôle le nombre de douches et de litres d’eau utilisés. Un système qui équipe déjà des salles de sport et des campings.
Et voici justement le directeur général de la SEMIS qui passe par là. Cette Société d’économie mixte a en charge le développement touristique de la ville des Saintes-Maries-de-la-Mer et gère notamment ses 2 campings. Nicolas Fortuit confirme une économie d’eau grâce à la cinquantaine de douches Eddo installées cet été dans l’un des campings.
La contrainte des biodéchets
Laurence Brest, la responsable RSE de Vacances Bleues poursuit son tour des stands tenus par les apporteurs de solutions. Chez les Alchimistes, elle ne fait que passer. Elle a déjà signé il y a quelques jours un contrat pour plusieurs établissements. Il s’agit ici de la gestion des déchets alimentaires. Car à partir du 1er janvier, la loi interdit de les jeter dans la poubelle des déchets ménagers.
Un casse-tête pour les restaurateurs et professionnels du tourisme qui doivent changer leurs pratiques. Et justement, les Alchimistes organisent la collecte et la valorisation des biodéchets en compost. L’association a vu le jour dans le Var. Aujourd’hui, devenue entreprise de l’économie sociale et solidaire, elle essaime à travers toute la France.
Une ressource contre le changement climatique
Les Alchimistes assurent donc la collecte grâce à des bacs qu’ils fournissent aux professionnels, manière d’exclure l’utilisation des habituels sacs plastique. Ils installent –au fur et à mesure des besoins et des disponibilités foncières- des centres de compostage au plus près des gisements. Dans notre région, à Toulon, Cuers et Marseille et ils couvrent aussi une partie du Vaucluse. Les Alchimistes vendent le compost agréé pour l’agriculture biologique aux agriculteurs et jardiniers.
Leur démarche ne s’arrête pas à la réduction des déchets et de son coût énergétique et économique. Pour eux, nourrir et restaurer le sol est primordial. « Le compost est indispensable au sol, explique Romain Mounissens, chargé du développement commercial pour les Alchimistes. Non seulement il apporte les nutriments nécessaire, mais il capte le CO2 et filtre l’eau. L’enjeu du compost est beaucoup plus large que ce que l’on croit. Un sol vivant a un impact sur le changement climatique ».
Des rencontres pour partager des solutions
Outre de potentiels futurs clients, ils ont pu rencontrer au Salon de l’écotourisme tenu au Palais des Papes à Avignon, d’autres apporteurs de solutions et des structures capables de les référencer. Une ouverture vers des collectivités ou des événements susceptibles de recourir à leurs services.
Dernière halte à un stand couleur locale. Antoine Boudin est venu de Toulon présenter sa dernière invention : la canne à couverts. Designer et « Géo Trouvetout » du recyclage, il utilise les déchets des fabricants de anches pour créer des couverts destinés à la restauration nomade.
La canne, ressource locale pleine d’avenir
Ils sont réutilisables, lavables en machine et étanche à la salive, donc sans goût. Une solution locale et durable à une demande de restauration nomade qui augmente. Outre les couverts, il fabrique aussi des pailles et des cuillers à glace.
Clients potentiels : les amateurs de randonnée, les propriétaires de gîtes, les organisateurs de séminaires. En cadeaux d’entreprise, ou vendus à l’unité dans les magasins spécialisés nature et durable, les couverts en canne ont intéressé Vaucluse Provence Attractivité. Cette agence du développement, du tourisme et des territoires a notamment pour mission « d’accélérer la transition vers un tourisme plus écoresponsable ».
Référencer, mutualiser pour développer
Elle accompagne donc les professionnels, d’abord en établissant un état des lieux et ensuite en suggérant des solutions. Par exemple l’achat local et hors plastique. Les couverts en canne pourraient donc bientôt figurer au panel de propositions de l’agence.
Pour sa 1ère édition, le Forum du tourisme responsable et de l’écotourisme semble avoir touché son but : apporter des solutions concrètes pour agir. Reste à élargir les cibles et convaincre toujours davantage de professionnels, d’acteurs du secteur et de collectivités de s’engager dans la transition.
EDDO, de SmartEmbed
Eddo, c’est une gamme d’équipements connectés. Objectif ? Réduire le gaspillage des ressources en eau et en énergie. Mais en préservant le confort des usagers. Le fondateur, Terence Huertas a créé à Aix-en-Provence en 2016 la société SmartEmbed. Il a été lauréat du « Start-up Week-end Aix-Marseille ».
Le tri des biodéchets
À compter du 1er janvier 2024, conformément au droit européen et à la loi antigaspillage de 2020, le tri des biodéchets sera généralisé et concernera tous les professionnels et les particuliers. Il s’agit des déchets verts et des déchets alimentaires.
Vacances bleues
L’association a vu le jour en 1971 à Marseille. Objectif ? Rendre les vacances accessibles au plus grand nombre. Au fil des années, des hôtels, des clubs et des résidences sont venus étoffer l’offre. Aujourd’hui, il y en a 25.
Unique actionnaire du groupe, L’association fait le choix de réinvestir chaque année 100 % de ses bénéfices en améliorant sans cesse la qualité d’accueil et les prestations.
Vacances Bleues est un pionnier du tourisme responsable. Le groupe recherche toujours un équilibre entre la performance économique et un engagement durable et responsable.