Avec ses eaux azurées, sa biodiversité, la mer Méditerranée est une merveille naturelle. Mais une merveille fragile. Urbanisation, pollution, surpêche, réchauffement climatique… les défis sont nombreux. À l’heure de la planification, les citoyens ont aussi leur mot à dire.
L’attentisme n’est plus de mise alors que l’État dresse pour six ans le cadre général de la planification. En février 2017, la France s’est dotée d’une Stratégie nationale pour la mer et le littoral (SNML) pour fixer son ambition maritime sur le long terme. Une Stratégie déclinée pour chacune des quatre façades maritimes, dont la Méditerranée. Aujourd’hui, l’heure est venue de repenser cette stratégie. Et cette fois, les citoyens sont invités à y participer, dans le cadre de « La mer en débat » sous l’égide de la Commission nationale du débat public.
Un espace de liberté soumis à de fortes pressions
« La mer est perçue comme l’un des derniers espaces de liberté. Mais c’est aussi un bien commun et un espace partagé, où sa propre liberté s’accomplit dans le respect de la liberté des autres. Actuellement, un nombre croissant d’activités humaines se développent dans l’espace maritime, et souvent elles sont en concurrence pour son utilisation. Cette situation peut générer des conflits entre les activités elles-mêmes et exercer des pressions sur l’environnement marin », souligne Federico Fabbri, doctorant à l’Université d’Aix-Marseille qui réalise une thèse sur « Planifier l’espace maritime au large d’une grande ville : comment intégrer les dimensions sociale et écologique au service d’un véritable objectif de durabilité ? ».
Déterminer quelles décisions sont acceptables ou non
Car la réflexion doit être globale et durable. « La planification est issue d’une stratégie nationale, qui peut permettre d’intégrer les besoins des acteurs territoriaux s’ils sont discutés avec eux et déclinés localement. Les usages peuvent rentrer en concurrence. Ainsi, les pêcheurs qui avaient l’habitude d’aller où ils le souhaitaient risquent de devoir changer leurs habitudes pour éviter les champs éoliens. Il est important de réfléchir ensemble à l’organisation de l’espace marin, de façon démocratique, pour déterminer quels choix sont souhaités, quelles décisions sont acceptables ou non. Les intérêts économiques sont forts, les besoins sociaux également ».
Marseille, Port-Cros…
Au cours des dernières années, diverses mesures de gestion de l’espace maritime méditerranéen ont été appliquées localement avec de bons résultats. L’intégration de ces mesures dans un cadre commun via la stratégie de façade peut faciliter leur harmonisation et leur efficacité. « Marseille en est un bon exemple. L’attention portée à la mer a considérablement augmenté ces dernières années », assure Federico Fabbri. « La création du Parc National des Calanques a permis de protéger la biodiversité, de préserver certains espaces et d’enrichir l’économie locale par la valorisation de l’écotourisme». Autre exemple, le Parc national de Port-Cros, qui a favorisé la régénération des espèces marines et de la préservation des habitats.
Essentielle coopération internationale
Si la planification doit se décliner à l’échelle locale, elle doit aussi intégrer un volet international. En effet, la Méditerranée est un trésor partagé entre de nombreux pays. Les écosystèmes marins ne connaissent pas de frontières politiques. Les espèces migratoires, les courants marins et les processus écologiques s’étendent au-delà des limites nationales. Traduite dans le Plan d’Action pour la Méditerranée sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, la coopération internationale favorise une gestion efficace de ces ressources partagées.
La planification de l’espace maritime de manière durable est donc complexe, requérant une approche holistique et collaborative afin d’équilibrer les besoins humains et la préservation de l’environnement marin. Toutes les contributions sont les bienvenues. Y compris la vôtre.
Un Bar des Sciences sur le futur de la Méditerranée
Mardi 12 décembre, un Bar des Sciences est consacré à la thématique « Comment penser le futur de la mer Méditerranée ? » Auxquels de nos besoins essentiels la mer répond-elle ? Alimentation, santé, énergie… Comment l’imaginons-nous dans le futur ? Quels choix sommes-nous prêts à faire ? Comment construire collectivement le futur de la mer ? L’occasion d’échanger avec des spécialistes, dont Federico Fabbri et des citoyens qui se sentent concernés par le futur de la Méditerranée.
Bar des Sciences, mardi 12 décembre, à partir de 19 heures, brasserie Zoumaï, 7 cours Gouffé, 13006 Marseille.
La planification, comment ça marche ?
En 2016, la Loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages inscrit la planification de l’espace maritime dans le Code de l’environnement et la définit comme « le processus par lequel l’État analyse et organise les activités humaines en mer, dans une perspective écologique, économique et sociale ».
Cette planification se fait par façade selon un cadrage national. La Stratégie nationale mer et littoral est le document de référence. Elle est complétée par de nombreux autres documents et outils qui ont pour ambition d’articuler le développement de l’économie bleue avec la préservation de l’environnement.