La Confédération Paysanne 84 vient de lancer un collectif ouvert aux citoyens. Ces agriculteurs revendiquent de produire localement une alimentation saine et respectueuse de l’environnement. Ils sont conscients que la société est à la fois très proche de leurs valeurs mais aussi très ignorante de leurs contraintes.
La démarche rappelle celle des scientifiques qui ont lancé l’idée des « Sciences citoyennes ». Rapprocher le monde paysan de la société, ceux qui nourrissent de ceux qui mangent, voilà le souhait de la « Confédération Paysanne 84 ». Ses membres ont profité de la Fête de la biodiversité qui s’est tenue les 16 et 17 novembre au Thor, pour lancer l’idée de leur collectif. Associations et simples citoyens sont invités à se déclarer « sympathisants » du syndicat.
Une partie des exposants à la Fête de la biodiversité du Thor ©J.B.
Paysans et citoyens
Plutôt minoritaire dans le monde agricole, la « Conf » rassemble des « paysans » qui revendiquent le terme et rejettent superbement celui d’ « exploitant agricole ». Eux reviennent aux fondamentaux de l’agriculture : nourrir, et développer les activités sur le territoire ! « Et pas faire du business », souligne malicieusement Nicolas Verzotti, membre du syndicat et maraîcher bio en agroforesterie au Thor. « On a besoin de dialogue, plus que jamais, souligne-t-il, et l’agriculture ne concerne pas que les seuls paysans ».
Nicolas Verzotti, maraîcher bio en agroforesterie et membre de la Confédération Paysanne – ©J.B.
Un collectif pour quoi faire ?
Dialoguer, certes, apprendre à mieux se connaitre, mais aussi agir ensemble. Pour monter des projets de restauration collective bio et locale, ou bien agir pour aider à l’installation de jeunes ou encore s’unir pour contrecarrer des projets d’agriculture industrielle, comme les « usines à salades » ou les poulaillers XXL…
Les militants de la Confédération Paysanne militent pour le bien-être animal, les circuits courts, l’accueil sur la ferme. Des valeurs de plus en plus partagées dans la société. Et un discours reçu 5 sur 5 par les citoyens qui ont répondu à l’invitation du syndicat.
Une partie du public intéressé par l’idée du collectif paysans-citoyens ©J.B.
Mêmes questions
Sanctuariser les terres agricoles, afin de revenir à l’autonomie alimentaire perdue, même dans le Vaucluse, jadis qualifié de « jardin de la France » ! Produire des aliments sains, qui ne détruisent pas la nature et l’environnement… Rendre le foncier accessible aux petites structures… Autant de questions et de préoccupations affirmées par le public, et qui rejoignent celles des paysans. « On n’a pas d’autonomie alimentaire, en tant que citoyens, c’est incroyable, s’écrit Evelyne Epiard, venue de Gargas où elle s’implique dans une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne). On a besoin de vous » lance-t-elle aux paysans présents.
La Fête de la biodiversité attire au Thor un public nombreux et motivé – ©J.B.
Mêmes combats
Pour saisir les élus, faire évoluer les PLU (Plan Local d’Urbanisme) et autres SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale), participer aux enquêtes publiques, bref faire son boulot de citoyens, « mieux vaut mutualiser nos moyens », souligne sagement Nicolas Verzotti. Qui ajoute que le syndicat dispose d’informations, d’outils et de personnes ressources à même de répondre aux questions des particuliers ou associations qui luttent contre certains projets, avec plus ou moins de force et d’efficacité.
L’Association des Amis de la Confédération Paysanne existe au plan national. En Vaucluse, les citoyens et associations intéressées par le collectif peuvent faire un don et participer à cette nouvelle structure pour soutenir l’agriculture paysanne et faire vivre une agriculture citoyenne.
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Pour aller plus loin
La fête de la biodiversité et des variétés anciennes
Organisée par l’association locale D3P la 12e édition de ce rendez-vous naturel, festif, savoureux et informatif s’est tenue les 16 et 17 novembre 2019 au Thor (84).
©J.B.
Thème : « Savoirs d’hier pour l’agriculture de demain ».
Outre le marché de plants fruitiers, de variétés potagères anciennes et de produits du terroir, de nombreux stands d’associations impliquées dans la défense et le développement de l’agriculture locale et paysanne étaient présents. Ainsi que des producteurs locaux et des animateurs organisateurs de sorties buissonnières et autres escapades botaniques. Et bien sûr des conférences et moments de réflexion partagés, sans oublier la restauration sur place : bio et locale, bien sûr !
D3P : Défense et Promotion du Patrimoine Paysan, créée par des citoyens et des agriculteurs de la commune du Thor milite pour la défense d’une agriculture paysanne la plus écologique possible.
