La société basée à Grasse est le seul fabricant de scooters électriques français. Si la conscience écologique grandissante accompagne sa croissance, son succès auprès des institutions publiques de la région est encore contrasté.
Il n’est pas toujours facile d’être prophète en son pays. A fortiori dans sa région. Fondée en 2011 à Grasse par Christophe Cornillon, Eccity a fait du scooter électrique son cheval de bataille. Son offre est aujourd’hui composée de 4 modèles 50 cc et 125 cc, dont un à 3 roues.
Si avec plus de 10 000 exemplaires vendus en France en 2018 contre 3 100 en 2015 le marché est porteur – Eccity en produit une centaine par an -, les particuliers rechignent encore. Le prix, de 6 000 à 8 000 € (avec bonus de l’Etat), et l’autonomie, d’environ 100 km, sont des freins. Les collectivités, elles, ont des comportements contrastés.
Nice, Aix, Monaco clients
Eccity en fait l’expérience, sur ce marché d’appels d’offres qui représente 50% de son activité. « La Métropole Nice Côte d’Azur est l’un de nos très bons clients. Elle équipe ses agents de nos scooters et vient, la semaine dernière, de nous en commander 10 autres », indique Frédéric de Maneville, directeur général de l’entreprise.
Dès 2015, soit un an après le lancement du 1er modèle 125 cc, issu de quatre années de R&D, la ville d’Aix-en-Provence s’est aussi équipée. La Principauté de Monaco également. En revanche, chou blanc dans l’agglomération marseillaise. « Il n’est pour l’instant pas possible d’avoir un rendez-vous à la mairie de Marseille. S’agissant de la Métropole Aix Marseille Provence, j’ai encore repéré il y a quelques jours un appel d’offres pour des scooters à moteurs… thermiques, alors que notre entreprise produit dans la région ! », s’étonne le dirigeant.
Des transports moins polluants
D’autres objections obligent Eccity à affuter ses arguments lors des négociations. « Certaines collectivités se sont engagées trop tôt sur ce marché, avec des modèles de faible qualité qui ont posé beaucoup de problèmes. Elles ont été échaudées. A cela s’ajoute le conservatisme d’agents ou de policiers municipaux, encore fidèles aux moteurs thermiques ».
L’Ile de France semble plus réceptive… ou alors plus riche. Les communes de Neuilly-sur-Seine, Antony, Meudon ou Levallois-Perret roulent en scooters Eccity. « Pour nos collectivités clientes, il existe clairement une orientation politique en faveur de transports moins polluants. Mais derrière, il y a des acheteurs très regardants sur les coûts », éclaire le DG.
Opération de crowfunding
Le manager réfute par ailleurs l’objection de moteurs électriques qui impacteraient la planète, les batteries (brevetées et fabriquées en Allemagne) exigeant une extraction abondante de lithium et beaucoup d’électricité (parfois produite dans des centrales à charbon, à fort rejet en CO2). « Tout déplacement nécessite une énergie, l’incidence sur l’environnement est inévitable. Mais un scooter électrique a beaucoup moins d’impact polluant qu’un moteur thermique ».
La PME des Alpes-Maritimes, une dizaine de salariés, est confiante. Elle lève des fonds grâce au financement participatif via la plateforme Wiseed – 236 800 € avaient été collectés au 4 février – et mise sur une offre en leasing autour de 150 € par mois pour séduire les particuliers. Objectif : « produire 3 000 scooters par an en 2024 », espère Frédéric de Maneville.