Par Thierry Perez

Écologue l’IMBE (Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale), spécialiste des milieux marins. Directeur de recherches au CNRS au sein de l’IMBE, sur le site de la Station Marine d’Endoume, à Marseille. Océanographe biologiste marin, il est spécialiste des éponges. Il pratique la plongée depuis plus 25 ans et lie ses recherches à l’observation de la réalité sous-marine. II organise des expéditions naturalistes partout dans le monde. 

Voici venue la « Décennie de l’Océan ». Aussi mon premier vœu pour 2021 est que l’on parle partout de la Mer, de l’Océan et de la Biodiversité Marine. Cette décennie (2021-2030) décrétée par l’ONU est plus exactement appelée « la décennie des sciences océaniques pour le développement durable ». Aussi mon vœu à plus long terme, espérons pour la fin de cette décennie, serait qu’il n’y ait plus un seul endroit dans le monde où le développement, même durable, serait considéré comme l’objectif premier de l’humanité.

Il serait possible alors que l’homme cesse de domestiquer la nature, particulièrement l’océan. Espérons que la leçon soit tirée de l’artificialisation des continents. Les espaces naturels sont majoritairement devenus au fil des siècles des agroécosystèmes ou des écosystèmes urbains. Montrons l’océan comme le dernier espace sauvage de la planète.

Même la mer Méditerranée, pourtant encerclée de pays développés et concentrant toutes sortes de pollutions depuis des siècles, dispose encore d’espaces non domestiqués. Et d’un potentiel de résilience insoupçonné. Pour peu que l’on cesse de perturber la biodiversité marine !

Souhaitons que la diversité infinie de beautés sous-marines pénètre chaque demeure et chaque esprit. Et donnons la possibilité au grand-public de se l’approprier. Comme on s’approprie un patrimoine commun, de manière à ce que sa protection devienne une priorité. Montrons la rareté et enseignons que la biodiversité est la base de l’adaptation.

Elle est garante d’une biosphère apte à s’adapter au changement. Alors cessons d’employer uniquement des discours catastrophistes. Ils sont à l’origine de problèmes de perception des enjeux par la population. Difficultés de compréhension entre ceux qui, entendant ces messages, considèrent que tout est perdu et qu’il n’y a aucun intérêt à investir dans la protection de la nature. Et ceux qui ne croient pas à l’interdépendance existante entre l’homme et la nature.

Mon vœu est donc que l’océan soit sauvé des menaces qui pèsent encore trop sur lui par notre capacité d’émerveillement face à la beauté.

Crédit photo : OSU Pythéas