Un agriculteur de Rousset et sa fille, impactés par la sécheresse, ont inventé un système d’ombrières automatisées. Les températures sont régulées, les cultures sauvées, l’eau économisée. Ombrea, une histoire familiale et une société prometteuse.
Eté 2016. Le soleil darde ses rayons d’or sur les terres de Provence plus qu’à l’accoutumée. Le mercure s’enflamme, l’air s’assèche. Les cultures qui ont besoin d’ombre et d’humidité sont en souffrance. Christian Davico, horticulteur à Rousset (13), perd un quart de sa production de feuillage coupé. Une catastrophe financière. « Entre mon installation comme agriculteur en 1991 et aujourd’hui, les phénomènes climatiques extrêmes sont devenus de plus en plus fréquents. La sécheresse de 2016 a résonné pour moi comme un coup de semonce. Si je ne parvenais pas à protéger les cultures, c’était la pérennité même de mon exploitation qui était menacée. Il me revenait de trouver une solution ».
Moduler l’ombrage grâce à l’intelligence artificielle
En discutant avec sa fille, Julie Davico-Pahin, Christian a l’idée de concevoir des ombrières intelligentes et robustes. L’entreprise Ombrea est née. Installées sur les champs à une hauteur variable selon les cultures, les ombrières s’ouvrent et se referment afin de moduler l’ombrage au sol. Au degré près. Des capteurs installés sur la parcelle récoltent des données telles que la température, l’hygrométrie, la pluviométrie ou encore les flux de lumière… Ces informations sont transmises et traitées par le logiciel Ombrea. Il commande à distance le fonctionnement du système en fonction des besoins optimum de la culture traitée.
Production d’électricité et récupération d’eau
L’installation peut être couverte par la production d’énergie, via des panneaux photovoltaïques placés sur les ombrières. Cette électricité peut être autoconsommé sur l’exploitation ou revendue en autoconsommation collective au voisinage. Un système de récupération des eaux de pluie optimise l’irrigation des parcelles, avec jusqu’à 30 % d’économies sur ce poste. La structure mécanique des ombrières permet également de déployer des filets anti-grêle.
Optimisation de la culture des pivoines avec Astredhor
Créée en 2017, Ombrea est hébergée à la pépinière Cleantech d’Aix-en-Provence. Après une année consacrée à la Recherche/Développement, la phase de commercialisation a démarré. Les cultures de plein champ, comme par exemple celles des fraises ou des pivoines constituent les marchés cibles d’Ombrea. La jeune société, qui compte aujourd’hui six salariés, a conclu un partenariat avec l’Institut technique de l’horticulture Astredhor d’Hyères. « Astredhor travaille en permanence au développement de nouveaux outils dédiés à l’horticulture », explique Laurent Ronco, le directeur. « Nous avons installé 200 m² d’ombrières afin d’étudier leur impact sur la culture des pivoines. Les premiers résultats prouvent que le dispositif parvient vraiment à réguler les températures ». Sur la fraise, les premières expérimentations témoignent d’un gain de rendement d’au moins 50 %.
Le mot de la fin revient à Christian Davico. « Le changement climatique n’est plus un spectre lointain : nous sommes au pied du mur. Il y a urgence. L’agriculture souffre et doit s’adapter. Nous souhaitons apporter notre contribution à cette transformation dans une optique développement durable ».
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Avec la Société du Canal de Provence, améliorer la maîtrise de l’eau
Le 28 novembre, Ombrea a signé un partenariat avec la Société du Canal de Provence (SCP) pour améliorer la maîtrise des productions et de la demande en eau. Dans un contexte de changement climatique pouvant affecter la production agricole, les deux entreprises associent leurs savoir-faire afin de développer des solutions innovantes. La SCP dessert plus de 80 000 ha de terres agricoles en Provence, soit environ la moitié des surfaces irrigables. Mais les contraintes se multiplient face à la hausse des températures et la variabilité météorologique, avec des phénomènes de gelées tardives, de grêle, d’orages ou de sécheresse aggravés.
Grâce à ce partenariat, la SCP et Ombrea mettront en œuvre des démonstrateurs d’ombrières destinés d’abord à la viticulture. D’autres tests pourront être réalisés sur des cultures différentes, type maraîchage, avec des agriculteurs intéressés par la démarche. Dans chaque cas, un accord sera établi avec Ombrea, associant un agriculteur-exploitant, un organisme de recherche dédié à la culture traitée et la Chambre d’agriculture.