L’opération De Ferme en Ferme 2018 se déroule le week-end des 28 et 29 avril. Bleu Tomate a visité deux fermes accueillant les visiteurs en Vaucluse. A chacune son originalité, et un point commun : le respect des animaux et des végétaux.
Le Mas des Grands Cyprès –Le Thor (84)
C’est sur les terres familiales depuis 6 générations, que Pierre Clerc exerce son métier de paysan. La terre ne l’a jamais lâché, même pendant ses études de pharmacie, et même pendant les années où il a exercé comme salarié en officine. A l’heure de reprendre les rênes de la ferme, cette formation lui a surtout fait tourner le dos à la chimie !
A partir de 1998, il a entamé la conversion de son verger de pommiers en bio, puis agrandi le domaine. Un peu pour se diversifier, un peu pour se prémunir des voisins en conventionnel. Et multiplié espèces et variétés. Son credo à lui, c’est la diversité. « Ce que je cherche, c’est retrouver les équilibres d’avant, en mélangeant animaux et végétaux » explique-t-il.
Les moutons au verger
Sur ses 40 ha aujourd’hui, en plus des pommiers, il a planté pruniers, cerisiers, pêchers, vigne, légumineuses, et installé moutons, oies, poules… Et les derniers arrivés… les cochons ! Et pour chaque fruit, il produit une vingtaine de variétés différentes.
Quand il met les moutons dans les vergers, beaucoup s’interrogent ! « L’idée c’est d’assainir quand on a fini la cueillette. Les moutons nettoient tout. Et en mangeant les fruits restés au sol » précise Pierre Clerc aux visiteurs, ils le débarrassent des lépidoptères et du redoutable carpocapse de la pomme. »
Recherche et tâtonnements
Mais tout n’est pas parfait, même dans un monde diversifié. Les moutons mangent aussi les fruits, et les gourmands des pêchers ! Il faut donc choisir le bon moment pour leur présence. Pierre Clerc les remplace par les oies. Il tente, cherche, expérimente. Va faire l’essai avec les cochons. Mais craint qu’ils ne creusent des trous qui gêneront le passage du tracteur. Réfléchit alors à ne mettre que les jeunes…
Environnement et qualité des fruits
La diversification, maître mot aussi en matière de commercialisation. L’agriculteur vend à des AMAP, à des boutiques spécialisées et aussi à l’industrie. Ses pommes sont très appréciées pour la confection des petits pots bio pour bébés. Il est certifié AB et Bio Cohérence.
« Moi je suis dans une démarche où je veux être le moins interventionniste possible. Même si j’ai moins de rendement. Ce n’est pas ce que je privilégie » explique Pierre Clerc qui précise que sa ferme lui procure des revenus suffisants. Ainsi son verger de pommiers donne 25 T /ha en moyenne, contre 40 à 50 voire 100T/ha pour les conventionnels.
Un petit coin de paradis
Enfin, il a créé un verger de variétés anciennes où il n’intervient pas. Il observe. Et justement constate que les arbres produisent leurs propres moyens de défense. Et pressent que les fruits – même si la preuve scientifique n’est pas faite- présentent de bien meilleures qualités nutritionnelles dans ces conditions.
Enfin, pour favoriser la présence des auxiliaires et des oiseaux, Pierre Clerc plante des haies diversifiées, et prend garde à conserver les arbres morts qui abriteront la faune recherchée. Et il travaille en partenariat avec la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux).
Les vaches du Luberon – Maubec (84)
Au pied du Luberon, entre Robion et Coustellet, un petit troupeau de vaches, la plupart à la robe grise, prend ses aises depuis quelques mois. Pour le voisinage, un sujet d’étonnement. L’élevage bovin en Vaucluse ? Connait pas dira le passant ordinaire.
Pas de quoi décourager Allan Sorriaux. Ce haut-savoyard a d’abord élevé un troupeau de vaches dans ses montagnes pour fabriquer de la tome. Ancien berger, maréchal-ferrant, arrivé en Vaucluse grâce aux hasards de la vie, il a mûrement réfléchi son projet d’élevage. Et en avril 2017, il s’est lancé sans aucune aide, précise-t-il, et par passion pour le métier d’éleveur.
Un troupeau nature
Son choix s’est porté sur la race Gasconne. Très rustique, elle s’adapte à une grande amplitude climatique et à des fourrages grossiers. Les bêtes sont dehors toute l’année, sur les 3 ha de l’éleveur et sur 20 à 30 ha de terres en friche des environs qu’elles entretiennent. Une quinzaine de génisses et un taureau… et bien sûr les veaux qui sont conçus et mis au monde tout-à-fait naturellement. L’été, le troupeau monte dans les Alpes.
Du producteur au consommateur
Au menu, en plus de l’herbe, du foin, de la luzerne, des pommes de terre et de la courge bio. Un modèle parfaitement extensif. Et des bêtes qui marchent en permanence. Ce qui leur donne une viande juteuse et persillée, assure l’éleveur.
Pour l’instant il fait tuer une bête par mois et vend à la ferme des colis de 8 à 10 kg. Objectif à 4 ans : avoir une vingtaine de mères reproductrices. Et installer un atelier de transformation.
Passionné par son métier, Allan Sorriaux affirme travailler « dans le respect de l’animal et de l’environnement ». Une démarche et un métier qu’il souhaite faire connaître auprès des clients et des simples curieux, d’où sa participation au week-end « de Ferme en Ferme ». « C’est ce partage qui est hypercool ! » conclut le jeune éleveur, avant d’aller accueillir de nouveaux visiteurs.
Pour aller plus loin
De Ferme en Ferme dans la région, c’est près d’une centaine de fermes qui accueillent le public. Et au plan national, ce sont 600 fermes qui ouvrent leurs portes. Une démarche pédagogique pour des paysans qui souhaitent montrer leurs pratiques respectueuses de la santé et de l’environnement.
Pour connaitre le programme en PACA, on peut cliquer ici.