Le prix des carburants connaît une hausse sans précédent, incitant les citoyens à adapter leur quotidien pour éviter un impact trop fort sur leur pouvoir d’achat. Transports en commun, mobilités alternatives, télétravail, mais aussi covoiturage se développent. Dans la région sud, BlaBlaCar enregistre une hausse des trajets proposés de 227 %.
Elles se sont connues au portail de l’école de leurs enfants. Delphine, Emma et Mylène résident à Salon-de-Provence et travaillent à Aix-en-Provence. Jusqu’à Noël, elles prenaient chacune leur véhicule pour se rendre au travail. Désormais, elles font voiture commune deux fois par semaine. « Nous prenons notre véhicule chacune notre tour. C’est économique, c’est convivial. Au lieu de râler parce que nous sommes bloquées dans les bouchons, on discute de la vie. Nous nous sommes immédiatement entendues sur les horaires, puisqu’ils sont calés sur ceux du périscolaire. »
En moyenne, les Français consacrent chaque mois plus de 10 % de leur budget mensuel aux déplacements. Covoiturer à trois personnes, cinq jours par semaine sur un trajet de 30 kilomètres permet de réaliser 2 000 euros d’économies sur l’année (1)… mais aussi environ 4 tonnes de C02. Sachant que près de 9 millions de Français parcourent chaque jour plus de 15 kilomètres en voiture individuelle, l’usage du covoiturage représente donc une économie conséquente.
Nice, Aix-en-Provence et Toulon plébiscitées
Avec la flambée récente du prix des carburants, liée en partie à la guerre en Ukraine, le covoiturage connaît un essor sans précédent. En six mois, BlaBlaCar Daily, la plateforme dédiée au covoiturage domicile-travail de BlaBlaCar a enregistré 500 000 nouveaux membres en France. Plus de 25 000 le sont en région sud. La communauté BlaBlaCar s’élève désormais à plus de 132 000 personnes dans la région. « La hausse des prix du carburant a été un véritable déclic pour les Français, notamment en région. Ils ont vu dans le covoiturage quotidien le meilleur moyen de réduire des coûts, à première vue incompressibles » souligne Adrien Tahon, directeur général de BlaBlaCar Daily. Dans la région, la ville la plus covoiturée au quotidien est Nice, également à la cinquième position au niveau national. Aix-en-Provence et Toulon complètent le top 3 régional.
Avec la CoVe, on covoiture gratis
Associations, collectifs de voisins, entreprises se mobilisent pour favoriser le co-voiturage. Des applications comme Klaxit facilitent l’organisation. Dans le Vaucluse, la communauté d’agglomération Ventoux-Comtat Venaissin (CoVe) propose aux habitants du territoire de co-voiturer gratuitement. C’est elle qui prend en charge la rémunération du conducteur. La phase expérimentale menée auprès des agents de l’intercommunalité a montré l’intérêt du dispositif. Désormais il est étendu au grand public, et ce depuis fin mars 2022. Plus de 450 inscrits et 140 conducteurs sont déjà référencés par Klaxit sur le territoire de la CoVe. Ils proposent de partager leurs trajets avec d’autres personnes. Un maillage complet se développe, couvrant déjà une très grande partie du Comtat Venaissin et au-delà. C’est ainsi que plus de 32 000 kilomètres ont ainsi déjà été parcourus lors de 1400 trajets en covoiturage.
Quant aux entreprises, elles aussi s’organisent. « Il y a deux ans, nous avions lancé une campagne pour favoriser le covoiturage entre collègues via notre Intranet » explique Sophie, DRH sur le pôle d’activités de La Duranne, à Aix. « En fait, cela n’a pas été un grand succès : beaucoup de salariés proposaient leurs services en tant que conducteur… mais personne ne voulait être passager. Avec la hausse des prix des carburants, les mentalités évoluent et les covoiturages se concrétisent. »
Pour rappel, le covoiturage est encadré par la loi. Le trajet du conducteur doit être effectué pour lui-même. Les seuls échanges financiers entre le/les passagers et le conducteur se limitent au partage des coûts du transport. Dans le cas contraire, il s’agit d’une activité professionnelle qui doit être déclarée.
(1) Enquête Transdev/Ipsos de 2019