Le premier parcours de la Convention des Entreprises pour le Climat Provence Corse s’est terminé le 27 octobre 2023. Avec 65 autres entreprises de la région, représentant 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires et plus de 100 000 collaborateurs, Bleu Tomate relève le défi de la bascule vers une économie régénérative. Récit.
« Il faut bien l’avouer, lorsque Nicolas Chabert, Président de la CEC Provence Corse a proposé à Bleu Tomate de rejoindre le collectif de dirigeantes et dirigeants engagés, nous avons un peu hésité », confie Magali Triano, fondatrice de Bleu Tomate. Media de proximité et agence de communication dédiée à la transition écologique en Provence depuis bientôt 10 ans, quelle pouvait être notre place ? Était-ce le bon moment pour nous alors que nous avions déjà tant à faire ? Bref, nous nous donnions mille bonnes raisons de ne pas y aller. Après avoir débattu en interne, la décision est venue d’un Bar des sciences que Bleu Tomate co-organise avec l’OSU Pythéas (observatoire scientifique d’Aix-Marseille Université, sous la tutelle du CNRS, de l’IRD et de l’INRAe, sur les grandes thématiques scientifiques des sciences de la Terre, de l’Environnement et de l’Univers), à la Brasserie Zoumai à Marseille. « Ce soir-là, j’ai décidé de partager nos questionnements et nos doutes avec les scientifiques et le public présent. Et à l’unanimité, tous nous ont encouragé à y participer « parce que d’une part quand les grandes entreprises prennent des décisions, l’impact est énorme et parce que c’est votre rôle, à vous Bleu Tomate, d’aller voir ce qui s’y passe. »
Bleu Tomate se prend une claque
C’est donc à demi-convaincus que nous nous sommes rendus à la première session. Lourmarin, la Fruitière numérique, des scientifiques et des experts du climat, de la biodiversité, de l’eau… Nadia Sammut aux fourneaux… Nous n’étions pas en terre inconnue ! Ces lieux, ces personnalités qui font partie de « l’écosystème Bleu Tomate » envoyaient des signaux plutôt positifs sur ce parcours dans lequel nous nous engagions. Et cette première session fut… une grosse claque ! Deux jours et demi d’état des lieux et de constats scientifiques sur les conséquences, pour la planète comme pour notre territoire, du dépassement des limites planétaires qu’entraînent les activités humaines. « Chez Bleu Tomate, nous pensions en savoir beaucoup sur les questions environnementales. Cela fait 10 ans qu’on informe, qu’on sensibilise, qu’on explique les enjeux du climat et de la biodiversité. Cette première session a été pour nous la prise de conscience d’un état d’urgence devenu impérieux, et d’un travail énorme qu’il nous reste à faire. On a pris une claque, mais aussi, et heureusement, nous avons vécu un sursaut, qui a été avant tout humain. Celui de la rencontre avec la communauté CEC, un coup de cœur pour ce collectif, sans oublier notre camp de base avec Aepsilon, Bourbon, Option Way, Carestia, Onet, WIT, l’IAE Aix-Marseille. »
Une feuille de route pour aller loin !
Voilà dans quoi Bleu Tomate s’est lancée, avec comme pour les autres participants un objectif très concret : construire au fil des sessions la feuille de route lui permettant de devenir une entreprise régénérative à l’horizon 2030. Au fil de ce parcours CEC, la transformation de Bleu Tomate en Société coopérative d’intérêt collectif est devenue une évidence. Comme l’explique Magali : « Nous sommes convaincus que le modèle coopératif est le seul modèle économique cohérent dans un monde en transition. La coopération n’a jamais eu autant de sens, faire seul ne suffit plus, nous devons faire ensemble. Le parcours CEC nous a donné beaucoup de force, nous nous sommes sentis moins seuls. Le collectif nous a embarqué ! Il nous a semblé que le sujet devenait un sujet quelle que soit la taille de l’entreprise. Pour la nôtre, pour Bleu Tomate, le parcours CEC et la feuille de route ont tout naturellement structuré de manière très concrète le modèle coopératif et son cap ».
« Parler transition écologique ne suffit plus », précise Augustin Aubert (Verbe Actif), co-fondateur de la SCIC Bleu Tomate aux côtés de Magali Triano (Comedito), Laurent Codaccioni (Dakofilm) et Simona Pizzuti (SaiMe communication). « Nous devons réinventer nos métiers pour être plus que des éclaireurs de la transition, mais des activateurs de la redirection écologique ». « Nous avons décidé d’être le changement que nous voulons voir », lui fait écho Magali. « Pour cela, nous changeons de gouvernance, nous faisons rentrer les équipes évidemment dans cette gouvernance : journalistes, communicants, médiateurs scientifiques, mais aussi certains de nos clients, des partenaires, des fournisseurs, des citoyens et des scientifiques. Donc la gouvernance, la valeur, et les valeurs, seront partagés ».
Régénérer les relations
« D’ici la fin de l’année nous déposons les statuts de la SCIC et en 2024 nous allons refondre le magazine en ligne », explique Augustin. « Cela commence par une redirection de la ligne éditoriale. On va parler limites planétaires, besoins du Vivant, initiatives régénératives en Provence et en Méditerranée, sur un site internet éco-conçu et bas carbone. En parallèle, nous développons une nouvelle offre. À nos métiers originels de communication, d’information média et de médiation scientifique, nous associons l’animation de territoires et l’accompagnement de projet. Nous voulons contribuer à l’émergence et au développement de projets pilotes coopératifs et régénératifs dans les territoires ». En 2025, Bleu Tomate prévoit une tournée en Provence et en Méditerranée : 15 étapes, 15 territoires de la mer à la montagne en passant par les plaines agricoles. Objectif ? Informer, faire de la médiation scientifique, créer des temps de rencontre avec les citoyens, les élus, les entreprises, les associations pour mettre le Vivant au cœur du débat public, dans les villages et les villes de Provence et de Méditerranée. « Créer ces relations, c’est créer de la vie. En 2030, Bleu Tomate sera la coopérative qui régénère les relations pour un monde vivable pour tous ! », concluent Magali et Augustin d’une seule voix. Cap vers le régénératif, donc, dans la joie bleutomatienne comme toujours !
La CEC continue !
La clôture de ce premier parcours régional a été également l’occasion de lancer officiellement l’édition 2024 de la CEC, plus ambitieux encore. « Pour l’année prochaine, nous voulons que 150 entreprises du territoire aient fait ou fassent la CEC, avec des dirigeants qui ont envie de s’engager », annonce Mélanie Jeanneret, copilote CEC Provence Corse.
« Et nous avons envie d’élargir ce territoire, déborder sur l’Occitanie peut être… c’est pourquoi on change de nom, on devient Provence Méditerranée », lui fait écho Olivier Bret, président Passeport Transition 06 et co-organisateur CEC Provence Corse.
Rendez-vous le 15 mars 2024 avec les 80 entreprises qui démarreront le parcours au mois d’avril. « Il faut arrêter de faire peur, de stigmatiser de punir. Faire peur ne déplace pas les masse, lance Serge Magdeleine, directeur général Crédit Agricole Alpes Provence, qui a participé au parcours CEC 2023. « Pour changer de cap, il faut construire ensemble un futur désirable ». Le défi est lancé ! La CEC prépare d’ores et déjà les prochaines sessions pour embarquer encore plus d’entreprises et de collaborateurs du territoire. Quant à Bleu Tomate, l’entreprise poursuit l’aventure en rejoignant les alumni avec un credo : « Ce n’est que le début, nous croyons à l’après ! ».