Cinq générations que la famille Thieuloy cultive ses terres des Alpilles. Mais les outils, les productions et surtout les méthodes évoluent. Aujourd’hui, la ferme est en conversion bio, elle transforme et vend sur place ses céréales et légumineuses et elle propose visites et ateliers.
Mireille Thieuloy accueille chaleureusement, dans la vaste boutique du Moulin du Mas de Daudet, à Fontvieille. Le magasin est installé dans un hangar, au toit recouvert de panneaux photovoltaïques. Sur les rayons, les produits cultivés à la ferme : blé, dur ou tendre, mais aussi orge et tournesol et encore pois chiches, lentilles et maïs… Et cela sous diverses formes : farine, semoule, pâtes…
Un territoire, des terroirs
Le visiteur trouve également des fruits et légumes, des sirops, huiles et autres produits d’épicerie déposés par les producteurs du voisinage. « Sur le territoire, on a des terrains et donc des cultures différentes, la plaine, les marais, les collines … Beaucoup de petits producteurs partagent les valeurs d’aide, d’échange, de convivialité… », se réjouit Mireille Thieuloy. Depuis le décès de son mari, elle s’occupe de la boutique, de la partie commerciale et de l’administration, tandis que son fils cultive les 80 ha de la propriété.
Retour à la nature
Il y a bien longtemps, ici on cultivait du riz. « Dans les années 70/80, la société, le marché européen, l’éducation agricole, les aides de l’état… tout nous poussait à investir, arracher les haies. On nous disait : il faut y aller… Mais dès les années 90, Rémy, mon mari, s’est rendu compte que c’était une mauvaise direction. Il a fait machine arrière, tout seul », explique Mireille. Plus de cultures intensives, plus de labours, des sols recouverts, une agriculture raisonnée depuis 15 ans… L’évolution pousse la famille vers la conversion au bio engagée il y a deux ans et la vente directe.
Valoriser les cultures
Dans le hangar, le moulin à meule de pierre, la machine à fabriquer les pâtes… Cultiver, transformer, préparer… c’est beaucoup de travail et de fatigue. Mais Mireille ne regrette rien. « On travaille au contact des gens, on avait perdu ça, là on partage, on discute, on échange. C’est l’intérêt de la vente en direct ».
De la récente crise sanitaire et du confinement, Mireille Thieuloy a gagné un doublement du chiffre d’affaires en avril et –grâce aux livraisons – de nouveaux clients qu’elle n’est pas sûre de revoir. Mais aussi le renforcement de ses convictions : « La terre nous parle ! Elle n’en peut plus de cette pollution, de cette consommation, du non respect du tout : acheter, jeter, changer… au mépris de l’eau, des sols »…
Le choix du local
Si le Moulin du Mas de Daudet fournit une cinquantaine de grandes tables, des épiceries fines et quelques grands magasins à Paris, Marseille et Montpellier, il n’exporte plus. En revanche, il s’engage de plus en plus dans des démarches locales, notamment proposées par le Parc naturel régional des Alpilles.
Par exemple avec l’organisation de visites et de démonstrations, la participation aux fêtes avec des buffets fermiers… Mireille a lancé la démarche pour obtenir le label « Valeurs Parcs ». Ici, elle accueille des scolaires, mais aussi des chefs de restaurants ou de cantines.
Un long chemin
Et les projets ne manquent pas. Installer des chambres froides, terminer la mise aux normes du laboratoire et la salle de dégustation. Et puis monter les ateliers de découverte et cuisine des plantes sauvages, très nombreuses sur les parcelles. Et enfin lancer le jardin en permaculture. Avec du maraîchage, un verger, un rucher, des haies, du compost et un lieu d’accueil pour le public… « Il faut du temps, de l’organisation… et un peu de sous ! », sourit Mireille.
Histoire de redonner toute sa chance à la biodiversité mais aussi de faire œuvre pédagogique auprès des petits comme des grands. Et d’ancrer un peu plus le Moulin du Mas de Daudet dans l’économie de son territoire, en respectant la nature et les habitants.