L’association de Barbentane (13) organise tous les deux ans une fête du Vivant. Sur les hauteurs du village, dans un cadre champêtre, s’organisent stands et animations, jeux, pique-nique et musique toute la journée. Le thème ce samedi 25 mai : consommer autrement.
Habilis a pour objectif la sensibilisation à l’écologie. Cette année, ses militant.es ont choisi de mettre l’accent sur nos déchets. Et surtout sur les gestes faciles au quotidien qui permettent de les réduire. Pour cela, appliquer la règle des cinq R : Refuser les objets à usage unique, Réduire nos achats, Réutiliser ce qui peut l’être, Recycler le reste, Rendre à la terre ce qu’on lui a pris.
Station de lavage
« On se dit que sensibiliser le grand public, ça permet d’aller plus loin tous ensemble explique Christelle Pagès, présidente d’Habilis. On veut montrer que ce n’est pas si difficile de s’y mettre, et chacun doit faire sa part ».
Sur l’esplanade du Séquier, en haut du village, les cinq thèmes se déclinent dans cinq espaces. Au chapitre Refuser, je condamne les bouteilles en plastique et je choisis ma gourde. D’ailleurs, aucune vaisselle jetable n’est acceptée sur le site. Le public a été invité à venir avec son couvert.
Pour ceux qui auraient oublié, un stock est prévu. Y compris la station de lavage et de séchage que chaque consommateur doit utiliser avant de restituer verres et assiettes prêtés, bien propres. « Cela fait partie de la sensibilisation de chaque citoyen à s’engager, face à sa consommation » poursuit Christelle.
Comprendre le chemin des matières
Sur le stand ECO-Lab’Environnement, Stéphanie Galland explique le chemin des différentes matières, du végétal au plastique, en passant par le verre, le métal, le textile ou encore le carton. Conclusion : le chemin –à part pour le végétal- produit inexorablement des déchets. « La nature ne sais pas gérer nos déchets, précise Stéphanie, et nous non plus ! » D’où l’importance d’arrêter d’extraire de grands quantités de matières, d’autant que les ressources ne sont pas infinies.
« L’extraction détruit les habitats, la biodiversité et les paysages, poursuit-elle. Et les industries de transformation sont très polluantes et elles utilisent beaucoup d’eau et d’énergie ». Solution : limiter nos achats, et réutiliser les objets déjà fabriqués. Ceux en verre s’y prêtent, ceux en plastique beaucoup moins…
400 arbres en deux ans
Sous l’enseigne Réutiliser justement, Emilie découpe à grands coups de ciseaux une chemise à carreaux, sous l’œil attentif et bienveillant de Sandra, animatrice du stand. « Elle m’a convaincu, explique la jeune mère de famille, je vais en faire un tablier, j’aime bien l’imprimé de ces vieilles chemises à carreaux ».
Déjà préoccupée par la question de l’environnement, Emilie a quitté son bureau il y a deux ans pour s’installer sur des terres qui n’étaient plus entretenues. « On a planté 400 arbres en deux ans, des fleurs et des plantes médicinales », raconte l’apprentie couturière, qui se réjouit de voir le retour des insectes, oiseaux et même des grenouilles dans la toute nouvelle mare. « C’est important de transmettre ça à nos enfants, qu’ils aient un autre regard sur la nature » conclut Emilie.
Réapprendre à faire soi-même
En face, Charlotte Pongy suggère elle aussi de réutiliser plutôt que d’acheter du neuf. Aujourd’hui sur le stand, c’est fabrication de papier, à partir de papiers déjà utilisés. Mais dans ses ateliers destinés aux grands et aux petits, qu’elle anime toutes les semaines dans sa petite commune du Gard, elle propose une initiation à l’artisanat.
« Les gens se réapproprient des gestes simples, explique-t-elle. Et oublient les préjugés du type : je ne sais pas faire, ou je ne suis pas doué… Rien n’est inné, tout s’apprend ». Couture, rempaillage, reliure, tout est prétexte à redonner aux objets une deuxième chance, plutôt que d’en faire des déchets. « Les objets ont été faits par quelqu’un, quand les enfants le comprennent, ils ont envie de s’approprier ces gestes, même s’ils sont simples comme planter un clou ou faire des noeuds » constate Charlotte.
Les « haies de Benjes »
A l’autre bout du parc, le dernier R, pour Rendre à la terre, se matérialise par une haie sèche. Deux rangées de simples piquets de bois ou de métal se font face. Facile à installer dans son jardin. Entre les deux, on pourra déposer à l’horizontale, branches, feuilles, racines et tout déchet de jardin. Seule obligation : les piétiner un peu pour en réduire le volume.
C’est le principe de la « haie de Benjes ». Au bout d’un certain temps, la haie deviendra vive ! Car elle va vite se transformer en havre de biodiversité, coupe-vent et réservoir de matières organiques. Autre avantage, la haie peut servir de tuteur pour les concombres, les potirons ou les melons.
« Une journée de sensibilisation comme celle-là, nous semons de petites graines dans les esprits, philosophe la présidente d’Habilis. Il faut du temps avant qu’elles germent ». Et si quelques personnes seulement changent leur mode de consommation, tout le monde aura gagné.