L’idée est née avant l’arrivée du COVID19 mais pourrait représenter une forme de réponse à la crise. Cultiver, dans l’entreprise ou à proximité, fruits et légumes pour le personnel, grâce à l’embauche… d’un maraîcher-salarié. Un concept mis en oeuvre par Potagers et Compagnie, dans le Var.
Les premiers semis de radis et salades ont été faits ce printemps, à Le Val, près de Brignoles (83), à la ferme Saint-Georges, siège du Cabinet d’Agronomie Provençale. Dès le mois de juin, les 30 salariés de la société pourront –s’ils le souhaitent- trouver chaque fin de semaine, sur leur bureau un panier de fruits, légumes et œufs bio frais, tout juste cueillis dans le potager de l’entreprise.
les plants patientent à l’ombre au bord de la source avant plantation -©Potagersetcompagnie
Au prix pratiqué dans une AMAP, sur un marché ou dans un magasin spécialisé. Histoire de ne pas faire de concurrence déloyale aux initiatives déjà en place. Et afin que chacun intègre aussi l’idée que les produits de qualité ont un prix.
Un maraîcher oui, mais salarié
La démarche est originale à plus d’un titre, le plus nouveau étant le statut du maraîcher : il est tout simplement salarié de l’entreprise. Une sécurité et des avantages indéniables. Quand on sait qu’un maraîcher fermier travaille en moyenne en France 50 semaines par an, 50 heures par semaine, pour un revenu mensuel moyen de 500 € ! Un modèle injuste inimaginable, pour les porteurs de l’initiative.
Un choix éthique, moral, social
Ici, les aléas climatiques et de production sont assumés par l’entreprise. « Disons-le tout net, le potager d’entreprise perd de l’argent », affirme tout de go Julien Vert, le cofondateur de Potagers et Compagnie, la société qui développe le concept. « Mais il représente un bel investissement dans la RSE (Responsabilité Sociale et Environnementale), un choix éthique et moral au service du bien-être des salariés, et offre une bonne image de l’entreprise ».
Fraisiers plantés après apport de compost avec paillage naturel en géochanvre et irrigation au goutte-à-goutte -©Potagersetcompagnie
Le potager d’entreprise du Cabinet d’Agronomie Provençale est aussi un outil de démonstration. Car l’initiative a vocation à être reproduite. Déjà, Soleil du Sud, société spécialisée dans le photovoltaïque en toiture, elle aussi près de Brignoles, a installé –avec le concours de ses propres salariés- des bacs destinés à la culture.
Cultiver, former, rechercher
Mais le projet ne s’arrête pas à la production. Potagers et Compagnie veut aussi proposer des formations en agroécologie, à destination des agriculteurs, des candidats à l’installation agricole ou des jardiniers amateurs. Enfin la société construit des expérimentations et des essais avec des partenaires techniques comme le GRAB (Groupe de Recherche en Agriculture Biologique), Sup Agro à Montpellier ou le lycée agricole de la Provence Verte.
Le potager d’entreprise du 1er client, Soleil du Sud, en cours de création, vu du ciel
Pour le jour d’après
Autant d’actions dans le sens de l’agroécologie, des circuits courts, de la relocalisation des productions, dans le respect de l’environnement et de la dignité de chacun.
« La crise d’aujourd’hui peut aider à faire le constat de la fragilité de nos systèmes alimentaires » explique Julien Vert. Et peut-être bien à en tirer des enseignements…
Potagers et Compagnie fait partie du secteur de l’Economie Sociale et Solidaire. Elle a obtenue le label d’ Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale (ESUS), délivré par l’Etat. En 2020, ses premiers potagers entrent en production et elle lancera ses premières formations.
Planche de basilic vert et rouge -©Potagersetcompagnie
Nourrir une communauté de travail, grâce à un maraîcher salarié… Une idée nouvelle qui devrait essaimer. D’ailleurs, des formations en apiculture sont prévues…
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Pour aller plus loin
Le Cabinet d’Agronomie Provençale
Créée il y a 25 ans par Laurence Berlemont, ingénieure agronome, l’entreprise assure la gestion clés en main de domaines agricoles (et surtout viticoles) en Provence. 94% sont en bio. L’entreprise pousse également à la diversification économique et écologique et conduit tout de l’amont à l’aval, y compris la partie administrative.
En 2014, l’entreprise s’installe sur un petit domaine inexploité depuis des années à Le Val (83). L’occasion pour la directrice de mettre en pratique l’idée qui lui trottait dans la tête : lancer un potager d’entreprise, pour les salariés et au-delà. Mais pas avec un fermier, au statut trop précaire. Un autre modèle est recherché et c’est finalement le salariat qui sera retenu.
