Anne Bonnélie, native de Lyon, ancienne éleveuse laitière en agriculture biologique en Corrèze, a créé en 2017, avec son fils Jean-Baptiste, l’Atelier Hemera. Elle s’est installée à Saint-Maximin-La-Sainte-Baume (Var) pour promouvoir une mode éthique, bio et made in Provence.
De son passé d’agricultrice, Anne Bonnélie garde un attachement au milieu rural et à des valeurs d’authenticité et de respect de la nature. Atelier Hemera (signifiant « lumière du jour » en grec), a d’abord germé dans la tête de son fils, directeur artistique, qui voulait créer une marque de T-shirts « branchés ».
Anne voulait, elle, donner du sens à ce projet, quand on sait que l’industrie textile est la deuxième plus polluante au monde après l’industrie pétrolière. L’ADN d’Atelier Hemera, c’est donc une gamme de textiles à base de fibres naturelles 100% biologiques : BASIK en coton BIO et ETIK en chanvre BIO, commercialisées exclusivement sur Internet.
La géométrie sacrée pour emblème
Son fils, lui, fait parler son talent créatif pour donner un supplément d’âme à leurs créations, en concevant plus de 50 visuels inspirés de la géométrie sacrée, qui viennent orner de manière élégante les deux gammes de produits, pour inspirer bien-être et sérénité à ceux qui les portent et ceux qui les contemplent.
Cette géométrie ancestrale, utilisée par les architectes et les artistes pour créer leurs œuvres, s’inspire des lois d’organisation observées dans la nature, considérée comme modèle de perfection.
Le choix des tissus comme base du projet
Au démarrage, Atelier Hemera a développé la gamme BASIK avec du coton certifié bio. Anne s’approvisionne chez Stanley Stella, entreprise engagée, proposant des vêtements de qualité faits pour durer. Mais sa réflexion va plus loin, en veillant à limiter le recours à des couleurs qui nécessitent des teintures polluantes. Elle utilise aussi des encres végétales pour ses motifs, dans le cadre de son partenariat avec Steezstudio, imprimeur équitable marseillais.
Mais elle veut faire plus et redonner ses lettres de noblesse au chanvre, utilisé pendant des siècles dans la confection des vêtements. Elle lance ainsi sa gamme ETIK (55% chanvre bio – 45% coton bio), dont la production vient de démarrer grâce à une campagne de crowdfunding réalisée avec succès.
Bonus : la confection est réalisée par l’atelier d’insertion 13A’TIPIK basé à Marseille. La boucle est bouclée. Mais elle ne compte pas s’arrêter là et imagine déjà des débardeurs, des produits enfants et peut-être même des articles pour la table.
Le chanvre, plante noble
L’atelier utilise le chanvre car c’est un produit écologique par excellence. Cette plante noble aux multiples utilisations exige peu d’eau, aucun pesticide.
Elle valorise les terres appauvries et assimile le CO2 en grande quantité. Le chanvre textile est antibactérien, antifongique et anti-UV. Ses performances en termes de transfert d’humidité et de thermorégulation sont étonnantes : il absorbe jusqu’à 7 fois son poids en eau. Soit confort, douceur et robustesse pour des vêtements durables.
De l’origine du nom canebière…
On redécouvre aujourd’hui cette fibre mise à l’honneur dès Charlemagne, qui en avait fait un produit stratégique pour la confection des textiles et des cordages. Au Moyen Âge, les vêtements royaux étaient confectionnés avec cette étoffe et Marseille était un haut lieu de production. D’ailleurs, saviez-vous que l’origine du mot « canebière » vient du chanvre ? Son nom signifie : « Champ où croit le chanvre ».
En découvrant ce pan de l’histoire marseillaise, Anne Bonnélie se dit que c’est un devoir de travailler avec cette étoffe. Mais la filière textile est encore balbutiante en France, bien que depuis 2013 notre pays soit devenu le leader mondial de la production de chanvre devant la Chine. Cependant, la fibre est surtout destinée à une utilisation dans le secteur de la construction. Anne trouve l’un des seuls fournisseurs français : La Cantale du Chanvre, spécialisée dans le négoce de tissus en chanvre, rachetée depuis 2018 par Macasports. Seul bémol pour l’instant, le chanvre une fois récolté doit être envoyé en Europe de l’Est ou en Chine pour être filé et tissé ; car nous ne disposons plus du savoir-faire et des machines nécessaires pour produire le tissu de chanvre !
Mais d’autres ont eu la même envie qu’Anne, et dans le Lot en 2018, quatre entrepreneurs ont créé VirgoCoop pour accélérer la renaissance de cette filière, mais cette fois 100% française.
Anne-Cécile AUDRA