Ils ont bravé le mistral qui balayait les pentes du Petit Luberon. Equipés comme de vrais botanistes, les lycéens ont dressé un inventaire de la biodiversité du milieu. Et découvert son étendue et sa richesse. Une opération du Parc du Luberon, missionné par la Région.
Il est 8h du matin ce lundi d’octobre. Le vent cueille à froid les élèves de Seconde du lycée Ismaël Dauphin de Cavaillon, à la sortie du car. Nous sommes à Vidauque, sur la commune de Cheval-Blanc, au pied du Massif du Luberon. Le mistral facétieux emporte aussi parfois la voix des animateurs de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), qui donnent les consignes et précisent le thème de la journée : « Biodiversité : l’étudier pour agir ! ».
La biodiversité et ses échelles
Ils vont vivre une journée en immersion sur leur territoire, découvrir les liens avec l’écosystème et leurs enjeux. « La biodiversité, explique Eric Georgeault, l’un des animateurs de la LPO, c’est comme un mur de briques. A force d’enlever des briques, on s’effondre avec… »
La troupe se met en marche, et fait une halte face à la plaine de la Durance. Première mission : définir le paysage. Naturel, agricole, urbain… Manière aussi de se repérer dans l’espace, et de comprendre les différentes échelles de la biodiversité, du microscopique à l’univers.
Sur le début de journée, les commentaires sont brefs mais explicites : « rigolo », « belle vue », « instructif »… « Il fait froid, mais c’est intéressant, ça nous montre les aspects de la nature, on apprend à les connaître », explique Kiara. Si certains lycéens ont l’habitude de se promener ici ou ailleurs, d’autres ne sont pas coutumiers des sorties dans la nature.
Pas d’inventaire sans méthode
Etape suivante, et pas si facile : établir les protocoles d’inventaire. Il s’agit par exemple de définir précisément sa zone d’étude, mais aussi de choisir le bon moment (quelle saison ? Quelle heure ?) ou encore les outils et techniques nécessaires. Une méthodologie que les apprentis naturalistes pourront reproduire ultérieurement.
D’ailleurs Alix en connaît déjà pas mal sur le sujet, habituée qu’elle est de la chasse aux papillons avec son père. « C’est cool, ça nous fait sortir, et on nous prête du bon matériel, c’est bien » se réjouit-elle. Adepte des réseaux sociaux où elle suit les questions d’environnement, elle se dit « un peu inquiète… C’est n’importe quoi ce qui se passe, nous on décide de pas grand’chose. Moi je suis prête à faire des gestes simples, comme ramasser les déchets dans la nature quand je me promène ».
Et à sa copine qui aimerait bien que les moustiques disparaissent, elle explique que « tout est lié, les moustiques servent de nourriture aux chauves-souris, tout est important dans la chaîne alimentaire ».
Combien de fourmis, de crickets, de genévriers ?
Puis c’est le moment de passer à l’action. Par petits groupes, armés de filets, de boites-loupes, de pinces ou de parapluies japonais (pour recueillir les insectes du haut des arbres), mais aussi de guides et d’applications sur leurs téléphones, et surtout de leurs yeux et de leurs oreilles, les élèves se déploient dans un vallon. Qui à la recherche d’insectes du sol, qui d’oiseaux ou de mammifères, qui de plantes hautes ou basses… De leurs observations, ils tireront un inventaire de la biodiversité présente.
Chacun se prend au jeu, les découvertes se succèdent, et les lycéens plongent avec curiosité dans les différents guides pour identifier leurs trouvailles.
Pour les professeurs et animateurs présents le pari est gagné. L’action se poursuivra dans le lycée et peut-être avec une deuxième journée en Luberon au printemps.
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Pour aller plus loin
-5 axes : éco-mobilité – neutralité en carbone – préservation du patrimoine naturel – moteur de croissance – bien vivre dans la région
-100 initiatives
-30% du budget de la région en 2021
-Objectifs ? « Faire de notre région un territoire exemplaire en matière d’environnement, et un moteur des accords sur le climat, afin de préserver notre territoire, et garantir la santé et le bien-être des habitants ».
-La mesure 100 est définie ainsi : « Permettre à 100 % des lycéens de visiter au moins une fois un Parc naturel régional ou national ».
-Le Parc naturel régional du Luberon est donc engagé pour la mise en œuvre de cette initiative. L’éducation à l’environnement et au territoire fait en effet partie de ses missions. Les animateurs travaillent cette année avec 250 classes de la maternelle au lycée. Plusieurs modules d’intervention sont prévus, en accord avec les enseignants et leur degré d’investissement sur les actions proposées.
-L’objectif du Parc : « Que les élèves du Luberon ou d’ailleurs (re)découvrent un territoire engagé dans un projet de développement durable, le comprennent, se l’approprient et construisent leur propre pensée critique ».