Ferme en biodynamie (83)

Elle a cent ans cette année ! Dans notre région comme ailleurs, elle a ses adeptes. Med’Agri, le salon de l’agriculture méditerranéenne -qui ouvre ses portes demain à Avignon- va consacrer une conférence à ses pratiques naturelles.  Bleu Tomate fait un petit tour dans la biodynamie régionale.

Mais pour commencer, la biodynamie, qu’est-ce que c’est ? Une agriculture biologique à laquelle on ajoute des éléments de dynamisation. Élaborée par Rudolf Steiner il y a tout juste un siècle à travers huit conférences sur l’agriculture, elle part d’un constat de perte de fertilité des sols. A l’époque, les engrais chimiques ont  en effet commencé à remplacer les fumures animales.

Pour y remédier, l’idée est de considérer la ferme comme un écosystème complet, un organisme vivant. Avec les plantes, les sols, les animaux et les humains. Chaque élément a sa place et son utilité pour les autres.

Objectif : plus de résilience

La biodynamie cherche alors à produire des aliments et des matières premières de qualité. Et à développer des écosystèmes plus résilients. Une préoccupation particulièrement d’actualité !

Demeter est le principal organisme de certification. Il recense en France en 2023 un millier de fermes sur 28 000 ha. 700 sont en viticulture. Dans la région, il compte une centaine de vignerons, et 50 agriculteurs et entreprises de transformation. Mais certains ont adopté des pratiques biodynamiques sans pour autant réclamer le label. Et de nombreux jardiniers amateurs et sympathisants pratiquent la biodynamie.

Ferme des Papillons Verts en biodynamie 83

Tisanes, purin d’ortie et la lune

Pas de biodynamie sans apport de tisanes et infusions à base de plantes, en particulier des éléments dits 500 et 501. Soit de la bouse de vache fermentée et conservée dans une corne, dynamisée dans de l’eau à 37° (la dynamisation consiste à brasser le mélange). Selon les tenants de la biodynamie, appliquée sur les sols couverts, elle favorise la fabrication de l’humus. L’autre préparation, à base de silice de corne, agit sur la photosynthèse et renforce la plante. Autre élément, plus ou moins appliqué, le respect des cycles naturels et cosmiques.

Des principes qui portent leurs fruits, au vue de différentes études scientifiques. Elles montrent une amélioration de la qualité des sols qui retiennent carbone et eau. En France, l’INRAE de Dijon a conduit des investigations auprès de 200 vignerons, utilisateurs des fameuses PNPP, préparations naturelles peu préoccupantes. Le résultat chez les viticulteurs provençaux sera donné à la conférence de Med’Agri.

Des pratiques minoritaires…

Malgré tout, la biodynamie souffre d’un manque d’investissement, dans la recherche comme dans les aides. De quoi décourager les agriculteurs tentés de se lancer. Alors ils y vont pas à pas. Certains l’utilisent comme une boite à outils, de façon pragmatique. Ils intègrent les pratiques qui leur conviennent.

Ferme des Papillons Verts à Cotignac 93 en biodynamie

D’autant que le fondateur Steiner est l’objet de critiques. Fondées ou non, selon les interlocuteurs, elles jettent parfois le discrédit sur la biodynamie, qui demeure confidentielle, même si elle se développe un peu partout.

… qui gagnent à être connues

Reste une vision globale du vivant et des relations incessantes entre tous ses éléments. Au-delà de l’agriculture et de l’écologie, elle s’applique aux liens sociaux et à l’économie. Une approche précieuse, en ces temps de changement climatique et de perte de biodiversité.

Fondée sur l’observation du sol, des plantes, des animaux, sur des principes agronomiques de base tels que les couverts et les amendements pour un humus de qualité qui retiendra l’eau et le carbone et rendra les plantes plus résistantes. La biodynamie mérite bien que chercheurs, pouvoirs publics et acteurs agricoles s’intéressent à elle.

Lire ici l’article de Bleu Tomate sur la Ferme des Papillons Verts dans le Var.