Pour sa 7e édition tenue les 28 et 29 septembre, le Salon CIVAM Oléatech est devenue le Salon de l’olivier ET de l’amandier. Autre nouveauté, il s’est tenu au milieu des champs, à Mouriès (13), avec ses stands de matériel agricole et ses conférences techniques.
Ce rapprochement est guidé par la proximité des itinéraires techniques de la culture des olives et des amandes. Destiné aux professionnels comme aux producteurs familiaux, Oleatech réunit une quarantaine de fournisseurs de matériels et équipements spécialisés. Le Salon propose également une série de conférences techniques. Parmi celles-ci, « Produire les amandes en Bio », suivie attentivement par un public fourni.
L’amande bio, recherchée mais exigeante
Pour celles et ceux qui voudraient se lancer dans la culture d’amandes bio, Jean-Philippe Rouvier, conseiller technique au Groupement CETA Basse Durance pose clairement les atouts et les contraintes. Du côté des opportunités, on trouve une forte demande de la part des entreprises locales. Nougatiers, chocolatiers et autres transformateurs recherchent une denrée rare.
Autre atout pour l’amande bio, sa bonne adaptation au climat et aux sols caillouteux et calcaires de notre région. Une adaptation qui permet de limiter les traitements. Enfin les coûts de plantation sont relativement faibles, par rapport à d’autres cultures.
Ceci dit, le technicien expose aussi les difficultés : l’amandier souffre du gel printanier et ne supporte pas les sols lourds et humides (sauf à y apporter sable et galets). Autre exigence, l’arrosage, qu’il qualifie de nécessaire. A noter aussi que les rendements seront peu élevés. Enfin, ne pas négliger la menace des prédateurs, telle la guêpe de l’amandier ou le champignon fusicoccum, qui attaque l’arbre.
Trouver les réponses techniques
Face à ces difficultés potentielles, l’amandiculteur bio devra conduire son verger avec beaucoup d’attention. Par exemple dans le choix de l’emplacement des parcelles, pour éviter le gel, et après une indispensable analyse des sols, doublée d’un profil racinaire. Car l’amandier nécessite au moins 50cm pour développer ses racines.
Mais Jean-Philippe Rouvier prévient : le plus difficile sera la lutte contre les prédateurs. Aujourd’hui’, même si les recherches sont en cours, il n’existe pas un traitement efficace. Plutôt, souligne le technicien, un panel de réponses partielles à mettre en œuvre ensemble. Des filets à l’argile en passant par un nettoyage rigoureux du verger en prévention, jusqu’à l’utilisation –avec la plus grand parcimonie- de traitement autorisé en bio mais toxique également pour certains pollinisateurs et auxiliaires.
LEVEAB… programme de recherche
« Lever les Verrous à la culture de l’amandier en Agriculture Biologique », c’est l’intitulé du programme de recherche conduit avec l’INRA. Objectif ? « Mettre au point un outil de bio-contrôle à base de kairomones pour le piégeage massif de la guêpe de l’amande »… énonce le site Web du projet.
En conclusion, la culture de l’amande bio est rentable sur un marché de niche. Mais elle reste pour l’heure assez exigeante.
Ils organisent le Salon OLEATECH
Le CIVAM oléicole 13, la filière oléicole PACA, l’interprofession France Olive et l’interprofession France Amande.
Le Domaine du Temps Perdu
Situé à Mouriès, c’est le lieu choisi par Oleatech pour installer le Salon, ses stands et accueillir le public pendant deux jours. Outre la beauté du site, le domaine mérite qu’on s’y intéresse.
Dans la vallée des Baux-de-Provence, c’est une ancienne oliveraie abandonnée il y a près de 70 ans qui connait, depuis 2020, une deuxième jeunesse. Oliviers, mais aussi amandiers, légumes et plantes médicinales poussent en permaculture, sur 12 ha, à l’abri de 8 ha de forêts.
Une ferme écosystémique autonome, un projet souligne son porteur, Julien Mongis, né « de la prise de conscience que la société nous amène à vivre de manière non renouvelable ». Rien de cela ici. Mais un écosystème qui respecte le vivant.
Un éco-système exemplaire
Soutenu par le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, le domaine n’utilise que des techniques anciennes et sans impact, comme par exemple les oyas pour l’irrigation. Un étang qui recueille les eaux de ruissellement a été créé. Avec les principes de la permaculture pour boussole, et un système de parrainage des arbres, Julien Mongis et sa compagne proposent une oasis de biodiversité dans un décor paysager et naturel. Première récolte d’amandes prévue en 2023.