Cette association est à l’origine du Café Villageois, un lieu de rencontre et d’animation sociale ouvert dans ce village du sud Luberon. Le bar profite de la présence de « néos-ruraux » et tente de fédérer au-delà de sa clientèle habituelle. Une initiative vertueuse pour favoriser la mixité.
En journée, on passe devant sans presque y faire attention. Une maison en pierres isolée, posée au bord de la route qui monte depuis la plaine au cœur du bourg de Lauris. Nous sommes dans le Luberon mais sous influence marseillaise et aixoise. C’est à dire un village d’origine agricole qui a vu arriver depuis plus de 20 ans une cohorte de jeunes « néos-ruraux » exerçant leur profession dans l’un de ces deux villes – ou en rupture avec elles.
Un terreau favorable pour faire émerger de nouvelles initiatives, dont celle d’un Café Villageois. Il est hébergé depuis 2015 dans cette maison, un ancien moulin qui appartient à la mairie. Le projet est né d’une rencontre entre la commune et l’association Au Maquis. Basée à Mérindol, un village voisin, celle-ci œuvre depuis sept ans dans le Luberon en faveur de l’accompagnement social, puisqu’il est dit que ce territoire n’est pas seulement l’enclave dorée que véhiculent des médias seulement intéressés par ses résidents people.
Bénévolat et matériaux de récup’
Bref, l’affaire est lancée, à travers une convention d’occupation signée pour 9 ans avec la mairie et un loyer modéré, de 100 € par mois. « Nous avons fait des réunions publiques, les gens présents ont réagi positivement. Nous avons alors lancé une démarche participative pour l’aménagement du café », rappelle Maud Rapenne, coordinatrice du projet.
Bénévolat, matériaux de récup’, huile de coude… le résultat est attrayant. Derrière une grande porte en fer, la vaste salle au plancher de bois est chaleureuse. Des blocs de chanvre et de lin au plafond, des affiches de spectacles, un comptoir « ouvert », des hautes étagères, une belle déco murale à visée sociale… on s’attable avec plaisir.
Une mixité encore timide
« Le café est ouvert les jeudis, vendredis et samedis soirs, à partir de 17h. On organise des conférences, des débats, des soirées de soutien… Chaque week-end, une animation est proposée, avec aussi des concerts, du cirque, du théâtre, des projections de court-métrage. La dimension d’accueil est importante, il y a beaucoup d’entraide ici. Je dirai que le dénominateur commun du lieu, c’est la bienveillance ! », poursuit Maud Rapenne.
L’été, le café s’étend sur l’arrière, à l’extérieur, sur une grande terrasse. Une pergola est prévue pour cette année, ainsi qu’un chauffe-eau solaire. Le Café Villageois affiche sa vocation durable et sociétale. « Le village est très actif, il y a beaucoup d’associations et le café vit au rythme de ses habitants ». Au point d’accueillir aussi la clientèle historique du bourg ? « Nous commençons à avoir de la mixité. Une enquête menée en 2018 auprès de 200 habitants de la commune a montré que les gens étaient demandeurs. Plein de mamans nous ont dit qu’elles n’osaient pas entrer au bar PMU, par exemple. On commence à faire bouger les pratiques, même si ce n’est pas facile », reconnait Maud Rapenne.
Marché de producteurs
Le passage au bar prouve qu’il y a encore du chemin à faire. La clientèle, sympa et détendue, est plutôt jeune, tendance alternative. On ne voit pas les « anciens » du village. Dans une commune où le Rassemblement National obtient des scores élevés, pas évident de créer des ponts entre les communautés.
Pour mieux fédérer, Le Maquis est aussi à l’origine du marché de producteurs. Chaque jeudi soir, des agriculteurs, des maraîchers, un producteur de spiruline, un boulanger… viennent poser leur stand devant le café. Tous sont en bio et « la clientèle est plutôt militante », observe Roland, producteur d’huile d’olive aux Taillades, près de Cavaillon. Prochaine étape pour le Café Villageois : ouvrir une Cité vivante de l’Alimentation. Un pas logique pour cette structure animée par des convictions profondes.