Ils ont le souci de l’écologie et du partage de valeurs comme de l’espace. Aujourd’hui, des femmes et des hommes passent à l’acte, avec un projet d’habitat participatif dans ce village du Vaucluse. Bleu Tomate les a rencontrés, sur le long chemin qu’ils ont entrepris.
Elles et ils sont les futurs habitants d’un projet d’habitat collectif « Le Verger de Jacalice ». Ce nom rend hommage à Jacques et Alice, les anciens propriétaires du terrain. Toute leur vie, ils ont incarné des valeurs écologiques et sociales.
Alors en 2021, quand l’heure est venu de se séparer de cet ancien verger d’abricotiers de 5700 m2, les enfants du couple ont tenu à ce qu’il porte un projet d’habitat qui ait du sens. Il sera donc vendu à un promoteur qui accepte de jouer le jeu : construire selon les souhaits des architectes et des futurs propriétaires. Autrement dit, il sera participatif et écologique. Appel est lancé à la candidature de futurs habitants.
Une longue préparation
Ce samedi, c’est Martine qui accueille les membres du collectif, en présence de Pierre-Charles Marais, de la coopérative Regain. La structure accompagne le groupe depuis le début, en mai 2021. (Bleu Tomate avait consacré un article au lancement du projet, à relire ici).
En quelques mois, pas mal de chemin a déjà été parcouru. Une bonne demi-douzaine de familles et individuels constitue le noyau du groupe. Certains sont à la retraite, d’autres travaillent. Ils vivent aujourd’hui à Robion, l’Isle-sur-la-Sorgue, à Lyon ou encore dans le Var.
De futurs habitants engagés
Nicole Lemay cherchait à se rapprocher de sa fille, installée dans le Vaucluse. Cette prof de yoga, fan de jardinage est depuis toujours impliquée dans les valeurs de participation, d’écologie et de convivialité. Tombée amoureuse du village, elle se dit enchantée d’avoir intégré le groupe. « Je trouve le projet génial, le terrain est magnifique. Ce qui m’a plu, c’est le multigénérationnel, et la démarche collective. Mais le plus important, c’est l’aspect écologique du projet ».
Marc et Brigitte Reynaud vivent depuis 30 ans dans un village près de Grasse, où ils ont leur réseau amical et social. Mais leur maison devient trop grande, et ils ont de la famille à Lagnes. « On cherchait un projet participatif, pour vivre autre chose, explique Marc. Partager des valeurs, des activités et des espaces communs avec des voisins. Grâce à ce projet, on connait déjà les gens avec qui on va habiter. »
Apprendre le collectif
Accompagné par Regain, le groupe –qui devra durer et affronter des difficultés- a travaillé le côté collectif, des chartes ont été rédigées. « On sait qu’on partage certaines valeurs. On a travaillé de longs mois sur nos relations. Comment on se parle, comment on prend des décisions ensemble, et comment on gère les désaccords ? » sourit Marc.
Sylvie et Vincent Thomann, aujourd’hui locataires à Robion, ont la fibre environnementale. Ils militent notamment au Carrefour des Citoyens et dans des jardins partagés. Leurs priorités, notamment l’enjeu énergétique dans la construction, ont fait sens avec la démarche des propriétaires du terrain. « C’est un long chemin, beaucoup d’investissement en temps avec une part importante de relations humaines, remarque Vincent. Le plus important pour nous, c’est de sortir de l’individualisme à la maison, d’habiter autrement ».
Co-construction…
Les futurs habitants ont choisi l’implantation des 4 îlots des logements (T2, T3 et T4). Ils pourront les personnaliser au travers d’entretiens individuels avec les architectes. Les parties communes (2 chambres d’amis, les buanderies, une salle commune, un atelier bricolage…) ont été définies non à partir des choix individuels mais dans une démarche collective.
Un processus d’aller-retour avec l’Atelier Ostraka de Robion ( village voisin), spécialisé dans l’architecture bioclimatique, est mis en place. Les architectes Bijan Azmayesh et Jérémy Lasne recueillent les avis et les envies, travaillent puis reviennent auprès du groupe avec maquettes, plans et croquis, le tout dans un budget à tenir.
Le projet -ce n’est pas si fréquent- est porté par un promoteur, Construlac, installé lui aussi tout près de Lagnes, au Thor. Comme tous les acteurs, Laurent Lacoste est motivé par l’aspect écologique et solidaire de l’opération. Tous travaillent dans la transparence et ont réduit leurs marges.
… Et auto-construction ?
Ce jour-là, on évoque l’auto-construction, susceptible de gagner des m2 pour tenir justement le budget. Mais il faut s’engager, combien y sont prêts ? Pierre-Charles anime et recentre le débat, pas question de laisser les conversations s’échapper ! Il partage aussi son expérience acquise avec d’autres groupes sur d’autres projets. Ici pas de votes, mais la recherche permanente du consentement général.
Les matériaux seront naturels et locaux si possible : bois, balle de riz ou chanvre, solaire thermique, un potager est prévu, et la circulation automobile sera limitée. Le tout devra évidemment respecter les réglementations en vigueur.
Un projet au long cours
Le permis de construire devrait être déposé en mai prochain. Si tout va bien (quelques habitants du village ont manifesté leur opposition au projet), les travaux devraient démarrer en juin 2023 et les habitants s’installer en septembre 2024.
Tous les logements ne sont pas encore attribués. Le groupe cherche donc des candidats. Comme il porte la valeur de l’intergénérationnel, il souhaite recruter davantage de jeunes actifs. Dans le beau et discret village perché de Lagnes, une belle aventure écologique, solidaire et collective se poursuit. Les filles de Jacques et Alice en sont sûres, leurs parents en seraient fiers.
REGAIN, les accompagnateurs bienveillants
En 2009 naît l’association, en 2018 elle se transforme en Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Sa mission ? Accompagner les groupes d’habitants, les bailleurs et les collectivités dans la conduite de leur projet. Regain apporte une expertise et une vision globale. Pas si simple en effet de concilier les contraintes d’un projet de logement avec les dynamiques collectives et relationnelles d’un groupe ! La structure a son siège à Forcalquier et a déjà accompagné plusieurs dizaines de projets d’habitat participatif dans la région.
Bonjour, un très beau projet. Quels sont les interlocuteurs à contacter pour plus de renseignements ?
Merci par avance,
Merci Nathalie, nous vous mettons en contact. Bonne journée
Je souhaites avoir des infos sur ce projet pour éventuellement m y associer !?
Merci
Bonjour Bernard, merci de vous intéresser à nos articles ! Nous vous mettons en contact. Bon Week-end !
Un si beau terrain face à l’école qui aurait surement pu être préempté par la commune pour permettre aux enfants de découvrir les richesses de la verdure, de la nature, de réaliser des projets écologiques, en face de leur école… Mais non! Une densification en perspective d’habitat et de…population dans ce village. Je suis très dubitatif sur ce projet dit participatif… Beaucoup de façade écologique sur un projet de bétonisation d’un espace naturel… Nous avons déjà vu un stade se transformer en dizaine et dizaine d’habitations…Notre beau village ne semble pas en voie de préservation. Quel dommage…
Merci Pierre pour votre commentaire. Délicate question en effet que celle de l’habitat, notamment dans notre région attractive où il devient si difficile pour beaucoup de se loger. Notre dossier « habiter durable » l’a montré. Comment permettre à de nouveaux arrivants de trouver leur place et d’animer la vie des villages, tout en préservant leur qualité de vie, par exemple ? Le projet de Lagnes, réellement participatif, qui se co-construit sur une parcelle en lisière entre le cœur de village et les champs, nous parait répondre à cet enjeu.
Juste une petite information : depuis très longtemps, les écoliers de Lagnes sortent dans la colline, ils y ont planté des arbres. Ils entretiennent également un jardin potager et pratiquent des activités sportives sur un terrain tout-à-côté de l’école. Ce terrain est mis à disposition par la famille propriétaire de la parcelle qui porte aussi le projet participatif. La même famille a également mis à disposition un autre terrain un peu plus loin, qui accueille « les vergers de Lagnes ». Un Conservatoire de variétés anciennes, lieu de rencontres, de balades mais aussi de travail sur le végétal et de pédagogie. Des actes concrets qui montrent son attachement au village et à une vie harmonieuse pour tous.
Bonjour ,
Je serai interessé pour en savoir davantage sur les modalité d’intégration au projet et prioritairement sur un contact et une rencontre …
Dans tous les cas, Bravo et bonne continuation
Bonjour, actuellement sur Lyon avec un jeune enfant. Je suis une maman solo. J’ai dernièrement une proposition d’emploi proche de Lagnes.
Je suis en pleine réflexions et se projet répond à certaines de mes questions.
Je souhaiterai entrer en contact avec un personne en charge du projet.
Par avance merci.