La ligue régionale fête cette année son vingtième anniversaire. État des lieux d’une association naturaliste qui effectue un travail de fond et reste, au niveau national, la première structure de protection de la nature en France.
Attention, son nom est trompeur ! Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, l’action de la Ligue de Protection des Oiseaux n’est plus restreinte aux seuls oiseaux mais soutient la biodiversité de toutes les espèces. Elle couvre l’ensemble de la faune, des mammifères aux insectes.
Bilan des 20 ans en PACA
Quatre grands axes ont été développés par la LPO PACA au cours de ces deux décennies. Le premier a permis l’amélioration des connaissances naturalistes avec la création d’outils pour le suivi de la faune sur le territoire. Des éléments importants pour connaître l’évolution des espèces. Un MOOC « ornitho » est désormais accessible à tous ainsi que de nombreuses formations de terrain pour animer des ateliers sur la biodiversité comme pour les agents du Centre des Monuments Nationaux de Mont Dauphin.
Le second axe est de conserver, de préserver et de valoriser les espaces naturels par l’accompagnement des entreprises (L’Occitane, Enedis, Vinci…), des collectivités et des écoles. La LPO a ainsi renaturalisé des espaces suite à la construction d’autoroute comme le Jardin des Libellules, près de péage de la Saulce sur l’A51. Des mesures dites compensatoires. Deux réserves naturelles régionales ont été créées, Puy Saint-André dans les Hautes-Alpes en 2010 et Gorges de Daluis dans les Alpes Maritimes en 2012. Dans le futur, une réserve par département serait l’idéal, selon la LPO. La ligue travaille en cogestion avec les élus locaux, la région mais aussi les entreprises et gère de nombreux sites. Depuis 2009, le Syndicat des Eaux Rhône Ventoux en étroite collaboration avec la LPO crée des zones de captages dédiés à la préservation de la biodiversité.
Le troisième axe est l’éducation et la formation des citoyens à travers le développement de la vie associative. Le dernier, non des moindres, reste l’adhésion et la mobilisation de tous.
Mobiliser les citoyens, élus locaux et entreprises
Cet enjeu de sensibilisation est majeur. Aux yeux de la LPO, le nombre d’adhérents évolue lentement (1 780 en 1998, 3 300 en 2018). Sur ce point, Magali Goliard, directrice adjointe de la LPO PACA est claire. « La prise de conscience de la population en matière de biodiversité existe bel et bien, mais il y a peu d’engagement. Nous avons beaucoup de sympathisants mais peu d’adhésions, le renouvellement des bénévoles est insignifiant. Heureusement que le service civique existe. De plus en plus de jeunes s’inscrivent et viennent nous aider. Hélas, cela ne dure que le temps dudit service. Il est important de rappeler que chacun peut créer un refuge LPO sur son balcon, dans son jardin. Sur cet espace, on peut semer des plantes, poser des nichoirs, des abris à écureuils et composter ».
Le bien-fondé d’intervenir sur la nature (pour la réparer)
Souvent, lors des conférences, une question revient : devons-nous agir sur la nature, n’est-il pas préférable de laisser faire ? À cela, Magali Goliard répond qu’« il est indispensable de réparer. Nourrir les oiseaux en hiver est crucial. Le meilleur exemple est la pose de plus de 200 nichoirs dans le Vaucluse. Ils sont quasiment tous pleins. Une conséquence de la disparition des cavités qui ne permet plus aux oiseaux de se réfugier. Si nous n’intervenions pas, la situation s’aggraverait ».
Les perspectives
Les prochaines années seront donc cruciales en termes de médiatisation. « Il faut continuer à toucher le grand public. Le problème est qu’en France, la communication est toujours négative, on ne fait qu’alarmer. Or en informant sur les solutions, chacun comprend qu’il peut agir à son niveau. Bien sûr, le lobbying est nécessaire, mais ne négligeons pas la puissance de chaque petite action. Il faut aussi encourager l’initiative des acteurs économiques. Notre intérêt est de travailler avec eux pour leur montrer leurs impacts sur l’environnement et faire changer les choses ».
Le bilan de ces 20 ans prouve la nécessité du travail de cette association sur les territoires. La force de la LPO, ce sont ses bénévoles sur le terrain. À l’échelle locale, leur engagement permet des prises de conscience irréfutables et de faire évoluer les mentalités.
pour aller plus loin
LPO Paca en chiffres
2059 refuges LPO – 65 balcons – 1595 jardins – 29 espaces collectifs – 17 entreprises – 288 établissements : écoles ou associations.