Niché en pays d’Apt mais tourné vers Manosque plus que vers Avignon, le village de 600 âmes à 600 m d’altitude marche sur deux jambes : l’environnement et l’implication citoyenne. Dernière initiative innovante : la construction collective de la mairie en paille, tout juste inaugurée.
Ce samedi matin, Madame le Maire nous a donné rendez-vous … à Viens, sans autre précision, mais la mairie est indiquée et pas difficile à trouver. Devant le coquet bâtiment flambant neuf et bien inséré dans le village, une petite équipe s’affaire. Elus, amis… Le ton est donné, à Viens, la politique municipale, ce sont les habitants qui sont appelés à la mettre en œuvre au sens propre. Ici on appelle ça la participation.
Exemple avec la mairie justement. Un projet innovant à plus d’un titre. D’abord parce qu’elle est construite en paille, en bois et en matériaux naturels locaux, renouvelables et peu énergivores. Un choix écologique pas si fréquent et pas si facile pour un bâtiment public, soumis à de nombreuses normes de sécurité. Un bâtiment bioclimatique, qui respecte déjà la future règlementation RT 2020 !
Construire ensemble
Autre innovation avec la nouvelle mairie, elle a été construite grâce à un chantier participatif qui a mobilisé une trentaine de personnes. Sous le contrôle de professionnels, les villageois ont mis la main à la pâte –ou plutôt à la paille- aux côtés de personnes venues avec les associations « le Village » de Cavaillon et « APTE » de Mérindol.
Résultat : une belle aventure humaine, une implication citoyenne valorisante et accessoirement un coût de construction très abordable. D’autant que les collectivités publiques ont aidé le projet à 80% et que les charges de fonctionnement seront largement réduites. Coût global de l’opération (avec études, réseaux, travaux alentours) : 418 000€ HT, participation de la commune : 83 600€.
Tous au jardin
Autre initiative, le jardin partagé. Ici aussi, les habitants donnent régulièrement du temps et de l’huile de coude : débroussaillage, rénovation de murets en pierres et premières plantations d’un verger villageois ont déjà été menés à bien. Dès la première année, 80 volontaires se sont retrouvés sur ce chantier participatif.
La vie culturelle n’est pas en reste, avec les rencontres « Festival de l’art et de l’hospitalité », trois jours où les artistes s’expriment largement au village, hébergés par la population.
Depuis 4 ans qu’elle est maire, Mireille Dumeste veille avec bienveillance sur le village entouré de collines. Cette ancienne institutrice, installée à Viens en 1992 a toujours eu la fibre écolo. Et se réjouit que beaucoup de villageois la partagent. Notamment au sein de l’association « Les Amis de Viens ».
Alors elle énumère tout ce qui a déjà été fait : les chaufferies bois qui alimentent les bâtiments communaux et 7 logements sociaux, l’extinction de l’éclairage nocturne, les efforts pour développer le bio et local à la cantine, le zéro phyto à la mairie…
Les anciennes municipalités se sont battues pour conserver le bureau de poste et ont installé un boulanger et un épicier dans des locaux communaux, après avoir construit une nouvelle école dans les années 90. Résultat, la population s’est stabilisée autour de 600 habitants, avec le retour de jeunes ménages.
Economies d’énergie au programme
Dans les cartons, la volonté de développer avec le soutien du Parc Naturel Régional du Luberon, le projet « Economisons l’eau ». Histoire de réfléchir sur les bonnes pratiques et de les partager. Même démarche avec le programme SEDEL, sur les économies d’énergie, par exemple sur l’éclairage et le chauffage.
Rassurons-nous, Viens existe vraiment et tout n’y est pas parfait. Les discussions voire les dissensions sont présentes aussi. Exemple : la carrière d’argile située sur la commune dont l’exploitation en irrite plus d’un. Et puis les restrictions budgétaires touchent Viens comme toutes les communes et ne facilitent pas le financement des projets.
Sculpture et peinture à l’honneur
Mais il suffit parfois d’un peu d’imagination et de beaucoup de volonté. Ainsi, avec le chantier de la mairie, les élus ont fait jouer le 1% artistique. Une clause qui réserve une part du budget de construction à l’achat d’une œuvre d’art, obligatoire en ville mais rarement utilisée à la campagne. Désormais, ce sont même deux œuvres d’artistes locaux qui ornent la mairie. Et bien sûr, ce sont les habitants, les élus et les artistes qui les ont installées !
Pour aller plus loin
La sculpture est l’œuvre de Renaud Eymony, artiste installé à Viens, la toile est signée Yvan Magnani, du village voisin de Caseneuve. Le thème du concours portait sur démocratie et république.