Ils sont une quarantaine à participer au Collectif Paysan du Pays des Sorgues. A chacun son quotidien. Mais ils ont beaucoup à partager.
Ce jour de mai, c’est entre soleil et orages de grêle que nous les rencontrons. Nico d’abord. Il vient de planter 140 amandiers à Pernes-les-Fontaines. Et à l’automne, il en mettra 600 autres. Après 10 ans en jardinerie, puis de la vente en magasin bio, il voulait s’installer en maraîchage. Mais le manque criant d’amandes locales sur le marché l’a décidé à changer son projet.
Ce qui n’a pas changé, c’est la manière : recréer de la biodiversité et cultiver en bio. Pour lui, « pas moyen de pulvériser le moindre produit ». Ses amandiers poussent au milieu des coquelicots et de l’orge, semée précédemment dans le champ. Et s’il a installé l’arrosage sur les premiers arbres, il a bien l’intention de s’en passer pour les autres.
Vive les amandes bio
Pour la première récolte, Nicolas Eudeline sait qu’il devra être patient. Et il a déjà d’autres projets, autour notamment des pistaches.
Pour lui, le Collectif Paysan du Pays des Sorgues, ce sont d’abord des gens qui partagent « une même philosophie du développement durable de l’agriculture, saine et respectueuse pour tout le monde ». Et puis il s’agit de s’entr’aider, « si l’un a besoin de tunnel, ou recherche des terres, ou du matériel… ».
Maxi confort pour les poulettes
A quelques km de là, visite chez Valérie Sévénier. Elle élève 250 poules pondeuses, après une formation auprès de l’ADEAR. Installée depuis 2015, elle a trouvé rapidement son rythme de croisière, et même mieux, puisqu’elle ne peut répondre à la demande. Dans quelques mois, elle installera un deuxième poulailler avec 400 poules. Ici aussi, on ne jure que par le bio. Pour les pondeuses, cela veut dire poulailler et espace en liberté plus vastes, et alimentation 100% bio.
Chère, la biosécurité !
Vente à la ferme et en AMAP, « ça marche très bien » constate Valérie. Une ombre au tableau tout de même, la règlementation biosécurité. Elle a déjà investi et doit s’équiper encore, notamment d’une salle d’emballage… alors qu’elle n’emballe pas ses œufs mais les vend en vrac ! Plus de 10 000€ tout de même ! Comme Nico, elle mise aussi sur la diversification, par exemple avec le houblon et l’installation d’une micro-brasserie…
Pour elle aussi, le Collectif apporte une aide matérielle : « tu as du fumier, et quelqu’un en a besoin… et puis le fait de se sentir soutenue » !
Ferme bio depuis 15 ans
Troisième visite, à Velleron, cette fois, à la ferme de Cédric Isern. Il est le seul maraîcher bio, ici, car la terre n’est pas facile, explique-t-il posément. Il a racheté cette ferme en 2016, elle était bio depuis 15 ans ! Sur 3.3 ha et sous 7 serres de 500 m2, il fait pousser une cinquantaine de variétés de légumes par an. Mais il a aussi une centaine de poules et deux cochons pour les déchets ! Sous les serres, des choux-raves plantés avec les tomates… gain de place, les premiers sont récoltés avant les secondes, c’est la culture dite dérobée, ou co-culture. Et un vrai régal pour les yeux !
Lieu de vie ou terre agricole ?
Beaucoup d’expérimentations sous les serres. «On veut aller vers la permaculture» explique Cédric, qui nous montre aussi ses deux pépinières. Ce fils de maraîcher conventionnel, nanti d’un diplôme d’ingénieur a travaillé dans l’agro-alimentaire, puis exploré la permaculture et enfin monté une entreprise d’audit. Mais c’est ici qu’il se sent bien. «Ce lieu est en devenir, mais je l’aime, j’y trouve une harmonie» dit-il, comme s’il avait enfin trouvé ce qu’il a longtemps cherché. Avec la vente à la ferme, sur les marchés de Velleron et de Petit-Palais et en magasins bio, il a développé ses circuits de distribution.
Comme Nico et Valérie, il est membre du Collectif Paysan du Pays des Sorgues. «C’est avant tout des agriculteurs qui ont envie de se retrouver, qui sont contents de se voir, d’échanger… On a envie de monter des projets, mais le temps manque ! Quand même, le but c’est de relier les gens qui en ont envie » !
En plein mitan du Vaucluse, de jeunes paysans dynamiques travaillent au quotidien pour une agriculture respectueuse de la santé et de l’environnement. Qui leur permette de vivre aussi. Avec la solidarité pour credo.
Pour voir la vidéo sur le Collectif Paysan du Pays de Sorgues, c’est ici.
j’ai bien apprécié cette première présentation du Collectif Paysan du Pays des Sorgues à travers ces trois portraits représentatifs de la mosaïque de parcours et de projets qu’il rassemble…Mais l’originalité de ce collectif réside dans le fait qu’il ne rassemble pas que des paysans, il est ouvert aux citoyens préoccupés de l’avenir de l’agriculture paysanne dans toutes ses composantes que l’on retrouve dans le collectif…alors un grand merci à toute l’équipe de Bleu Tomate pour cet article qui à l’art d’en suggérer d’autres à venir…
Bonjour et merci pour le commentaire. Nous nous sommes manqués à la dernière réunion du collectif et avons regretté de ne pas vous rencontrer. Mais les membres présents ont évoqué votre rôle dans sa création. Nous espérons bien sûr vous rencontrer une prochaine fois pour évoquer cet aspect citoyen qu’en effet nous n’avons pas encore traité.