Les gorges du Verdon et le plateau de Valensole

D’après le bilan de l’Agence de l’eau, les eaux souterraines et de surfaces voient leur qualité s’améliorer en Paca. Mais des efforts sont encore nécessaires pour faire face aux polluants émergents, et s’adapter au changement climatique.

En net progrès, mais peut encore mieux faire. L’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse a présenté mardi 5 novembre le bilan de ses campagnes d’analyses pour les eaux souterraines et de surface. « Grâce aux investissements réalisés par les collectivités locales, nous constatons de nettes diminutions des polluants organiques, détaille Kristell Astier-Cohu, directrice du département de la connaissance et de la planification. En trente ans, les concentrations en ammonium [indicateur de la pollution par des rejets organiques agricoles, domestique ou industriel] ont été divisées par 20, et par 10 pour le phosphore. Cela a un impact direct sur la biodiversité, notamment sur la présence de diatomées [algues microscopiques qui forment la base du phytoplancton]. Et pour les micropolluants, sur les 73 molécules que nous suivons, les concentrations ont été divisées par 4. »

Bonne qualité souterraine

Globalement, l’Agence mesure à 48 % la part des cours d’eaux de surface qui sont de bonne ou de très bonne qualité pour le bassin Rhône Méditerranée, contre 43 % en France et 37 % sur l’Union européenne. « Le bon état se trouve classiquement plutôt dans les montagnes, et les états dégradés plutôt autour des villes », précise Kristell Astier-Cohu. Un chiffre qui peut sembler très bas, mais il faut garder à l’esprit que les contrôles portent sur 1 400 molécules différentes, dont 700 sont observées au moins une fois dans la région. Et qu’une mauvaise valeur pour une seule molécule suffit pour dégrader le classement de l’ensemble du cours d’eau.

Pour les eaux souterraines, sans surprise, la situation est meilleure, avec 85 % des eaux de bonne ou très bonne qualité, contre 71 % en France et 77 % dans l’Union européenne. Là aussi, les points de vigilance se situent autour des villes, mais aussi sous le plateau de Valensole, contaminé au dichlobénil, un pesticide utilisé pour la culture du lavandin et interdit depuis 2009.

Avec l’évolution des techniques d’analyses, de nouvelles molécules peuvent être mesurées plus finement, notamment celles issues de la diététique et de la cosmétique. « Nous ne sommes pas encore en mesure d’évaluer tout leur impact : nous n’avons de normes que sur 200 des 700 substances que nous repérons dans les eaux, souligne cependant Kristell Astier-Cohu. Aujourd’hui, les stations de traitement des eaux sont très performantes contre la pollution organique, à hauteur de 96 %. En revanche elles filtrent encore assez mal les micropolluants. »

Réduire les prélèvements

Concernant l’approvisionnement en eau, rendu plus difficile par l’augmentation des épisodes de sécheresse, l’Agence de l’eau l’assure : des solutions existent. « Dans le Var, en 2020, un plan territorial de gestion de l’eau a été lancé pour l’Argens. Quatre sous-bassins versants étaient en déficit d’eau. Grâce à ce plan, les prélèvements ont pu être divisés par deux au barrage de Carcès [qui alimente Toulon] et le rendement du réseau d’eau a été amélioré », détaille Annick Mièvre directrice de la délégation de Marseille de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. « Avec le changement climatique, la sécheresse peut revenir plus vite et plus fort, souligne Nicolas Mourlon, directeur général de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse . On peut s’y adapter si on a des cours d’eau qui fonctionnent bien, qui sont connectés à leurs zones humides et qui disposent d’un espace de liberté en cas de crue. »

Un enjeu crucial pour l’agriculture. Au printemps 2023, le président de la République avait présenté en Provence son plan eau. Pour le bassin Rhône Méditerranée, celui-ci fixe des objectifs de -16 % de consommation pour les collectivités locales, et -15% pour l’industrie. L’agriculture, elle, doit arriver à une évolution nulle, en économisant 100 millions de m³ dans les zones mieux dotées en eau, pour abonder les zones en déficit. Cela représente une réaffectation de plus de 13 % de la consommation d’eau agricole. Une mission quasi impossible ? « On arrive à obtenir des résultats avec les professions agricoles, assure Nicolas Mourlon. Notamment avec les paiements pour services environnementaux. » Rendez-vous au prochain bilan des eaux en 2026 pour voir si les progrès se confirment.