RES-MAB*, pour « Résilience – Man and Biosphere ». C’est un programme ambitieux, financé par l’UNESCO et le dispositif PRIMA NEXUS*, que le Parc du Ventoux vient de rejoindre aux côtés de 6 autres réserves de biosphère (Italie, Espagne, Slovénie, Jordanie, Maroc, Liban).
Objectif ? Renforcer la résilience des Réserves de biosphère face au changement climatique. Cette initiative vise à développer une gouvernance participative. Mais aussi et surtout à mettre en œuvre des actions concrètes. « Nous nous sommes tous collectivement engagés dans ce dispositif afin de répondre aux défis climatiques, environnementaux, sociaux et économiques qui se posent à l’agriculture, assure Jacqueline BOUYAC, présidente du Parc du Ventoux».
La filière viticole en première ligne face au changement climatique
La démarche RES-MAB est conduite par le Parc en partenariat avec l’AOC Ventoux. Depuis 10 ans déjà, la filière constate que les épisodes extrêmes (pluviométrie, gel…) fragilisent les exploitations. Et elle cherche des réponses au changement climatique. « Le projet RES-MAB nous permet de nous projeter vers l’avenir en partageant l’expérience des autres pays du Sud de la Méditerranée explique Frédéric Chaudière, président de l’ODG AOC Ventoux.. Et pour confirmer notre engagement, nous avons recruté en 2024 une chargée de mission Climat ».
Agir sur la filière céréales-légumineuses
Le choix de ce second axe répond à la recherche de résilience alimentaire et de diversification des productions. Il s’appuie en fait sur deux constats : d’une part le besoin de revenir vers plus de circuits courts sachant que le territoire est essentiellement exportateur, d’autre part reprendre en production les surfaces que la viticulture va abandonner (plus de 500 ha arrachés ou à venir dans le Vaucluse). Cette filière en devenir existe bien, sur le plateau d’Entrechaux, mais elle est plutôt tournée pour l’instant vers les Alpes de Haute Provence.
Un projet structurant
Au cœur du programme est l’approche WEFE (en anglais), Eau-Energie-Alimentation-Ecosystèmes. Elle vise à favoriser une gestion intégrée des ressources et à développer des solutions durables et concrètes. Les aléas climatiques doivent pousser à diversifier les productions, tout en menant en parallèle la recherche des débouchés.
La volonté d’unir toutes les forces
Le Parc du Ventoux dispose d’une référente RES-MAB, en charge jusqu’alors uniquement du pôle agriculture-climat. « Toutes les sensibilités doivent être représentées, précise Marie PONS-RAMELLS. Il nous faut construire une communauté d’agriculteurs locaux où se retrouveront ceux que l’on pourrait appeler des « conservateurs », des « pragmatiques » et des « expérimentateurs ».
Les groupes de travail établiront des propositions dont la réalité économique sera validée. Le territoire bénéficiera d’un budget de 510.000 euros sur 3 ans, sur un budget global de 4.3 millions d’euros.
Tous les acteurs locaux ont été consultés
Le projet est solide. Toutes les forces vives concernées par le sujet agriculture et changement climatique ont été approchées. Des entretiens ont été menés avec des chercheurs (GREC Sud, INRAE, GRAB, IDR) et avec les organisations professionnelles agricoles du territoire (Chambre Agriculture, Bio de Paca, CFPPA Campus Louis Giraud, GRCIVAM, CRIIAM, Agribio84, ..). Les agriculteurs bien sûr ont également été sollicités, dans toutes les filières. Enfin, des contacts ont été initiés avec l’Université Avignon, la MFR Bollène et l’ISARA, sachant que des étudiants sont déjà sur le terrain.
Des outils innovants au service des politiques et des agriculteurs
« Le monde agricole est mobilisé autour de ce projet, les attentes sont fortes », confirme Georgia LAMBERTIN, présidente de la Chambre d’Agriculture 84. « Il ne faut pas perdre de temps. Beaucoup de filières sont en crise, mais RES-MAB peut nous aider à y répondre, en nous permettant d’adapter nos pratiques sur le long terme ». Ce programme va être aussi un formidable levier pour sensibiliser les décideurs locaux. Il leur donnera des outils de projections climatiques. Une cartographie va permettre de simuler les situations à venir, et leur permettre ainsi de disposer de moyens d’aide à la décision.
L’agriculteur comme bénéficiaire du projet
Bénédicte MARTIN, vice-présidente du Parc Régional et du Conseil Régional a le mot de la fin. «Ce dispositif articule l’expérience et les compétences des partenaires. Tout y est : recherche, diagnostics, formation, conseil, accompagnement collectifs, enquêtes, expertise, installation et suivi. Mais le défi que nous devons relever est celui-ci : que tout ce travail profite directement aux agriculteurs. Il faut que cela « ruisselle » jusqu’à la parcelle… ».
RES-MAB* : Le chef de file du projet est le Centre pour la Science et la Technologie Forestière de Catalogne (Espagne).
Un débouché pour les céréales
Nous avions rencontré en 2023 (voir article) Amande REBOUL de la Grange des Roues. Elle a ouvert une meunerie coopérative à Sorgues. Le bâtiment est en cours de réhabilitation, mais déjà en activité. Amande nous explique sa fierté de participer à un projet international et permettre ainsi l’évolution de ce lieu labellisé Tiers Lieu Nourricier en 2022. L’activité principale est bien sûr la production de farine. Mais la vocation de l’association support sera aussi d’accompagner les agriculteurs à produire une farine panifiable, et leur garantir des débouchés. Pour exemple, elle nous précise que 3 boulangères fabriquent et vendent déjà sur place leur propre pain.