L’ITAB (l’Institut de l’Agriculture et de l’Alimentation Biologique » a présenté lors du Salon Medagri 2024, l’actualisation d’une étude menée en 2016 sur la « quantification des externalités de l’agriculture biologique ».

L’objet de cette étude était l’évaluation environnementale des systèmes de production BIO, particulièrement en ce qui concerne la biodiversité et la dimension climatique. La définition de l’externalité : elle ne fait pas l’objet d’une compensation financière.

Evaluer les conséquences des pratiques

À partir d’un état des connaissances scientifiques disponibles, deux objectifs étaient poursuivis. Tout d’abord identifier comment les pratiques mises en œuvre en AB (agriculture biologique) favorisent ou au contraire dégradent différentes dimensions environnementales et sanitaires. A savoir le sol, la biodiversité, le climat et la santé humaine, comparativement à l’AC (agriculture conventionnelle). Mais aussi estimer les différentiels d’externalités  de l’AB par rapport à l’AC. C’est-à-dire les interactions entre l’exploitation et son environnement.

Pour Bastien Dallaporta de l’ITAB, on identifie mieux les conséquences positives et négatives des pratiques de l’agriculture biologique et conventionnelle en terme d’évaluation économique. Il citera comme exemple l’évaluation du coût de traitement des eaux. Entre des parcelles d’agriculture bio et d’agriculture conventionnelle, l’usage de produits phyto dégradera de manière plus importante la qualité des eaux souterraines.

Des pratiques aux impacts visibles

Les effets de l’AB sur des parcelles en terme de biodiversité ont été étudiés avec des chercheurs de l’INRAE. Le constat est d’évidence positif : plus de 23% d’espèces et 32% d’individus ont été recensés. Il en ressort donc que des pratiques agricoles différentes ont un impact immédiat. De manière prépondérante sur les plantes, et perceptibles pour une grande diversité de groupes taxonomiques. Tout est pris en compte : le type de culture (notamment des légumineuses), le travail du sol, la fertilisation organique, l’absence de pesticides. Cette étude confirme le lien entre leur utilisation et la chute des populations animales. Elle confirme également l’effet positif d’une fertilisation organique sur la biodiversité du sol, comparativement à une fertilisation minérale.

Pour autant, des différences ont été constatées selon le type de cultures. Par exemple, les impacts de l’AB sont évidents sur l’arboriculture, la viticulture et la riziculture, de même que sur les céréales. Les écarts sont cependant moins visibles sur le maraîchage et les surfaces en prairie.

Par ailleurs, les éléments semi naturel des parcelles pèsent sur les résultats. L’existence de haies a un impact majeur. Le principe de la mosaïque cultivée contribue de manière importante à la biodiversité . C’est à la fois leur diversité mais aussi la configuration, comme la taille des parcelles, qui auront un impact. Tous ces éléments se combinent pour assurer une richesse de plantes et de pollinisateurs, ainsi que d’auxiliaires indispensables à une meilleure production.

AB et changement climatique

L’impact de l’AB sur le changement climatique fait également l’objet d’un suivi. L’enjeu de réduction des gaz à effet de serre (GES ) s’accompagne de la recherche de méthodes permettant de le stocker en plus grandes quantités. Il ressort que le carbone stocké dans le sol dépendra de plusieurs facteurs : le climat, le type de sol, son mode d’occupation. Par exemple, il est prouvé que les prairies  sont un bon espace de stockage.

Les résultats obtenus font état d’un stock plus important de carbone dans les sols en AB. Cette restitution est un des effets notamment des pratiques de fertilisation à l‘origine d’une accumulation de carbone organique dans les sols, plus importante qu’en AC.

L’objectif annoncé de la neutralité carbone en 2050 est un vrai challenge. Baisse de 4% par an de nos émissions de GES et doublement des puits de carbone. Mais nous n’en sommes qu’à 2%. La route est encore longue.. Surtout que la baisse de 4% de nos émissions correspond à la période COVID, alors que l’activité économique était quasiment à l’arrêt.