Mercredi 27 septembre, la commune de Lauris accueillait le lancement officiel du nouveau projet porté par le Parc naturel régional du Luberon : « l’alimentation méditerranéenne au cœur des transitions agroécologiques ». De quoi donner un coup d’accélérateur au Projet Alimentaire Territorial en cours.
Lauris, installée sur le versant Sud du Luberon, ses 3800 habitants, sa cantine à 93% bio, 33% bio ET local, sa moyenne de gaspillage entre 30 et 40 g par convive, contre 120 au plan national…
Lauris et sa Zone Agricole Protégée (ZAP) en voie de finalisation, son projet de Cité vivante de l’alimentation (en partenariat avec l’association locale Au Maquis et le PNR Luberon…), sa Victoire des cantines rebelles, gagnée en 2021 aux Trophées de l’association Un Plus Bio.
Lauris, la bonne élève du PAT du Luberon accueille ce jour les acteurs du territoire qui oeuvrent à une restauration collective locale et de qualité. Au menu (à part la soupe au pistou et le gâteau au chocolat à la crème d’amande, mais ça c’est pour tout-à-l’heure !), la présentation du nouveau projet, lauréat de l’appel à projet du Programme national pour l’alimentation (PNA) en 2023.
Un projet tripartite
Première pour les acteurs de terrain, la convention va lier le Parc avec la Direction Générale de la Santé et l’Agence Régionale de la Santé. Une belle reconnaissance par le PNA, du travail déjà accompli en faveur de l’alimentation méditerranéenne, et des bienfaits de celle-ci sur la santé publique –comme sur celle des sols et de la nature, d’ailleurs.
Karine Pascal-Suisse, pour la Direction Régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF PACA), constate que « La Santé va prendre de plus en plus de place». La responsable du pôle de l’alimentation à la DRAAF PACA souligne d’ailleurs l’existence dans la région- unique en France-, de la Coalim’ où sont discutés les projets d’alimentation durable. Cette instance informelle regroupe les services de l’Etat (ADEME, ARS, DRAAF, DREAL et DREETS) ainsi que le Conseil Régional.
La diète et la science
Pour l’Agence régionale de santé (ARS) PACA, Margaux Gianfranceschi rappelle que l’ARS accompagne les Projets alimentaires territoriaux. Et souligne que les Maisons Sport Santé –il en existe 2 en Luberon- pourront travailler en partenariat avec les acteurs de l’alimentation dans le cadre du nouveau projet.
Compagnon de route de longue date de ce travail, Denis Lairon, chercheur en nutrition, expert en alimentation durable auprès de nombreuses instances, notamment l’ONU, est venu témoigner une nouvelle fois du résultat de ses recherches.
Un vieux régime plein d’avenir
Oui l’alimentation méditerranéenne (inscrite au patrimoine immatériel de l’Humanité de l’UNESCO depuis 2010) est synonyme de plus grande longévité, et de moins de maladies (obésité, pathologies cardiaques, cancers et maladies neurodégénératives).
A condition de manger Bio également, car ce régime repose essentiellement sur les légumes et les fruits frais et secs (gare aux pesticides !), les légumineuses et les céréales complètes. Et il préconise de moindres apports en produits laitiers, viande, poissons et surtout charcuterie. Et il proscrit la nourriture ultra-transformée gavée de sel, sucre et autres additifs… D’ailleurs, le Programme National Nutrition Santé reprend ces préconisations.
Former, informer, sensibiliser
Très actif dans la préparation du dossier soumis au PNA, Denis Lairon sera partie prenante au projet. « Je vais continuer à apporter mes connaissances sur l’alimentation méditerranéenne, explique le directeur de recherche honoraire à l’INSERM. Je vais animer les formations, préparer des documents pédagogiques. En ce moment, je fais le point sur toute la littérature scientifique récente ». L’infatigable défenseur de la « diète méditerranéenne » n’exclut pas d’intervenir aussi auprès des parents et des élèves.
Des moyens pour agir
Julie Rigaux, animatrice du PAT au Parc du Luberon, se réjouit aussi du succès de ce nouveau projet. « Nos actions sont financées et pérennisées sur deux ans. Que ce soit le soutien aux collectivités, notamment sur la préservation des terres agricoles, le suivi d’établissements ou les formations en direction des cuisiniers et bien sûr la sensibilisation de tous les publics… » D’ailleurs l’animatrice souhaite intégrer les parents d’élèves parmi les partenaires, et l’Education nationale plus étroitement.
L’exemple de Mouans-Sartoux
Enfin, pour finir de convaincre quelques élus présents s’il en était besoin, de s’engager au service de l’alimentation durable, Gilles Pérole, élu à Mouans-Sartoux (06), est venu témoigner à son tour.
1ère de la classe, la ville affiche un palmarès impressionnant, fruit d’une volonté politique jamais démentie depuis de nombreuses années. 100% de nourriture bio à la cantine, certifiée Ecocert. Moins 80% de gaspillage depuis 2010, 70% d’approvisionnements régionaux… Une ferme de 6 ha en régie municipale où 3 maraîchers cultivent une cinquantaine de légumes chaque année, soit 25 tonnes…
La liste est longue des initiatives, depuis la Maison d’éducation à l’alimentation durable (MEAD), jusqu’aux interventions auprès des élus de toute la France, notamment au sein de l’Association des Maires de France. .
Des obstacles et des enjeux
Située entre Grasse et Cannes, la commune subit les désagréments de la pression immobilière de la côte. « Notre plus grand défi aujourd’hui, souligne Gilles Pérole, c’est la reconquête agricole. Certes nous produisons nos légumes, mais pas les œufs, les fruits, les céréales… »
Il existe pourtant encore des terres qui pourraient être cultivées. Les élus discutent avec les propriétaires, mais cela prend beaucoup de temps. Pourtant, la ville vient de signer des baux sur 1.5 ha et espère que d’autres suivront.
Comme celui de Mouans Sartoux, le projet du PAT du Luberon conçoit l’alimentation comme un système qui interagit non seulement avec la santé, mais aussi l’agriculture, les paysages, l’économie locale, les relations sociales et bien sûr l’environnement. Et la question de la déprise agricole, qui s’accompagne du vieillissement des agriculteurs reste un défi, même sur le territoire du Luberon.
En cliquant sur notre dossier « Diète méditerranéenne« , retrouvez nos articles sur le sujet et le lien vers l’association « Le Goût de la Méditerranée » animée par la journaliste Carine Aigon.