Ce jeudi 8 juin, une cinquantaine d’élèves de 6e ont passé toute une journée aux champs. A la découverte des animaux, des plantes, des arbres et du métier de paysan. Une sortie proposée par le Parc naturel régional du Ventoux, dans le cadre de ses actions éducatives.
« Je ne pensais pas qu’il y avait tant de petits animaux utiles, comme tous ces insectes. C’est beau, il y a des fleurs, des plantes ». Hajar, comme ses camarades de 6e du collège Alphonse Daudet de Carpentras, a visité ce matin, à Pernes-les-Fontaines, la Ferme des Possibles sous la conduite de Nicolas Borde, le maitre des lieux.
La Ferme où tout parait possible
Sur ses 5 ha en agroforesterie et en bio, le paysan récolte 30 t de produits. Il a planté 1500 arbres. A leurs pieds, poussent vaillamment courgettes, melons, pommes de terre, et encore persil, basilic ou épeautre… 35 variétés en ce moment, 70 sur une année. Trois brebis et une vingtaine de poules, grâce à un poulailler mobile, assainissent et fertilisent le terrain après les récoltes.
Revenu à la ferme familiale après une carrière dans l’industrie et l’enseignement, Nicolas a créé la Ferme des Possibles il y a 10 ans, « pour changer de vie et faire pousser des fruits et légumes autrement, explique-t-il à son jeune auditoire. J’ai décidé de redonner du souffle à la nature. Ici on n’intervient jamais sur nos produits à coup de traitements, parce qu’on fait autre chose : des fleurs au milieu des légumes, des associations de culture ».
Des visiteurs curieux
Au fil de la visite, les collégiens –munis de documents qu’ils doivent remplir- découvrent les oignons plantés au milieu des melons, pour repousser les prédateurs, le jaune incandescent des soucis mélangés aux tomates ou encore le basilic, fidèle sentinelle qui veille sur les concombres. Et les élèves sont conquis. « C’est bien, ça nous permet de vivre, de manger. C’est beau, les plantes, les animaux » confie Rayan.
Futée, une collégienne s’inquiète de tous ces insectes. Ne détruisent-ils pas les cultures ? « Plus l’écosystème est divers, moins on a à intervenir, explique le fermier. Les arbres apportent de l’ombre et une protection contre le vent, l’herbe entre les rangs abrite des insectes qui vont manger les prédateurs ».
Sorties éducatives
Pour l’équipe enseignante, la visite à la Ferme des Possibles est presque une habitude. C’est un passage obligé pour les élèves de 6e, dans le cadre des Cités Educatives. « Le thème cette année est la biodiversité, explique Minh-Hanh Landry, prof de SVT. Ici on parle de l’alimentation, des bienfaits de l’agriculture biologique, du rôle de tous les acteurs, notamment les pollinisateurs. C’est aussi l’occasion pour les élèves de sortir du collège, et de découvrir le métier de paysan ».
Et les collégiens ne se contentent pas de suivre la visite. Chasse aux trésors pour identifier les arbres, orientation et mesures physiques sont aussi au programme. « On devait chercher des lieux sur la carte, comme les serres ou les zones de jachère, précise Imen. On les a trouvés et avec les boussoles, on a indiqué le Nord. Et puis on a mesuré les températures dans la serre et à l’’extérieur, et la luminosité avec un luxmètre, et l’humidité avec un hygromètre ».
Qui veut être paysan ?
A l’issue de la visite, c’est l’heure des questions réponses. Nicolas Borde se prête au jeu. Mais il a lui aussi une question pour ses jeunes hôtes. Que pensent-ils de son métier ? « Il fait chaud, mais ça pourrait m’intéresser », « ça fait du bien à la nature mais j’ai une autre idée de métier », « un métier assez beau, mais de passion et assez difficile », « un métier intéressant qui pourrait sauver le monde, si ils étaient plus nombreux », « on voit la nature évoluer au fil des ans », « mais il faut du temps, de l’énergie et de la patience ».
« Replanter les consciences »
De quoi réjouir le paysan, qui a l’enseignement et la transmission chevillés au corps. « Je reçois 700 élèves par an. Je leur consacre près de 10% de mon temps. Semer ces graines-là, c’est presque vital pour moi. Je vois l’état de la planète, les indicateurs qui s’effondrent, on ne s’en sortira pas si on ne reconnecte pas les enfants à la nature. »
Comme les enseignants, il témoigne que ces visites laissent des traces. Certains élèves reviennent avec leurs parents, d’autres les poussent à acheter des légumes locaux et bio… Qui sait combien viendront un jour à travailler la terre ? Cette année, Nicolas a fait brasser une bière blonde bio à partir de sa récolte de petit épeautre, « L’Engagée ». Les bénéfices serviront à financer l’accueil scolaire dans d’autres fermes, grâce au réseau CIVAM PACA.
Le PNR Ventoux et l’éducation
L’éducation fait partie des missions des parcs naturels régionaux. Celui du Ventoux s’intitule « Ecocitoyenneté et Solidarité à l’école, au collège et au lycée ». Il reçoit une aide importante de la Région Sud-Paca.
Cette année, il a concerné 160 classes (au lieu de 100 l’an dernier), soit environ 4000 élèves, issus de communes réparties dans tout le territoire du Parc. Depuis 2007, plus de 20 000 enfants ont bénéficié de ce parcours pédagogique, dans le cadre des missions de la Réserve de biosphère. L’an prochain, 3 dispositifs supplémentaires complèteront l’offre de l’action éducative du Parc du Ventoux.
Pour déployer son dispositif pédagogique, le Parc s’appuie sur de nombreux partenaires éducatifs locaux : structures associatives, professionnels de l’accompagnement en Montagne, gestionnaires d’espaces naturels…