« Plantons local », ce guide présenté le 10 mars à Marseille est un bel exemple de partenariat pluridisciplinaire. Utilisateurs visés, les aménageurs publics et privés, urbains ou ruraux. Objectif, lancer une nouvelle dynamique dans la création d’espaces végétalisés. Feuilletons ce nouvel outil !
Fruit d’un travail de 2 ans, ce guide s’intègre aux ambitions de la région Sud et de son Plan Climat «Une COP d’avance ». Il n’a pas pour l’instant d’équivalent dans une autre région.
Très pratique, il présente dans une première partie recommandations et pré-requis à l’utilisation des palettes végétales. La seconde partie a pour vocation de définir les meilleurs choix d’essences, milieu par milieu.
Les auteurs de l’ouvrage sont nombreux et ont croisé leurs compétences. ARBE, OFB, Agence de l’Eau, les deux Conservatoires Botaniques Nationaux (Méditerranéen et Alpin), INRAE, Aix Marseille Université, CAUE 83, paysagistes et entreprises du paysage ont uni leurs efforts pour faire naître « Plantons local » !
La végétalisation, élément clé de la réponse au changement climatique
Pour Audrey Michel, directrice de l’ARBE, il s’agit d’apporter des éléments de connaissance et d’accompagner l’évolution de la filière face aux nouvelles conditions climatiques. Elle dira même : « préserver la biodiversité est notre assurance vie ». C’est pourquoi retrouver et favoriser la plantation des espèces indigènes naturellement présentes sur le territoire, les « plantes d’ici », est aujourd’hui une obligation.
Beaucoup d’espèces végétales exotiques, qui semblent faire partie de notre paysage, n’ont pourtant rien à faire dans nos milieux !!! Elles sont ce que l’on appelle des Espèces Végétales Exotiques Envahissantes (EVEE), et sont même une des grandes causes de perte de biodiversité. Le guide fait l’état des lieux de ces 143 espèces dont il faudrait plutôt chercher à se débarrasser : les belles agaves d’Amériques, les griffes de sorcière sont par exemple des plantes qui n’ont rien de local.
L’écueil à éviter, la standardisation des milieux
Pour David Moulin, de l’OFB, le guide a pour vocation de faciliter le passage à l’acte des acteurs du secteur. Aussi leur apporte-t-il des outils d’aide à la décision et une méthodologie. Souvent sans expertise, les élus s’appuient naturellement sur les professionnels et les CAUE départementaux, ou encore sur l’ARBE. La structure accompagne déjà plus de 250 collectivités dans leurs démarches de gestion écologique des espaces verts et de nature.
Mais pour la présidente Anne Claudius-Petit il faut aller plus loin encore dans la formation des élus. C’est tout l’intérêt des opérations telles que « Nature en Ville » ou les « Biodiv’tour ». La participation des représentants de la profession paysagère à ce travail collectif est donc une véritable richesse. Ainsi que le précise Vincent Porro, président de l’Union Nationale des Entreprises du Paysage, ce guide est une belle opportunité pour s’interroger sur nos paysages, notamment urbains. Mais attention à ne pas considérer la naturalisation comme la variable d’ajustement d’un projet urbanistique !
Une méthode imparable : s’adapter à chaque milieu naturel
Dans le guide, on retrouve 4 milieux : les milieux humides, ouverts, boisés et urbains. Chaque opérateur doit s’emparer de l’ambition de créer des espaces végétalisés plus sauvages et plus champêtres, adaptés chacun aux conditions de sol et de climat. Planter local signifie planter des espèces indigènes, résultat de processus naturels.
Plus de 500 espèces végétales sont présentées dans ce guide. Notre région est effectivement d’une grande richesse floristique. Chacune bénéficie d’une fiche détaillée pour accompagner les décideurs et ceux qui les conseillent. En effet, le guide ne se substitue pas aux experts de terrain, mais permet de trouver un compromis entre projet de paysage qualitatif et protection de la biodiversité, voire sa reconquête.
Les 3 avantages majeurs du « planter local »
En premier lieu, favoriser le vivant et les interactions entre pollinisateurs et plantes. Les végétaux locaux font partie intégrante des écosystèmes naturels. Ils participent à favoriser l’équilibre des milieux.
Autre avantage, l’adaptation aux variations climatiques, aujourd’hui une nécessité. Pour notre environnement comme pour notre qualité de vie. Les plantes indigènes ont une diversité génétique qui leur garantit une forte capacité de résilience.
Enfin il s’agit de conforter les trames écologiques. Trame verte, trame turquoise se trouvent renforcées par le recours aux plantes indigènes. Ces corridors écologiques permettent de lutter contre la fragmentation des habitats et de contribuer à la préservation de la biodiversité.
Donner le désir de nature
La région Sud est un haut lieu de biodiversité. C’est la première région métropolitaine en nombre d’espèces. Elle abrite en effet 2/3 des espèces végétales recensées en France métropolitaine (source ARBE « Regard sur la Nature » – 2021). Avec l’aide des deux Conservatoires Botaniques Nationaux dont l’objectif est de connaître, conserver, diffuser la flore sauvage et la végétation, la mission de chacun des intervenants est bien d’inventer les nouveaux territoires.
Ainsi que le précise Wilfrid Jaubert, directeur du CAUE du Var, la renaturation doit passer notamment par les écoles. La cour d’école est un lieu pédagogique et d’apprentissage. Preuve en est la multiplication des projets de désartificialisation de ces espaces. Il faut juste donner du temps à la nature d’accomplir son œuvre…
Photo de Une : ARBE-PlantonsLocal @LPED – AMU–Magali Deschamps-CottinPetit lexique (source Guide Plantons Local)
Une plante indigène est une plante présente du fait d’un processus naturel.
Une plante endémique est une plante propre à une région donnée.
Une plante exotique est une espèce implantée par l’homme, volontairement ou accidentellement.
Une EVEE menace les écosystèmes, les habitats et les espèces indigènes. On peut parler de « pollution génétique ».
Une plante sauvage pousse naturellement, elle est donc forcément indigène et spontanée.
Une plante horticole est le fruit d’une sélection végétale développée par l’homme.