L’Assemblée générale des Nations Unies l’a proclamé. Eu égard à son potentiel, 10% du PIB mondial, le tourisme peut faire progresser le développement durable. A condition que les acteurs soient dans une démarche sincère et pas seulement marketing…
Ecotaxe aux Baléares, label vert au Costa Rica, curseur écolo sur l’île de la Dominique… un peu partout, les destinations promeuvent leur visage durable. A l’autre bout de la chaîne, les voyagistes mettent en avant leur engagement écologique. Certains limitent cela à des gestes symboliques, tel Thomas Cook « gérant écologiquement ses brochures »… Mais d’autres proposent des séjours pour voyageurs responsables – de l’hébergement en écolodge au voyage solidaire auprès des locaux. Il y a ceux aussi, qui s’investissement plus intensément, tel Voyageurs du Monde associant ses équipes aux actions de la fondation Insolites Bâtisseurs.
Le sens sociétal
Ces initiatives vont dans le sens sociétal. Celui d’un monde occidental où le citoyen voyageur, en quête de sens, perçoit la nécessité de l’échange et du partage des valeurs, plutôt que d’adhérer à une consommation touristique désincarnée.
C’est dans ce contexte que l’Assemblée générale des nations Unies a proclamé 2017 « Année internationale du tourisme durable pour le développement ». L’ambition ? Encourager « un changement dans les politiques, les pratiques commerciales et le comportement des consommateurs allant dans le sens d’un secteur plus durable pouvant contribuer efficacement aux objectifs de développement durable ».
« Une occasion exceptionnelle à saisir » (OMT)
La présentation de l’Année aura lieu à Madrid mercredi 18 janvier, lors du salon espagnol du tourisme FITUR. L’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) s’est évidemment réjouie de cette décision. « Il y a là une occasion exceptionnelle à saisir de rendre le secteur du tourisme plus engagé et capable de réaliser le gigantesque potentiel qu’il détient en termes de prospérité économique, d’inclusion sociale, de paix et de compréhension, de préservation des cultures et de l’environnement », a déclaré son secrétaire général, Taleb Rifai. L’OMT invite d’ailleurs tous les partenaires à participer à la célébration de cette Année en faisant part de leurs activités et de leurs initiatives en faveur du tourisme durable.
« Jackpot pour les voyagistes »
Reste qu’entre démarches opportunes et réelles convictions, il va falloir faire le tri. A l’image des produits bio accaparés par la grande distribution, le tourisme responsable, parce qu’il est tendance, attire des tours opérateurs plus intéressés par les recettes potentielles que touchés subitement par la grâce écologique…
Au niveau mondial, n’oublions pas que le tourisme explose et attire les convoitises. 7 % des exportations, 1 emploi sur 11, 10 % du PIB. L’hebdomadaire spécialisé L’Echo Touristique se faisait récemment le porte-parole de cette évolution, parlant du développement durable comme d’un « jackpot pour les voyagistes ».
Ouvrir l’œil !
Jackpot, c’est bien le mot. Car peut-on parler de tourisme durable lorsque sous prétexte de découvrir des horizons virginaux (donc écolos), on envoie des navires de croisière naviguer sur les nouvelles routes arctiques, profitant du réchauffement climatique au risque de l’aggraver ? Est-ce responsable d’éditer des milliers de catalogues papier pour vendre des séjours durables quand ces mêmes brochures s’entassent dans les back offices des agences de voyages avant de finir à la poubelle ?
Pour les touristes convaincus, il va falloir ouvrir l’œil. Sur les destinations qui misent sur un tourisme réellement responsable. Sur les voyagistes crédibles qui fondent d’abord leur business sur des opinions solides. Une association, en France, regroupe certains de ces acteurs, depuis plusieurs années. C’est ATR (Agir pour un Tourisme Responsable). Autant aller chercher un voyage de son côté, histoire d’être à peu près en phase avec ses idées.
Très bon site!!