Ca chauffe dans les cours de récréation et pas à cause d’élèves agités ! Avec la hausse des températures, béton et goudron se conjuguent pour créer des îlots de chaleur. Alors aujourd’hui retour à la nature et à la biodiversité. Exemple dans le Parc naturel régional du Luberon.
Les pots de romarin et de sauge sont un peu lourds pour eux mais les enfants de la petite section de la maternelle des Taillades, au pied du Luberon, sont vaillants ! Dans la cour, chacun empoigne sa plante, choisit le trou où la nicher, retire le pot et la dépose avant de recouvrir les racines de terre.
« Ce matin, ce sont les bleues, cet après-midi les jaunes, explique Fabien Barety, le concepteur-paysagiste qui pilote l’opération. Nous avons choisi de créer des massifs monochromes. Avec des végétaux bien adaptés au sol et aux températures, qui fleuriront toute l’année et apporteront de la fraîcheur ».
Moins de chaleur, plus de fraîcheur
Tous les enfants de l’école vont ainsi planter un arbuste aujourd’hui. Au total, il y en aura 280. Sur le pourtour de la cour, des haies constituées de filaires, vitex et hibiscus pousseront plus haut. L’ensemble ramènera insectes et oiseaux. Le long des bâtiments de l’école, à la façade noyée du soleil l’après-midi, une pergola a été installée. Glycine et jasmin étoilé vont s’y déployer et protéger murs et fenêtre de la chaleur estivale.
Mais avant ce jour de plantations, la cour a été entièrement réaménagée cet été. Adossée au massif du Luberon, la pinède recevait les eaux de ruissellement qui entraînaient terre, sable et pierres parfois jusque dans l’école. « Les rochers affleuraient, il fallait canaliser les eaux pour réduire l’effet de ravinement qui ruisselaient », explique Fabien Barety. Pour lutter contre cette érosion, on a donc élevé des sortes de restanques et planté des végétaux pour stabiliser le sol.
Cour plus naturelle, élèves plus sages
« Reste à installer un peu de mobilier, dans les espaces recouverts de copeaux, dont une cabane en osier vivant, précise Nicole Girard, maire des Taillades. Au total l’opération s’élève à 130 000€, financée à 70% par l’Agence de l’eau ».
Dans la nouvelle cour, un espace foot est délimité, mais bien d’autres îlots permettent aux enfants de choisir leur activité, y compris de détente. Les cours végétalisées et diversifiées seraient plus propices à un bon climat scolaire et réduirait les violences. Manière aussi pour les élèves de rentrer en classe mieux disposés aux apprentissages !
Pédagogie autour du cycle de l’eau
« Avec l’installation des jeux, nous allons définir aussi une zone « classe dehors », prévoit Christophe Bon, le directeur de l’école. Et puis il faut élaborer la charte d’utilisation de la cour, avec les élèves. Faire bon usage de ce lieu, par exemple respecter les massifs plantés, ou ranger les copeaux si nécessaire ».
La nouvelle cour, plus fraîche et plus naturelle, est aussi support de projets pédagogiques. Les CE2 en seront la classe ambassadrice et veilleront sur le potager adjacent. Les CE1 feront des observations sur la biodiversité retrouvée avec un intervenant associatif. Enfin la Grande section de Maternelle expérimentera la « Classe dehors ».
« Coins de verdure pour la pluie »
L’Ecole des Taillades est l’une des 20 écoles des 14 communes du Parc naturel régional à avoir répondu à l’appel à projet de l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse « Coins de verdure pour la pluie ». Objectif ? Accompagner la désimperméabilisation et la végétalisation des cours d’école pour gérer les eaux de pluie.
Le Parc a alors relayé l’appel à projet, puis a coordonné et animé la procédure. Il a mandaté un bureau d’études qui a établi des diagnostics et proposé différents scénarios. Et les projets retenus ont été soumis à l’Agence de l’Eau, à l’issue de concertations qui ont rassemblé, dans chaque commune, tous les acteurs : enseignants, élèves, élus, parents et services techniques, dans des groupes de projet.
D’autres communes candidates
Pour certaines cours d’école, il s’agissait de casser béton et goudron et de les remplacer par des matériaux perméables (terre, sable, copeaux de bois, prairie rustique). Pour d’autres, quelques aménagements et des plantations.
A ce jour, 11 des 14 communes ont engagé des travaux. Mais de nouvelles communes se manifestent, et le Parc continue à porter leurs demandes auprès de l’Agence de l’Eau, même si l’enveloppe est limitée. Conseil régional et Conseils départementaux peuvent aussi financer les plantations.
Le suivi du Parc naturel régional du Luberon
Enfin le PNR du Luberon accompagne également les équipes enseignantes avec les classes ambassadrices et grâce à des kits pédagogiques.
Meilleure gestion de l’eau, îlot de fraîcheur, support pédagogique à l’éducation à l’environnement et à la citoyenneté… les bienfaits des cours d’école « désimperméabilisées » sont multiples. Des initiatives qui pourraient amener les élus communaux à reproduire le même scénario sur d’autres espaces de leur territoire, au profit de tous les habitants. C’est tout ce que souhaite le Parc.
Les 14 communes du Parc engagées : Apt-Ansouis-Bonnieux-Cabrières d’Avignon-Cadenet-Céreste-Forcalquier-Gargas-Lauris-Les Taillades-Limans-Manosque-Reillanne-Volx.