Forum circuits courts agricoles en Luberon
« Et si l’on construisait ensemble notre alimentation de demain » ? Le thème du 4ème forum organisé le 9 novembre à Lourmarin par le Parc du Luberon a montré le foisonnement d’initiatives locales. Mais aussi l’imparfaite fluidité des échanges entre les réseaux et le besoin de porter le discours au-delà du cercle des convaincus.
Agriculteurs, élus, « associatifs », institutionnels, techniciens, citoyens, animateurs de réseaux, porteurs de projets… ils étaient une centaine à la Fruitière numérique de Lourmarin pour échanger sur le thème de « l’alimentation de demain ». Pas un forum docte avec intervenants et public face à face. Mais une vingtaine d’ateliers où chacun apportait sa pierre aux discussions sur des thèmes aussi variés que « l’éducation au goût », « la création d’AMAP » ou « l’installation de petits producteurs autonomes ». Des contributions compilées et restituées en fin de journée à tous les participants. Objectif : faire circuler les idées, croiser les initiatives, susciter des projets…
A ce petit jeu initié par le Parc naturel régional (Pnr) du Luberon et ses partenaires (Région PACA, départements 04 et 84…) pour renforcer la relation agriculteur-habitant et les circuits courts, des thèmes ont pris l’ascendant sur d’autres.
Résistance d’élus bio-sceptiques
L’atelier « Approvisionnement des restaurants collectifs en produits locaux : faciliter, généraliser, inciter… » a ainsi mobilisé une belle brochette d’élus, responsables de cantines scolaires, plateformes agricoles et réseaux de restauration. Des prises de parole animées d’où il ressort que l’envie de nourrir nos enfants en produits bios et locaux germe partout en Luberon mais se heurte à trois obstacles : la résistance d’élus et de « cantiniers » bio-sceptiques ; le dialogue perfectible entre établissements scolaires et institutions ; la difficulté d’assurer un approvisionnement pérenne en produits de proximité. Sans parler de la multiplication de structures qui font parfois s’ignorer, à l’échelle d’un territoire, des réseaux qui pourraient parfaitement travailler ensemble…
Communiquer pour essaimer
Du monde aussi aux ateliers « Education au goût », ou « Une alimentation durable pour tous » et des questions légitimes autour de « Comment s’organiser ensemble pour être plus fort ? »… Car rien ne sert d’être convaincu si on ne se donne pas les moyens de faire du prosélytisme pour essaimer. Parmi les interrogations : comment toucher les enfants, l’Education Nationale ? Comment utiliser médias et réseaux sociaux ?… Des idées : co-valoriser les produits locaux à travers l’édition d’un livre (de recettes, par exemple) ; investir les lieux publics ; créer des événements spontanés, via les réseaux sociaux – excellent pour interpeller les non informés ou les sceptiques dans l’espace public (et pourquoi pas à la manière des actions coup de poing d’Act-Up ou des Pussy Riot ?).
Nous ajoutons la nécessité d’un lobbying actif. Car l’industrie agro-alimentaire ne se prive pas depuis des décennies de traquer parlementaires français et européens pour favoriser ses idées, intérêts… et profits.
Plans d’actions
Là est la limite de ce genre de forum, entre gens de même obédience. Le cercle ne s’agrandit pas. Sans doute conscient du risque, le Pnr du Luberon a souhaité transformer ces ateliers en plans d’actions. Neuf ont été formalisés (« Former et installer des producteurs locaux », « Mise en place d’un groupement d’achat citoyen », « Communiquer, faire du lien »…). Et le Parc aussi ces travaux pour compléter sa réponse à l’appel à projets du Programme National d’Alimentation (PNA). Une initiative du ministère de l’Agriculture pour impulser et accompagner des projets territoriaux cohérents avec une alimentation durable. Restera à traduire les intentions dans les actes.
En chiffres
- 1 900 agriculteurs sur le territoire du Parc du Luberon
- 168 000 habitants
- 77 communes
Pour aller plus loin :
- On peut télécharger ici le « Recueil des comptes rendus des discussions, des plans d’actions ».