Nomade Jaume Plensa ANTIBES

Réunis à Antibes le 23 novembre dernier, à l’initiative de DéfisMed, les acteurs du tourisme et de la culture ont ébauché un programme de coopération pour 2022. Pour un écotourisme culturel qui redonne ses lettres de noblesse au mot « voyage ».

DéfisMed œuvre depuis 10 ans à rapprocher les cultures de la Méditerranée, au Nord comme au Sud, pour engager la transition de notre modèle de développement, arrivé à bout de souffle. Et quoi de mieux que le tourisme, activité transversale par excellence, pour soutenir, témoigner, partager et tester la transition dans les territoires. Ce fut le cas, lors de cette journée où de nombreux témoignages d’acteurs français et européens se sont succédé pour tracer une feuille de route de l’écotourisme culturel en 2022.

Partout plus vertueux

A l’instar de la Ville d’Antibes, qui recevait le séminaire au pied du Fort Vauban, l’histoire de la ville, son environnement naturel et ses ambitions nouvelles, convergent vers un tourisme plus vertueux, à la découverte de cette ville cosmopolitique et balnéaire. Sans renier le tourisme littoral, Antibes mise sur ses richesses culturelles aux portes d’espaces naturels d’exception, pour attirer toute l’année.

(Ré)affirmé par de nombreux territoires, ce positionnement devient la norme pour séduire les touristes et rester attractif. Mais pour quelles réalités ?

En Région Sud, les Parcs Naturels Régionaux sont identifiés comme les acteurs prioritaires de l’écotourisme. Gestionnaires d’espaces naturels et lieux de gouvernance territoriale, ils font de la sensibilisation du public, à la fragilité des écosystèmes, leur cheval de bataille. Mais là où s’arrête leur périmètre, quid de l’écotourisme ? C’est bien là le challenge d’aujourd’hui : ne pas devenir élitiste sur certaines portions du territoire, mais déclencher des prises de conscience partout, pour sensibiliser les touristes à la fragilité des milieux qui les accueillent.

La culture comme outil de médiation

Pour Nicolas Monquaut, Brice Duthion et Hervé Parmentier*, « notre terre nourricière est mal en point. Nous avons besoin d’habiter la Terre autrement, de faire appel à notre intelligence d’humains pour inventer de nouveaux modèles ». L’Homme est responsable de ce qu’il entreprend. Lier tourisme et culture doit permettre de produire plus de sens. Loin de la consommation à tout va, des biens comme des territoires visités, il doit y avoir une ambition de valorisation de tous les patrimoines avec des médiations adaptées à chaque public.

SDébat Antibes 231121 Defismed

Débat animé par Eric Raulet, Délégué Général de DéfisMed, entouré de N. Monquaut, B. Duthion et H. Parmentier représentant sur un même plateau, les Ministères de la Culture et de la Transition Ecologique et le Campus des Métiers CCI 06. Crédit AC AUDRA
EN-TETE : Statue monumentale de Jaume Plensa, NOMADE, dominant les fortifications Vauban sur le port d’Antibes. Crédit AC AUDRA

La nature comme la culture sont facteurs de ressourcement et de créativité. Rien ou presque n’existe plus à l’état sauvage. Le mythe de la nature à l’état brut, n’est qu’une illusion. Partout l’Homme a apposé sa main, sur les paysages, les bâtiments, les espaces de nature, pour former des communautés culturelles, que le touriste doit apprendre à découvrir. Pour retrouver du sens au voyage.

De l’implication des populations locales

Une manière de réinventer le tourisme est de réunir les populations locales autour d’un projet de territoire. Le tourisme n’est alors plus seulement une activité économique pratiqué par certains, mais une aménité positive d’un système territorial qui vit de ses ressources (agricoles, artisanales) et valorise ses talents, ses métiers, son histoire et ses patrimoines. Et des réseaux qui œuvrent à la transmission des patrimoines, il y en a déjà un grand nombre : les itinéraires culturels européens, de d’Artagnan aux Phéniciens en passant par la Route de l’Olivier, les Sites et Cités Remarquables de France ou l’Association des Petites Cités de Caractère, pour ne citer qu’eux.

Serres Petit Cité de Caractère

Serres, dans les Hautes-Alpes, entre Alpes et Provence, est une « Petite cité de caractère », témoignant de son histoire depuis le XIIème siècle. Garde-Colombe, dans le 05, l’est aussi. Ce sont les deux seules cités de la Région Sud à être identifiées par le précieux sésame. Crédit Patrick Domeyne Association Petits Cités de Caractère.

Tous ces acteurs ont témoigné de nombreuses années de pratiques à explorer les patrimoines comme supports d’expériences pour livrer des messages de respect des lieux et des hommes. Et ces réseaux sont prêts pour 2022 à coopérer pour être force de propositions, leaders d’un écotourisme culturel ancré dans les territoires.

Révéler pour transmettre

Ganterie Fabre Millau
Historiquement, le travail du cuir est lié à Millau et à son territoire. En témoignent les liens étroits entre les différentes filières qui gravitent autour de l’agropastoralisme. Crédit Maison Fabre.

De France, du Portugal, de Tunisie et du Maroc, les intervenants ont conclu à l’importance de faire du tourisme un révélateur d’identité, et non pas une machine à standardiser. Pour transmettre des passions aux plus jeunes générations. L’un des plus beaux exemples est la reconnaissance en cours par l’UNESCO de la filière de la ganterie en Pays de Millau. Qui réunit éleveurs, tanneurs, artisans et professionnels du tourisme, pour relire leur histoire et la donner en partage aux visiteurs d’aujourd’hui et de demain.

Le tourisme culturel n’est pas seulement un tourisme monumental, mais une manière de participer à une expérience en totale immersion avec la population locale. Il fait rimer culture avec nature, pour entretenir des paysages, préserver des communautés humaines et livrer des témoignages vibrants de patrimoines vivants.

*Nicolas Monquaut, est chargé de mission Culture-Tourisme à la Délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle du ministère de la Culture

Brice Duthion, est co-créateur du MOOC sur le tourisme culturel, manager de la filière tourisme, Campus Sud des Métiers, CCI Nice Côte d’Azur

Hervé Parmentier, est conseiller à la Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature, ministère de la Transition Ecologique

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