A Istres, dans les Bouches-du-Rhône, le Domaine de Sulauze héberge une brasserie artisanale proposant bières classiques et avant-gardistes.
« Bier na wijngeeftvenijn, wijn na biergeeftplezier » ont l’habitude de dire les néerlandophones. Ce qui se traduirait grossièrement par « la bière après le vin empoisonne, le vin après la bière met en joie ». Vous saurez donc par où commencer en arrivant au Domaine de Sulauze. A mi-chemin entre Miramas et Istres, niché sur les collines séparant la plaine de la Crau de l’étang de l’Olivier, cette exploitation viticole, reconnue pour ses cuvées labellisées Demeter, accueille en effet depuis un peu plus de deux ans une brasserie artisanale.
Production et vente sont installées dans une ancienne bergerie surplombant les vignes et le hameau. C’est là qu’officient Guillaume David et Julien Gondard,
deux trentenaires au look mi-hipster, mi-skateur, bien loin des stéréotypes bavarois prêtés d’ordinaire à leur activité. Le premier est un ancien caviste d’un domaine viticole de Sulauze qui en dépit de son passage à la bière a conservé les méthodes écologiques qu’il employait avec le raisin. Les neufs variétés de bière qu’il propose aujourd’hui sont ainsi toutes labellisées bio. Les deux associés travaillent même à la mise au point d’un label Demeter spécifique pour les bières françaises.
Question goût, la Brasserie de Sulauze propose une gamme classique : blonde, blanche, ambrée qui conviendra à la majorité des palais, « mais ce qui nous plait ce sont les bières plus innovantes, expérimentales », prévient Guillaume David.
Une mise en garde de bon aloi car la dégustation de sa cuvée Cabosse aux fèves de cacao, d’une indian pale ale aux notes végétales et à l’amertume sur-intense ou encore de cette Gosilla à la coriandre, au sel de mer et aux ferments lactiques,déstabilisera facilement le néophyte. « Nous essayons de suivre ce qui se fait de plus avant-gardiste en la matière, confirme Guillaume David. Nos références sont surtout des brasseries canadiennes et américaines ». Un parti pris qui se retrouve sur les étiquettes de ces cuvées spéciales. Réalisées par des artistes, tatoueurs ou grapheurs, elles renouvellent, elles aussi, l’image de notre bonne vieille mousse.
Jérémie Guicheney