C’est l’histoire de dauphins, de mers, de vie et de destruction. A l’occasion de la cinquième édition de l’opération Dolphin ByCatch, l’ONG de défense des océans Sea Shepherd publie un turbomédia (récit en images) franc et émouvant. Derrière cette écriture originale, se cache un couple de dessinateurs engagés : Bapa Hagan.
Elle, Delphine Bodet, est illustratrice pour livres jeunesse. Lui, Steven Lejeune, est dessinateur de bandes dessinées. Respectivement originaires de la région parisienne et de Tahiti, ils se sont rencontrés à l’atelier Gottferdom à Aix-en-Provence. Après plusieurs années dans notre région, ils se sont finalement installés à côté d’Hossegor, en Aquitaine.
Sous le nom de Bapa Hagan, ils ont décidé de consacrer leur art et leur temps libre à des réalisations engagées pour la biodiversité dans un format encore mal connu, le turbomédia. Leur dernière création, en collaboration avec Sea Shepherd, vient de sortir. A cette occasion, ils ont accepté de répondre à nos questions.
Bleu Tomate : Bapa Hagan, c’est quoi ?
Delphine : « C’est l’association de deux passionnés. Ça fait sept ou huit ans que l’on travaille ensemble. Le premier projet était celui sur la Civette de Bornéo. On s’est aperçu après, sans l’avoir décidé, qu’on réalisait avec Bapa Hagan essentiellement des projets liés à l’environnement. On développe cela parce que c’est finalement ce qui nous préoccupe. »
Steven : « C’est une histoire de liberté. A la base, c’était en réaction face à des choses qui nous choquent, quand on se disait qu’on ne pouvait pas rester assis à ne rien faire. Non pas que l’on soit déterminants dans ce qui se passe mais au moins on joue un rôle. »
Delphine : « Ce dernier turbomédia avec Sea Shepherd, c’est vraiment ça. »
Ecouter – D’où vient ce nom : « Bapa Hagan » ? (Steven)
Bleu Tomate : Qu’est-ce qu’un turbomédia ?
Delphine : « C’est une sorte de bande dessinée digitale qu’on peut faire défiler soi-même à son rythme. Cela a été créé il y a quelques années par un groupe de dessinateurs avec l’aide de Batraf. Le plus connu est Balak. Au début c’était assez simple. Puis Batraf, qui fait la programmation de tous les turbomédia, a développé des options pour mettre du son, des bruitages, de la musique. Il y avait une demande de la part des dessinateurs et des auteurs d’enrichir ce format. On est à mi-chemin avec la vidéo, c’est un média hybride ».
Steven : « Ce n’est pas de l’animation parce que le lecteur n’est pas simplement passif. On n’est plus dans la bande dessinée, à chaque fois c’est un plein écran. »
A écouter – Pourquoi avoir choisir de faire des turbomédia ? (Delphine et Steven)
Bleu Tomate : Comment est né ce dernier projet avec Sea Shepherd ?
Delphine : « C’est moi qui l’ai initié et mené. Par engagement, par conviction idéologique. Je les ai contactés pour travailler ensemble. Ils ont beaucoup aimé ce qu’on avait fait sur des projets similaires, qui concernaient d’autres lieux, d’autres animaux mais déjà liés la biodiversité. Ils ont voulu faire la même chose. Ils m’ont laissé carte blanche mais ce sont eux qui m’ont demandé de travailler sur les dauphins, par rapport à l’opération Dolphin by catch qu’ils animent sur les côtes atlantiques françaises. On est partis là-dessus. Et ça m’allait très bien parce que j’admire vraiment ce qu’ils font. Je trouve que ce sont les plus « pirates ». Je crois qu’ils ont mis une phrase de ce genre sur leur site : « maintenant il n’y a plus que l’action qui va faire la différence, parce que demander poliment, gentiment, politiquement des changements, ça ne marche pas ». Eux, ils restent dans les règles mais ils sont plus offensifs dans leurs actions. Ils font bouger les choses. »
Bleu Tomate : Comment as-tu mené ton travail pour cette bande dessinée digitale interactive?
Delphine : « Je me suis un peu pris la tête au début parce que je cherchais l’angle d’attaque pour intéresser les gens et je voulais vraiment parler de l’océan en général. Je voulais faire comprendre le rôle clef d’une espèce comme les dauphins, qui est ce que l’on appelle une « espèce parapluie ». Ça signifie que si elle disparait, plein d’autres espèces vont disparaitre avec elle. C’est dramatique. Je voulais sensibiliser là-dessus. C’est pour ça que je suis partie sur l’histoire du phytoplancton, qui produit avec les arbres la majorité de notre oxygène sur terre. Préserver les dauphins ce n’est pas rien, c’est préserver l’écosystème des océans. Je me suis donc beaucoup renseignée, je ne voulais pas dire de bêtises. J’ai écrit à Pelagis et Animal Fund qui m’ont donné des informations sur le rôle des mammifères marins dans les océans. Je me suis informée sur ce côté scientifique pour être précise et partir du général pour aller vers les dauphins en particulier. »
Bleu Tomate : A qui est-elle destinée ?
Delphine : « Elle est destinée à tout le monde, mais elle s’adresse particulièrement aux enfants. Elle est disponible sur les réseaux sociaux et je pense qu’ils vont la diffuser sur YouTube. Sea Shepherd kids va s’en servir auprès d’un public jeune, dans les écoles ou dans d’autres circonstances. On se posait la question de savoir à partir de quel âge on peut faire regarder ce film. C’est difficile à évaluer. Aujourd’hui les enfants ne sont plus comme nous on était. Moi j’avais dit neuf ans, mais je pense qu’un peu plus jeune, ça peut passer. »
Bleu Tomate : Feriez-vous des turbomédia pour Bleu Tomate ?
Steven : « Oui ! »
Delphine : « Ben oui carrément ! »
Pour découvrir ce turbomédia cliquez sur l’image.