Pour agir, il faut savoir… Et si les connaissances existent, dispersées, quoi de mieux que de les rassembler, les mutualiser et les mettre au service des acteurs de terrain aux prises avec les problèmes réels ? C’est la démarche de Donut Infolab, basé à Marseille.
Les objectifs de Donut sont clairs et enthousiasmants : la transparence et le partage des données. Pour qu’elles ne restent pas entre les mains des groupes internationaux. Et que chacun, non seulement puisse y avoir accès, mais aussi les utiliser au mieux. Car au-delà des simples statistiques, ce sont de vrais outils qui sont conçus.
L’initiative revient à l’association Donut Marseille, en lien avec l’entreprise Natural Solutions. La première milite pour l’éducation et la compréhension des données. La deuxième a pour métier la gestion des données de biodiversité.
Autour de ce projet, une cinquantaine de personnes, avec le soutien de la région PACA et du Museum d’histoire naturelle de Paris.
Mettre en commun le savoir
« Nous voulons que les données soient l’affaire de tous, c’est un enjeu de démocratie, explique Olivier Rovellotti, président de Donut Infolab et directeur de Natural Solutions. Nous avons choisi de décliner les Objectifs de Développement Durable définis par l’ONU en 2015. Chaque objectif est traité en atelier ».
Dans la pratique comment ça marche ? Sur un thème donné, des informaticiens rencontrent des professionnels et toutes personnes intéressées dans des ateliers.
Après la démocratie, l’égalité des sexes ou encore le logement, le thème pour cette année est la biodiversité.
La biodiversité pour thème
Ces ateliers prennent la forme de rencontres (en ce moment, plutôt en visio, pour cause de Covid). Elles ont lieu un mardi sur deux, à 17h. Sujet du mois : l’agriculture. Et en particulier la permaculture. Appel est lancé aux agriculteurs en proie à des problèmes. Leur témoignage ou leurs questions seront passés au crible des données des informaticiens. Objectif : proposer des solutions concrètes.
Exemple : le permaculteur s’interroge sur son écosystème, cherche à identifier auxiliaires et prédateurs… Passées à la moulinette des informaticiens, les connaissances déjà établies produiront des outils d’aide.
Partager des expériences
Ou, au contraire, les agriculteurs apporteront des connaissances qui pourront être mises en commun… Car un peu partout, il existe des gens qui savent, c’est « le savoir tacite »… Une mine d’informations qui ne sont pas encore dans les bases de données et ne profitent pas à la collectivité.
Olivier Rovellotti en convient, « on ne résoudra pas tout par l’informatique ». Reste qu’aux yeux des militants de Donut Marseille, l’information est primordiale. Et plus elle est partagée, plus on élève le niveau de culture et d’éducation des citoyens. De ce point de vue, l’InfoLab est aussi précieux que ses cousins, les FabLab…
Trouver des solutions
D’autant que leurs actions ne se limitent pas à l’information. Grâce aux ateliers, ils ont déjà produit applications et plates-formes. Ici une appli pour l’auto-diagnostic des taudis, là un capteur d’écoute nocturne ou encore des infographies sur les conditions de circulation à vélo dans Marseille. Cela après une action conduite avec le collectif Vélos en Ville…
Alors, avis à toute personne tentée par le challenge. Il suffit de s’inscrire. Et de participer ainsi à une belle aventure collective au service de la biodiversité et du mieux-être général sur la planète. Chiche ?
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Pour aller plus loin
Hack4Nature
Ce grand Hackathon* virtuel sur la biodiversité se décline en 4 thèmes : la nuit, la ville, l’agriculture et la mer. Et après la permaculture en avril, seront au programme l’éco-consommation puis les cantines. L’idée est de lutter contre l’érosion de la biodiversité, en mettant à son service l’intelligence collective et les nouvelles technologies.
Tout le monde est invité à participer : chercheurs, agriculteurs, paysagistes, écologues, usagers, développeurs, codeurs, graphistes, designers, botanistes… La liste n’est pas exhaustive ! Les rencontres permettent de former des équipes pluridisciplinaires. Une fois le challenge posé, elles vont travailler à proposer des solutions d’ici la fin de l’année.
*Le terme hackathon est la contraction de « marathon » et « hacker », il désigne, selon la définition
proposée par Datactivist : « un événement pendant lequel des personnes se rassemblent pour résoudre des problèmes, classiquement en développant des outils informatiques mais pas nécessairement. A cette occasion, des données sont mises à disposition et constituent le matériau essentiel du travail des participants. C’est un format de co-création, associant sur un temps court des profils et des compétences diverses au sein d’équipes projet, dans une ambiance de travail conviviale, sous le signe de l’intelligence collective, du partage de compétences et de connaissances».
Donut Marseille
Basée dans la cité phocéenne, l’association travaille un peu partout en France et aussi à l’international. Elle veut mettre les données au service des communs.