Installés à Cotignac, en centre Var, sur une ferme agricole diversifiée, Guilhem et François-Xavier Guiller, frères dans la vie, nous racontent l’aventure agro-écologique. La leur mais aussi celle du territoire.
Depuis le début, c’est-à-dire en 2015, la Maison Patoulatchie, « c’est plus qu’un métier, c’est un projet de vie avec pour ambition de faire revivre des savoir-faire endémiques et ancestraux ». Maraichage, arboriculture, viticulture, pastoralisme, ils testent et apprennent au fil des saisons et des rencontres avec les agriculteurs et acteurs locaux de la Provence Verte.
En route vers la diversification
En 2015 donc, ils commencent par le maraichage bio. Puis au gré des opportunités foncières, arrive une activité de pépiniériste et d’arboriculture. Mais le chemin est long, car les travaux de remise en culture sont fastidieux. « On en a passé des heures à préparer la terre, à convertir des parcelles menées en conventionnel ». Ils commercialisent leur production à la ferme et sur les marchés voisins. « C’est important d’être présent localement, mais ce n’est pas simple car on est en concurrence directe avec des revendeurs. Même si la qualité est là, il n’est pas évident de se battre sur les prix. Et puis, on ne le veut pas. On cherche à proposer autre chose. A faire revivre des variétés anciennes, à les faire découvrir aux consommateurs ».
Des produits gourmands et identitaires
Les deux frères se lancent dans la transformation de leur production pour proposer une gamme d’épicerie fine salée et sucrée. Sur leur boutique en ligne, lancée pendant le confinement du printemps, on trouve tous ces produits gourmands : huile d’olive, confiture de figues de Salernes, de Prunes de Brignoles, marmelade d’orange, pur jus de raisin, compotes et la fameuse pâte de coings. Fort de ces produits identitaires qui donnent un positionnement fort à la Maison Patoulatchie, Guilhem et François-Xavier veulent agrandir leur gamme en 2021 avec des conserves de légumes dont les fameux « légumes ratatouilles ».
Le coing, produit culturel
Le coing de Cotignac est caractéristique de ces variétés locales emblématiques. « C’est un produit culturel, avec ses recettes, ses adeptes et même une confrérie, qui attendent chaque année avec impatience la fameuse Fête du Coing de Cotignac », fin octobre.
Cette année, malgré le contexte, elle s’est déroulée presque comme d’habitude, un clin d’œil à ces traditions qui transcendent les restrictions actuelles. Le coing, c’est aussi le programme « Vergers d’Avenir » piloté par le Conservatoire Méditerranéen Partagé. Il a pour objectif la conservation d’espèces cultivées patrimoniales et des savoir-faire qui y sont associés. Une manière de réduire la dépendance des territoires et d’augmenter leur résilience face au changement global, en misant sur des filières agricoles locales et autonomes.
Une aventure collective et humaine
Le duo propose aussi de participer à leur travail quotidien, pour les amis de passage ou les voisins. « Mettre les mains dans la terre, c’est une manière de retrouver des gestes anciens et de voir le monde autrement. C’est enrichissant pour tous et très fédérateur ».
Ces ateliers, improvisés au départ, se transforment en conseils aux jardiniers et aux professionnels voisins. « On voit bien que le monde viticole cherche aussi à se diversifier. De grands domaines lancent leur potager ou d’autres cultures. Il y a un changement qui s’opère depuis quelques temps pour sortir de la mono-culture viticole locale ». Une activité complémentaire d’accueil et de prestations de conseils se dessine. Un axe de développement pour pérenniser la Maison Patoulatchie qui a toujours fait de son autonomie financière un pilier de son développement.
2021, en mode guinguette
Si depuis 5 ans La Maison Patoulatchie organise un festival local du champ à l’assiette, qui rassemble de plus en plus de visiteurs, cette année, crise sanitaire oblige, il a été réduit à une journée intimiste avec les voisins engagés.
Mais rien n’arrête les frères Guiller, qui se prennent à rêver de l’édition 2021, avec animation festive et petite restauration locale. Une autre activité qui pourrait faire des émules, chez les adeptes du bon, du bio et du local, pour des assiettes gourmandes et durables. La dynamique est bien engagée et ce n’est pas un virus qui va l’arrêter.
Pour aller plus loin
Mais d’où vient le nom de Patoulatchie ?
François-Xavier et Guilhem ont de l’énergie et des convictions. Mais ils ont aussi de l’humour et c’est du côté du fameux trio des Inconnus qu’il faut chercher l’origine du nom : le brigadier-chef Patoulatchie, « agent de la paix avant tout ». Parce que les agents de la paix et les agriculteurs sont des professionnels essentiels à la société, ils ont opté pour ce nom décalé qui résonne pourtant avec l’art de vivre en Provence.
Bravo et comme on dit en Afrique » bon travail » !! Je passerai vous voir mardi au marché du village ..