L’initiative est originale et exemplaire. Sur ce territoire, agriculteurs, élus, techniciens et chercheurs ont créé il y a deux ans un forum ouvert. Objectif ? Bâtir une agriculture capable de s’adapter et même d’atténuer le changement climatique. Premier bilan tiré lors du salon, mercredi 14.
La conférence a débuté par la projection d’une adresse du climatologue Jean Jouzel. Le ton était donné. Parmi les intervenants, plus aucun doute ni sur les causes humaines du réchauffement climatique, ni sur ses conséquences pour l’agriculture, dans le Ventoux comme ailleurs …
Un réchauffement à l’œuvre
Les viticulteurs par exemple constatent l’impact de la chaleur et de la sécheresse sur leurs raisins. Face à cette nouvelle donne, et sous l’impulsion de la Chambre d’agriculture du Vaucluse, l’ensemble des acteurs du territoire du Ventoux se sont réunis, en mars 2019.
A partir des questions des producteurs, une dynamique se met en place. Scientifiques, techniciens, mais aussi les élus de la Communauté de communes de Carpentras et le lycée agricole Louis Giraud s’emparent du sujet. On affiche des objectifs, on met en place des groupes de travail, on dessine des pistes d’action…
Un collectif porteur d’actions
« Une aventure humaine transversale, un vivier de bonnes volontés qui a innervé le quotidien des acteurs et eu un effet boule de neige », témoigne Frédéric Chaudière, président de l’AOC Ventoux. Pour Ken Reyna, directeur du Parc naturel régional du Ventoux, « la réponse au niveau du territoire est indispensable, au même titre que l’action au plan national et international ».
Pour Inaki Garcia de Cortazar, chercheur à l’INRAE, le forum a permis aux agriculteurs d’être écoutés et aux scientifiques d’intégrer leurs questions dans leurs travaux. Mais aussi de voir leurs propositions mises en œuvre sur le terrain. Le chercheur voit dans « ce travail de co-construction d’un plan d’adaptation au changement climatique un outil de travail pour les années à venir, et un modèle à reproduire sur d’autres territoires ».
14 initiatives
Les intervenants ont présenté six des 14 actions lancées par le forum. Parmi celles-ci, la plantation d’arbres, qui favorisent la biodiversité et apportent de la matière organique autant que de l’ombre. Une quinzaine d’agriculteurs s’investissent dans cette action et la création d’un GIEE facilite les choses.. Des formations sont prévues début 2021. Les plantations devraient suivre, y compris sur les friches et délaissés. Histoire de fixer le carbone.
Autre initiative, celle qui concerne la vigne et le vignoble. En cours d’études, des techniques de brumisation et d’ombrage semblent prometteuses. Il s’agit de limiter la contrainte hydrique et le stress thermique. Mais également de retarder la maturité, tout en conservant les rendements et la qualité.
Encore une autre piste, celle de la diversification arboricole, avec notamment la plantation de pistachiers. Lancée depuis 2017 par quelques producteurs, l’idée fait son chemin, désormais soutenue par un projet FEADER. La pistache semble bien présenter l’intérêt économique, agronomique et écologique souhaité.
Avancer tous ensemble
Optimiser la gestion de l’eau, travailler à économiser l’énergie et investir dans les renouvelables… autant d’autres pistes d’actions développées par le forum.
En conclusion de cette conférence, Georgia Lambertin, la présidente de la Chambre d’agriculture du Vaucluse pouvait se réjouir de la dynamique en marche sur le territoire du Ventoux. « Il est impératif que les agriculteurs soient informés des conséquences du réchauffement climatique sur leur travail. Il faut aussi les accompagner, car ils ne pourront aller vers la résilience de leurs exploitations tout seuls » concluait-elle.