L’ancien maire du Thor (84) n’exerce plus aucun mandat politique mais il est un jeune retraité très actif. Il porte un regard d’expert engagé sur l’agriculture et l’environnement en Provence….
Dans la famille, radical-socialiste du côté du père et plutôt de gauche du côté de sa mère, on discutait beaucoup et on avait un penchant pour la chose publique. Ajoutez Mai 68 qui percute le jeune Jacques alors âgé de 15 ans : « Ca m’a achevé ! » confie-t-il.
Une immense curiosité, un besoin de comprendre comment ça marche, pour pouvoir agir et changer les choses : voilà le moteur de ce fils et petit-fils d’agriculteur, qui a fait carrière comme salarié dans le secteur bancaire agricole profession.
Résultat : un engagement permanent, associatif, syndical et politique. Au moment des évènements de Creys-Malville, il se forge une conviction antinucléaire qui ne faiblira jamais et l’amène aux côtés des Verts.
Elu au conseil municipal du Thor en 1993 et jusqu’en 2015, il est maire de 2008 à 2014. Elu à la Région PACA de 2005 à 2015, il dirige la commission Agriculture, Forêt, Mer Pêche et Littoral. Militant syndical, il est cofondateur de SUD. Il siège à la Chambre d’Agriculture du Vaucluse et à la Mutualité Sociale Agricole (MSA). Membre d’ATTAC, du Réseau Sortir du Nucléaire et de l’Amicale Laïque, il a aussi longtemps dirigé l’association « Le Thor autrement ».
Un homme de conviction…
Dans tous ses mandats, Jacques Olivier défend sa vision de l’agriculture et du monde en général. Pour lui, les préoccupations sociales et environnementales sont inséparables et dans le combat pour l’écologie, produire et nourrir sont bien les actes de base. « L’agriculture pose toutes les questions : l’eau, l’énergie, la pollution, les OGM. C’est la porte d’entrée où l’on retrouve la finance, les marchés spéculatifs … Et même la démocratie à travers les OGM ou le gaz de schiste et d’autres décisions qui échappent aux citoyens. »
Même si beaucoup de signaux sont à l’orange voire au rouge en matière environnementale, Jacques Olivier veut rester optimiste. Mais « il faut dire la vérité aux gens… Partage et solidarité sont nécessaires, il faut consommer mieux et autrement. Toujours plus de production n’est pas tenable ».
Et le militant ex-élu, s’il croit aux mouvements citoyens, n’est pas tendre avec les donneurs de leçon. « Les gens doivent bouger à la base et pousser les élus, les convaincre, eux et aussi les superstructures (Etat, administration, Europe…), mais ceux qui critiquent les politiques n’ont qu’à se présenter ! Et qu’ils commencent par agir dans leur commune ».
Et rien de mieux pour l’exercice de la démocratie que l’éducation et la formation, à l’école certes, mais aussi auprès des élus.
… et d’action
Pendant ses mandats à la Région, Jacques Olivier a beaucoup œuvré pour une agriculture saine, notamment par la promotion du bio, avec le programme « Produire et manger Bio » lancé d’abord dans les lycées agricoles et hôteliers. Il a aussi travaillé au financement de légumeries dans les établissements scolaires, pour l’aide à la structuration de la filière bio et à la promotion d’organismes telles que Terre de Liens ou la Ferme de la Durette, pilote en agroforesterie. Sous son mandat, la Région s’est déclarée sans OGM.
La ville du Thor a fait de même, par arrêté municipal. Les produits bio sont entrés largement à la cantine, une cuisine centrale en liaison chaude a été installée. Autre décision, les réunions mensuelles ouvertes aux citoyens, afin que vive la démocratie. Un bilan dont l’ancien élu n’a pas à rougir, même si ces initiatives n’ont pas été poursuivies par les nouvelles équipes.
Sujets d’inquiétude
A l’échelle de la Provence, le militant Vert continue à suivre les dossiers : gaz de schiste, où certains permis en sommeil n’attendent que d’être relancés, y compris dans le Parc Naturel du Luberon ! Ou encore celui de la centrale biomasse de Gardanne, abusivement « verte » selon lui. Une structure qui déstabilise la filière bois locale, difficilement mise en place et fragile. Sans parler des petites communes équipées de chaudières à bois qui ne trouvent plus de combustible, concurrencées sur les marchés par Uniper (ex-Eon), le géant gestionnaire de la centrale.
Autre motif d’attention pour Jacques Olivier, la question des déchets. « Tout reste à faire, il faut mettre le paquet sur le recyclage, produire moins et différemment »
En Provence comme ailleurs, « il faudra choisir entre une société ouverte, laïque, solidaire et écologique ou le fascisme ». C‘est la conclusion de ce père de 4 enfants , 4 fois grand-père. En novembre 2014, le ministre Stéphane Le Foll lui a remis le Mérite Agricole. Un joli pied de nez aux institutions pour ce trublion qui affirmait à cette occasion : « Mon histoire, mes convictions m’ont amené à défendre une agriculture économiquement viable, socialement juste et productrice d’un environnement de qualité,… plus particulièrement l’agriculture biologique, et ce de façon volontariste… et contre les OGM de façon toute aussi volontariste ».
Et une vraie petite joie, car il est la 4ème génération familiale à recevoir cette marque de reconnaissance.
Pour aller plus loin !
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