Laurent Ajello est un fervent défenseur de la Sainte-Baume. Sa montagne, il l’aime, comme ses brebis qui cavalent sur les pentes raides du massif à la belle saison. Un adepte des circuits courts, aussi, qui chouchoute ses bêtes pour notre plus grand bonheur et celui de nos papilles.
Il est de ceux qui sont nés ici. Un grand-père métayer, un oncle berger. Une enfance au grand air de la Provence, au pied de la montagne sacrée. Il avait la voie toute tracée. Et pourtant, il travaille d’abord quelques années dans l’informatique. Mais en 1995, il décide de revenir à ses racines.
Les circuits courts ne faisaient pas encore recette
Dans un pays de vignes, il commence comme coopérateur. Il produit aussi du foin pour des centres équestres voisins. Mais de son propre aveu, c’est un échec. « Je n’étais pas en phase. Je n’allais pas au bout des choses. Ce n’était pas mon projet. J’avais déjà des convictions et elles n’étaient pas assez présentes dans ma vie quotidienne ».
Il s’installe en 2010 en transformation laitière ovine à Gémenos. S’occuper des bêtes, les mener dans la colline et faire son fromage, c’est la vie qu’il veut. Il reprend une formation, constitue son cheptel et décide de commercialiser en direct. Pour être au plus près des consommateurs et leur expliquer sa démarche. Transmettre sa passion aussi, car il veut faire vivre SA montagne.
La Sainte-Baume comme terrain de jeu
Son cheptel est constitué de 150 brebis et 4 béliers de races rustiques bien adaptés au climat et au relief local (races Corse, Mourerous ou Lacaune). Sept mois dans l’année, vous ne le verrez pas « à la ville ». Il est dans la colline, pour faire paitre ses bêtes.Son souci premier : le fourrage, qu’il veut à 100% en Sainte Baume. Une quinzaine d’hectares cultivés et plus de 285 hectares de parcours assurent son approvisionnement.
Sur le versant nord où les terrains sont majoritairement privés, il s’entend avec les propriétaires. Sur le versant sud, c’est avec l’Office National des Forêts qu’il contractualise ses terres de parcours, au cœur de la Sainte-Baume reconnue comme Forêt d’Exception.
L’approvisionnement en eau et la prédation du loup sont ses autres préoccupations majeures. « Aujourd’hui en Sainte-Baume, il faut composer avec les acteurs du milieu, humains comme animaux. Ce n’est pas toujours facile, mais on trouve des solutions ». Il perpétue ainsi une pratique ancestrale, en étant le seul berger sur le site.
Une vie engagée
Il transforme lui-même le lait en une gamme de fromages, yaourts, brousse, crème et beurre. Il propose aussi de la viande en colis pour Noël et Pâques, sur commande. Et pour l’été, des merguez et chipolatas, tout à fait adaptées à la demande. Il commercialise sur son exploitation, sous la marque « Jardin du Pays d’Aubagne », sur les marchés et dans le magasin « Chez les producteurs » à Aubagne. Ce qui lui donne le goût du collectif. Une autre aventure !
C’est un homme de convictions, très ouvert et très engagé. Il a finalisé sa conversion en Agriculture Biologique. Il est reconnu pour son action par la Marque « Valeurs Parc » portée par la Fédération des Parcs Naturels Régionaux de France. Également administrateur à la Maison Régionale de l’Elevage et Président de Brebis Lait Provence, il se met au service du collectif. Il partage, innove, discute et agit. Il est de ceux qui font avancer la filière, vivre un territoire et transmettre leur métier.
Fin août, il part en transhumance dans la colline. De Gémenos à Riboux en passant par ses deux bergeries, il va vivre sa vie de berger. Dormir à la belle étoile au milieu de son troupeau. Pour perpétuer les cycles de la vie et concocter des fromages savoureux au bon goût du pays. Une histoire simple, mais si précieuse. Pour inventer une nouvelle vie en Sainte-Baume.
Laurent Ajello
13240 Gémenos
06 71 02 65 02
POUR ALLER PLUS LOIN
Maison Régionale de l’Elevage mrepaca.fr
Brebis Lait Provence brebislait.com/historique
Fédération des PNR parcs-naturels-regionaux.fr/qui-sommes-nous/la-federation-des-parcs
Foret d’Exception ONF onf.fr/onf/communes-et-collectivites/+/40::le-label-foret-dexception-une-demarche-nationale.html