C’est l’un des objectifs du jeune parc naturel : favoriser l’agroécologie et la biodiversité fonctionnelle sur le territoire. Depuis 3 ans, plusieurs actions permettent rencontres, partages d’infos et conseils techniques. Reste à généraliser les bonnes pratiques.
Tout a commencé par des journées techniques, proposées par le PNR Sainte-Baume et destinées aux producteurs. Au menu des discussions : l’agroécologie, autrement dit une approche écologique de l’agriculture, moins impactante, et capable de rendre les systèmes plus résistants.
« La biodiversité fonctionnelle, précise Alaric Stephan, chargé de mission Agriculture au Parc de la Sainte-Baume, envisage la biodiversité comme un atout pour l’agriculture. Elle permet par exemple de limiter les ravageurs, d’améliorer la qualité des sols, et donc des cultures qui y poussent ».
Changement climatique déjà à l’oeuvre
Une réflexion rendue nécessaire par les changements climatiques déjà à l’œuvre : moins d’eau, plus de chaleur, nouvelles maladies… Une réflexion qui s’appuie sur le contexte géographique local. La forêt recouvre majoritairement le territoire. L’agriculture se déploie seulement sur 12% de la surface (quand la moyenne nationale est de 56%).
Si la forêt abrite encore une activité sylvo-pastorale, c’est la viticulture qui domine. Dans les interstices, céréales et maraîchage. Une situation peu favorable à l’autonomie alimentaire, pourtant axe prioritaire pour le Parc et les communes qui le composent. « La diversification environnementale est un enjeu majeur, il s’agit d’encourager les changements de pratiques. D’ailleurs le mouvement est déjà amorcé depuis une dizaine d’années » constate Alaric Stephan.
Des pionners engagés
Après les journées techniques, sous la forme de visites chez les différents producteurs intéressés (35 au départ), le Parc et ses partenaires (voir ci-dessous), ont mis en place, auprès de 10 producteurs volontaires, des diagnostics agroenvironnementaux et énergétiques. D’ici à la fin de l’année, les résultats seront restitués et des réponses et initiatives proposées. Par exemple des fiches pratiques illustreront chaque action spécifique, afin qu’elles soient reproduites ailleurs.
Parallèlement, en partenariat avec le CEN PACA, un inventaire sera réalisé. Il portera sur les plantes, les insectes, les oiseaux et les chauves-souris. « A partir de ces inventaires, le CEN fera des préconisations, comme l’installation de haies, de fossés, de zones humides, explique le chargé de mission. L’idée est d’intégrer plus fortement les fermes dans leur environnement ».
Des services rémunérés
Dernière action en faveur de la biodiversité sur le territoire du Parc, la mise en place des Paiements pour Services Environnementaux (PSE), à l’initiative de l’Agence Régionale de l’Eau. Elle prévoit des contrats sur 5 ans. Ici aussi, tout partira d’un état des lieux.
Puis, on mesurera les progrès réalisés, à partir de 6 indicateurs. Par exemple, les Infrastructures Agro Ecologiques (IAE), comme les haies, mares ou friches, mais aussi l’enherbement, ou encore la réduction des intrants chimiques. Et la puissance publique rémunèrera ces services autour de 100 à 300€/ha/an.
Un riche patrimoine hydrogéologique
Une incitation susceptible de recevoir l’adhésion des agriculteurs. Il faut dire que la question de l’eau est primordiale. Le massif de la Sainte-Baume constitue un réservoir d’eau potable de 5 millions de m3. Une richesse, mais une ressource fragile qu’il convient de protéger notamment de la pollution chimique.
L’action « agroécologie » conduite par le Parc porte déjà ses fruits. Mais il lui faudra convaincre au-delà des premières démarches individuelles. Le principal frein reste un certain conservatisme. Même si le changement de mentalités est déjà en cours, notamment au sein des municipalités et de la population.
Sensibiliser tous les acteurs
Alors, pour emporter encore plus d’adhésion, le Parc proposera fin septembre un film réalisé à partir de portraits de quatre agriculteurs engagés dans le changement (un maraîcher, un céréalier, un oléiculteur et un viticulteur). Manière de sensibiliser à la fois la profession et le grand public. Projection du film le 27 juillet, à l’occasion du Grand Piknik du Parc, dans le cadre d’une table-ronde.
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Pour aller plus loin
Les partenaires techniques de l’action « Agroécologie » du PNR Sainte-Baume : Réseau Bio de Provence, Chambres d’agriculture 13 et 83, CETA du Pays d’Aubagne, Promonature, GRAB, SCRADH et Conseil de Parc.
Les partenaires financiers : la DREAL et la Métropôle Aix-Marseille-Provence.