Dans un monde paysan où certaines vérités d’un jour ne sont pas toujours celles du lendemain, les agriculteurs doivent s’adapter. Et c’est souvent en se réunissant qu’ils y parviennent le mieux. Exemple avec ce groupement du plateau de Valensole, qui diversifie ses cultures au-delà de la lavande pour mieux protéger les sols.
Un Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental (GIEE) est conçu pour « penser » les sols. Le sol est le partenaire de l’agriculteur. Il a besoin d’être nourri, protégé, bichonné. Le réchauffement climatique et les nouvelles attentes des consommateurs poussent les agriculteurs à revoir leurs pratiques. Réduire les intrants chimiques, utiliser moins d’eau, tout en alimentant les sols en matières organiques.
Le GIEE « Essen’sol »: « un sol pour tous, tous pour un sol » est un groupement de 6 exploitations. Il rassemble 12 jeunes et anciens agriculteurs du plateau de Valensole. Denis Vernet en est le président. Ils ont commencé par diversifier les cultures qui traditionnellement se concentraient sur le blé et le lavandin. Désormais, ils produisent des plantes aromatiques et médicinales comme l’immortelle, l’origan, la sauge officinale, le fenouil… Ils rentabilisent ainsi les rotations et la distillerie fonctionne plus longtemps dans l’année. Elle produit de l’huile essentielle à plus forte valeur ajoutée que le blé, qui subit les affres des cours mondiaux.
Pour réinventer la façon de traiter le sol, différentes techniques sont mises en œuvre dans la même période. C’est l’objectif du groupement de tester, évaluer et trouver la technique qui sera la plus efficiente.
Longtemps, toutes les herbes qui n’étaient pas LA culture étaient considérées comme concurrentes et « mauvaises herbes ». Aujourd’hui, la technique de l’enherbement est explorée car elle apporte de nombreux avantages. Le couvert végétal protège les sols des épisodes de fortes pluies (de plus en plus fréquentes), protège aussi des stress thermiques et apporte de la matière organique.
C’est toute la plus-value du GIEE de créer des protocoles, de sortir des croyances, de faire des expériences afin de toujours faire évoluer les pratiques. Objectif ? Maintenir le fragile équilibre entre nature environnementale, agronomie, économie et lien social. Où comment certains agriculteurs savent évoluer et réinventer leurs pratiques.