A Eygalières, village prisé de quelques célébrités, Marie Falquet cultive 3 ha de plantes aromatiques et médicinales autour de son mas provençal. Un jardin qu’elle réserve aussi au public, histoire qu’il redécouvre les plantes et les arbres typiques des milieux méditerranéens.
C’est un mas provençal dans toute sa splendeur. Pas léché-restauré comme le sont ces vieilles bastides de stars fortunées, confiées à des architectes rompus au design fignolé. Un mas immense, rénové aussi mais resté « campagnard », avec cette patine agricole qui fut longtemps sa vocation. Pour partie, la demeure date de 1572. C’était le pigeonnier d’un mas voisin. Sa gigantesque pièce à arcades, au rez-de-chaussée, follement rustique, témoigne de la présence d’une ancienne étable.
Un jardin un peu fou
A l’étage trône l’habitation, comme jadis. Au dessus, c’est l’ancien grenier à soie, une activité aujourd’hui oubliée dans les Alpilles qui fût pourtant aussi vivace que dans les Cévennes voisines. Autour, c’est la « jungle ». A l’arrière de la bâtisse se dressent de gros platanes et un magnifique tilleul. Au-delà se déploie un jardin un peu fou, moitié libre de croître à sa guise, moitié ordonné en cultures.
Agricole, esthétique et pédagogique
C’est dans ce cadre idyllique que Marie Falquet a entamé une nouvelle vie en 2012. « A l’époque, je travaillais dans le spectacle, je parcourrai des centaines de kilomètres. J’ai décidé de tout abandonner pour concevoir un projet agricole, en me rapprochant du Parc naturel régional ». Le PNR l’encourage dans sa démarche de créer, sur les 3 ha de terrain, un jardin de plantes aromatiques et médicinales. Elle bénéficie même d’un soutien à travers un programme européen LEADER. Marie qualifie son projet d’agricole, d’esthétique et de pédagogique.
Calendula, géranium rosa, agastache…
Esthétique, le jardin l’est, assurément ! Y déambuler, c’est oublier le stress et raviver les souvenirs d’une biodiversité devenue rare.
C’est prendre plaisir à (re)découvrir des plantes connues ou discrètes, le thym, le romarin, le basilic, la ciboulette, l’estragon, la menthe poivrée, la verveine, la mélisse, le millepertuis mais aussi la calendula, le géranium rosa, l’agastache… Des plantes cultivées en bio selon le principe de l’agriculture syntropique (ou agroforesterie successionnelle). Une technique qui permet d’occuper les sols toute l’année. Le reste du jardin vit sa vie entre hautes herbes, petites planches en bois sur rigoles d’irrigation et tunnel végétal.
Sirops, confitures, macérats , bonbons…
Pas de doute non plus, le projet est aussi agricole. Marie Falquet emploie une personne à plein temps et une autre à mi-temps sur l’exploitation.
Ces salariés sont rejoints au fil de l’année par des stagiaires de lycées agricoles ou de centres de formation, et par des woofers. Elle transforme ainsi ses plantes en produits de bouche et cosmétiques dans un labo éco-construit au milieu du jardin. « Nous fabriquons une gamme de sirops, des confitures, des macérats huileux, des hydrolats, des bonbons… Ces produits sont distribués dans quelques hôtels et restaurants des Alpilles ». Séchées au grenier du mas, certaines plantes sont pré-vendues à des grossistes qui les distribuent en hôtellerie de luxe.
D’autres sont destinées à la marque d’aromathérapie et de cosmétique bios Florame, basée à Saint-Rémy-de-Provence. « La demande dépasse largement l’offre », constate Marie, qui ne veut pas pour autant entrer dans des cycles de productions « intensifs ».
Ouvert de mars à octobre
Enfin, le projet est éducatif. De mars à octobre, le public peut visiter le jardin en solo à l’aide d’un livret payant (19 € pour deux ; 29 € pour quatre, et on peut même pique-niquer). Celui-ci le guide à travers un jeu d’identification de huit plantes.
Marie Falquet reçoit aussi des scolaires (de nouveaux outils pédagogiques sont en cours de création) et organise quantité d’ateliers de formation, de cueillettes sauvages, de vannerie… en direct ou avec l’aide de prestataires (chefs de cuisine…). La taille du mas lui a même permis d’aménager trois gites. On imagine le plaisir à séjourner ainsi en pleine nature, si proche et pourtant si loin des « mondanités » de Saint-Rémy-de-Provence…
Mas acheté par sa mère en 1974
Vous vous demandez peut-être comment Marie Falquet a pu construire un tel lieu dans un endroit où le foncier agricole, réputation d’Eygalières oblige, atteint des sommets.
Mais Marie n’a pas acheté le mas… C’est sa mère qui l’a fait, après un divorce et un désir de retour à la campagne, en 1974. Une époque où les Alpilles étaient encore accessibles. Marie y est arrivée enfant, y a grandi puis est partie faire ses études (DESS de gestion des institutions culturelles) et vivre sa vie autour du monde, jusqu’à devenir pilote de petits avions en Australie ! Le retour aux sources s’est fait à 33 ans, avant de lancer plus tard ce beau projet d’Abondance…
Les Sentiers de l’Abondance
Mas des Bœufs
13810 Eygalières
06 17 32 32 59
info@lessentiersdelabondance.com
Gîtes à partir de 350 € la semaine.