Rencontrée à Paris, la romancière franco-canadienne publie début avril « Le club des miracles relatifs ». La trame se déroule dans « l’enfer » de l’exploitation des sables bitumineux, en Alberta.
Etre née au Canada prédispose sans doute à avoir un regard singulier sur la nature. Les grands espaces, les forêts à perte de vue, les lacs… pour les amoureux de virginité, ce pays semble un paradis. Sauf que ce paradis est menacé. C’est en tout cas l’avis de Nancy Huston, l’écrivaine née à Calgary, résidente en France depuis les années 1970. En juin 2014, elle publiait une tribune dans Le Monde, dénonçant cette exploitation à outrance.
« En encourageant le développement (…) des industries pétrolières de l’Alberta, Stephen Harper, le premier ministre canadien, met l’humanité en péril. (…) Ce qui se passe ici [est] un viol de la terre qui empoisonne l’eau et l’air de manière irréversible », écrivait-elle. Depuis novembre 2015, Justin Trudeau, chef du Parti libéral, est devenu le nouveau premier ministre canadien. Il a été élu sur la promesse d’un « renouveau démocratique », mais même avec un projet de tarification du carbone, sa conscience ne va pas jusqu’à vouloir abandonner l’exploitation en Alberta…
« Je suis allée là-bas. Il y a 280 compagnies pétrolières. C’est un monde d’hommes et de prostitution. Les déchets d’exploitation se retrouvent dans un village indien, à 2h au nord de Fort Mc Murray, où les cancers rares concernent déjà 30% de la population », accuse-t-elle. Du coup, elle a fait de ce sujet la matrice de son prochain roman, « Le club des miracles relatifs ». C’est « l’histoire d’un personnage qui débarque dans cet univers », dit-elle. Un héros partant à la recherche de son père sur ces terres déchiquetées, où il va faire la connaissance de deux activistes écologistes…
Nancy Huston a-t-elle toujours été écolo-sensible ? « C’est un autre de mes combats. Je n’achète plus de viande au supermarché, je suis proche de Terre & Humanisme et j’ai quitté la BNP pour mettre tout mon argent au Crédit Coopératif », illustre la romancière. Sans être écrivaine militante, elle s’est affichée dans une manifestation aux côtés de Pierre Rabhi et est amie avec Cyril Dion, le co-réalisateur de « Demain », film pour lequel elle a publié un article sur le site suisse de transition écologique, La Revue Durable. « J’adore ce film car il montre que des mutations extraordinaires sont en train de naître », dit-elle. Nancy Huston y contribue à sa manière, en cultivant un jardin potager dans le Berry, sa terre d’adoption. Nous lirons son roman avec appétit.