Earthship Sisters ©marie aymone gé

Deborah Pardo, docteur en écologie, et Nathalie Ille, chef d’expéditions, ont imaginé en 2018 une formation pour 14 femmes déterminées à agir pour la planète, les Earthship Sisters. Préparation à terre et navigation commune en Méditerranée en font un formidable boosteur pour la cause environnementale.

« Donnons aux femmes le pouvoir de changer le futur ». Ainsi parle Deborah Pardo, co-fondatrice du programme Earthship Sisters, un programme ambitieux destiné aux femmes porteuses d’un projet d’entreprise environnementale ou RSE afin de le développer et de participer à la préservation de la planète.

Ce programme s’est achevé début novembre, après 9 mois d’expériences et 2 semaines passées en mer et en escales, entre la Corse et Marseille. Elles étaient 14 à avoir été retenues pour cette première édition. 14 projets à impact différent. L’une a créé une balle de golf biodégradable contenant des graines qui sèmeront des essences. Une autre veut écrire un livre pour sensibiliser les enfants à l’environnement. Le bilan est positif et ouvre la perspective d’une future grande communauté de Sisters. Lors des escales, à Port-Saint-Louis-du Rhône, Bonifacio, Marseille et Cassis, des ateliers étaient organisés afin de sensibiliser le grand public à l’environnement.

Mothers et fathers engagés

Sur le port de Cassis, le vendredi 27 septembre, les Sisters pitchaient leurs projets mûris depuis plusieurs mois devant des personnalités prêtes à leur tendre la main [appelés les mothers et les fathers dans le programme, ndlr]. Parmi elles, la pétillante Cyrielle Hariel, journaliste sur Europe 1 et Ushuaïa TV, auteure et conférencière. « Les Earthship Sisters, c’est du leadership féminin, c’est de l’entrepreneuriat qui a du sens et cela fait écho avec les valeurs que je défends depuis maintenant 5 ans. Ce qui ressort de ce projet, c’est l’énergie. Aujourd’hui on trouve d’une part des adeptes de la collapsologie et d’autre part des personnes engagées et actives pour le changement. C’est la schizophrénie humaine, ceux qui détruisent et ceux qui créent. Ici, je vois apparaître 14 nouveaux noms, 16 femmes [avec les 2 fondatrices, ndlr] qui feront parler d’elles grâce à leur formidable énergie et à leur envie de changer le monde ».

les fondatrices de Earthship

Nathalie Ille (à g.) et Deborah Pardo, les 2 fondatrices de Earthship Sisters. Crédit Earthship Sisters

Emmanuelle Duez, une autre mother, conférencière, spécialiste du management intergénérationnel, fondatrice de  The Boson project : « Ce qui m’a touchée ? La sincérité, l’authenticité de toutes ces femmes qui ont raconté leur rêve, qui se sont mises à nue sur leur cheminement personnel. Bien sûr, les degrés de structuration des projets sont divers mais ils possèdent tous la même émotion et le même niveau d’impact : l’envie monstrueuse de faire bouger les lignes de nos sociétés. Je serai à nouveau là pour la 2e édition ».

Ce projet 100 % féminin est aussi soutenu par des fathers comme Simon Bernard, fondateur de Plastic Odyssey, Emmanuel Priou, producteur associé de Bonne Pioche et d’autres encore persuadés que la voie ouverte est la bonne.

Ecoféminisme et Empowerment

« Le lien entre les femmes et l’environnement est fort » répète inlassablement Deborah Pardo. Alors quelle définition donner au programme ? Empowerment au féminin, écoféminisme ? « Ces mots font peur car ils sont parfois mal interprétés. Ma définition, ce serait tout simplement des femmes qui font quelque chose pour la planète. Avec Nathalie, nous sommes dans l’instinct et dans l’action. Mais force est de constater que la spoliation de la terre et la domination des femmes sont intrinsèquement liées. Le retour au respect de la nature et à l’égalité sont indispensables à la survie de notre espèce. De gros challenges sociaux et environnementaux sont en jeu », explique Deborah, qui met aussi en avant « l’incroyable aventure humaine » que représente ce programme.

Une mise en situation inopinée

Lors de leur épopée maritime, les bateaux sont tombés en panne, les tempêtes les ont secouées, rien ne leur a été pas épargné. Il a fallu prendre des décisions rapidement, trouver des solutions efficaces, maintenir la cohésion d’équipe et toujours avancer, comme dans une vie entrepreneuriale, qui n’est jamais un long fleuve tranquille. Une expérience inattendue mais qui a mis en pratique le travail effectué avec des coachs qui les ont encadrées tout au long de leur parcours.

Elles participent à Earthship Sisters

Clémence Cousteau (à g.) et Christelle Delarue, fondatrice de l’agence publicitaire Mad&Woman, qui a accompagné les Earthship Sisters. Crédit Corinne Delaunay

Pour Clémence Cousteau, coach, magicienne de l’âme, qui a embarqué pendant une semaine avec elles « la richesse humaine était incroyable. La navigation a été ponctuée d’imprévus, un véritable chaos. Malgré cela, j’ai été immergée dans la sororité. Je crois au féminin plus qu’aux femmes car je ne suis pas sexiste. Un système qui ne respecte pas les femmes est aussi un système qui ne respecte pas la nature et tout cela est intrinsèquement lié. Les femmes détiennent au moins la moitié des solutions. Il y avait aussi tous ces mothers et fathers qui sont derrière ces femmes. Les femmes ne peuvent pas être les seules actrices du changement. »

Un bilan plus que positif

Du côté des Sisters, toutes sont unanimes sur la qualité du programme. Isabelle Lacourt Mariani commercialisait de la vaisselle compostable mais il n’y avait aucun suivi, « elle partait à la poubelle. Aujourd’hui, je travaille pour des événements en mettant à disposition le tri et le suivi logistique. J’ai commencé sur mon territoire, la prochaine étape est de grandir. Earthship Sisters m’a donné confiance en moi. Je ne me sens plus isolée, j’ai rencontré des personnes partageant mes valeurs. J’ai travaillé sur ma capacité à me projeter vers le succès, ce qui est essentiel quand on entreprend. »

quelques'unes des Earthship Sisters

Les Sisters en mer, 16 jours de navigation entre Marseille et la Corse qui font partie du programme. ©marie aymone gé

Maud Jego, de la start-up The Great Village, fondée en 2018 pour repenser la notion de collectif par la mise en mouvement de projets à fort potentiel et pour « transformer des audacieux et des audacieuses en entrepreneur à impact positif sur le monde » s’enthousiasme : « Une aventure humaine extraordinaire imaginée par deux aventurières qui ont réussi ce qu’il y avait de plus dur à faire : la cohésion. On a affronté toutes les galères ensemble. Elles sont devenues mes sœurs, je travaille avec l’une d’elles. J’ai monté ma start-up au même moment je suis rentrée dans le programme, il y a 9 mois. Aujourd’hui nous comptons 1 200 membres répartis sur les 5 continents. Les rêves se transforment en projet puis les projets en succès. Un événement est en train de se monter à New-York sous le patronage des Nations Unies ».

Nouvelle édition en 2020

Deborah Pardo ressent « une grande fierté et un soulagement car le programme fonctionne. Les mothers et fathers se sont investis ». Avec Nathalie,  elle souhaite solidifier les bases pour répliquer le concept partout dans le monde en mettant en avant la proximité car « il faut des liens humains, on expérimente la vie en communauté. Les Sisters 2019 ont toutes trouvé quelque chose qui va bien au-delà de leurs espérances. Elles seront les mentors pour les nouvelles de 2020 ». La date d’ouverture de dépôt des dossiers pour la nouvelle édition est le 8 mars 2020, journée de la femme, tout un symbole. « Le recrutement sera plus dur, nous garderons l’hétérogénéité dans l’âge et l’avancement du projet mais nous avons besoin de femmes qui soient digitales et à 100% dans le programme ». Bon vent à toutes ces femmes !

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Pour aller plus loin

earthship-sisters.fr

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