L’association Agrilocal qui gère la plateforme web de mise en relation entre les acheteurs de la restauration collective et les producteurs, tient son assemblée générale le 7 avril au Salon des Agricultures. L’occasion de mieux connaitre ce dispositif qui favorise circuits courts et économie locale.
Propos recueillis par Philippe Bourget
Bleu Tomate (B.T.) : Pourquoi l’AG se tient-elle à Salon de Provence ?
Nous changeons de lieu chaque année. Cette fois, c’était au tour du sud-est. Et c’est la première organisée dans les Bouches-du-Rhône. Sur proposition du Conseil départemental, elle se déroulera au cœur même du salon, sous un chapiteau.
B.T. : Comment avez-vous communiqué autour de cet événement ?
L’AG est réservée aux membres. En revanche, nous organisons une journée presse le 6. Nous irons à la station arboricole de la Pugère, à Mallemort (13). C’est un fournisseur local, très engagé avec nous auprès des acheteurs de la Restauration Hors Domicile (RHD). Depuis son adhésion en 2016, La Pugère a contractualisé plus de 2 600 marchés publics auprès de 65 acheteurs. Le soir du 6, nous organisons à Marseille la remise des Trophées Acheteurs pour valoriser ceux qui sont les plus actifs dans les circuits de proximité.
B.T. : Finalement, Agrilocal, ça fonctionne comment ?
C’est une plateforme web de mise en relation, sans intermédiaire, entre des acheteurs publics en RHD et des fournisseurs locaux, producteurs agricoles ou artisans. Les acheteurs peuvent engager des consultations, les fournisseurs proposer leurs produits. Les offres sont visibles en temps réel et nous proposons trois formes de marchés, compatibles avec les règles de la commande publique.
B.T : Tout le monde en France peut adhérer, alors…
Non car nous nous inscrivons exclusivement dans le cadre des politiques agricoles des départements. A ce jour, 36 d’entre eux sont membres d’Agrilocal. La Nièvre, la Charente-Maritime et la Haute-Marne nous ont rejoints l’an dernier. En région Sud PACA, le Vaucluse est adhérent depuis la création d’Agrilocal, en 2013, et les Bouches-du-Rhône, depuis fin 2017.
B.T. : La dynamique est-elle bonne dans le « 13 » et le « 84 » ?
L’agriculture y est diversifiée, avec du maraîchage, de l’arboriculture, de l’élevage. Il y a une offre large qui favorise l’échange local. Dans les Bouches-du-Rhône, un fort élan s’est mis en place, avec déjà 68 acheteurs, pour 79 dans le Vaucluse. Dans chaque département, favoriser les circuits courts, sensibiliser les collectivités locales, est une stratégie de longue haleine. Il faut impulser de nouvelles habitudes.
B.T. : Les départements non membres sont-ils, dès lors, réticents par principe ?
Chacun avance en fonction de ses caractéristiques. Pour certains, les filières agricoles ont suffisamment de débouchés hors RHD, elles n’ont pas besoin de ce canal de distribution. Par exemple dans le Puy de Dôme, mon département, la filière du fromage Saint-Nectaire fonctionne très bien sans cela. Ailleurs, les marchés de producteurs, par exemple, peuvent s’avérer suffisants.
B.T. : Il y aura d’autres adhésions dans la Région Sud, n’est-ce pas… ?
Certains conseils départementaux nous ont en effet contactés, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment !
B.T. : On a compris que l’adhésion des départements était un préalable. Mais au-delà, quelles sont les recettes du succès ?
Les acheteurs, écoles élémentaires, collèges, lycées, cuisines centrales – telle celle d’Avignon, lauréate cette année des Trophées Acheteurs dans la catégorie écoles -… ont, grâce à Agrilocal, une connaissance fine des produits disponibles dans leur département. Ils peuvent favoriser le local et dématérialiser leurs achats. Pour les producteurs, c’est un complément de revenus possible. Pour que l’offre augmente avec le temps, ils doivent s’organiser, se fédérer.
B.T. : Et le système doit être animé, aussi…
Du côté des acheteurs, c’est un travail « individuel ». Il mobilise une commune, un chef de cuisine, un directeur de cuisine centrale, des parents d’élèves… Nous nous appuyons pour cela sur les conseillers départementaux. Ils sont nos ambassadeurs auprès des collectivités locales faire bouger les lignes face à du personnel administratif parfois réticent. Pour les fournisseurs, tout repose en effet sur l’animation. Ce travail est mené, sur le terrain, par les chambres consulaires, avec notre appui.
B.T : Mais au fait, le bio est-il présent dans Agrilocal ?
Il représente 15% du chiffre d’affaires, qui était de 14 millions d’€ en 2018. Et il progresse d’environ 20% par an.
Agrilocal en quelques chiffres…
-Près de 2 000 acheteurs utilisateurs dans les 36 départements adhérents
-3 500 fournisseurs.
-Plus de 3 500 t de produits alimentaires échangés.