Depuis 22 ans, l’association Semailles sème ses graines écologiques et sociales à Avignon et dans tout le département du Vaucluse. Chantier d’insertion labellisé Jardins de Cocagne, elle œuvre aussi à la sensibilisation des citoyens à l’agriculture biologique et au développement durable.
L’association lutte contre l’exclusion en proposant des contrats de travail dans l’agriculture biologique. Orientées par Pôle Emploi, des personnes en grande précarité se forment au métier de jardinier, encadrées par le personnel de Semailles sur une parcelle de 10 hectares située dans la ceinture verte d’Avignon. Les terrains sont loués ou mis à disposition par la mairie et la communauté d’agglomération. Le GRAB (Groupement de Recherche en Agriculture Biologique) apporte aussi son soutien en tant que conseiller.
Pionnière dans les paniers bios
Très vite, l’idée est venue de vendre la production agricole sous forme de paniers bios. « Quand on achète son panier, on ne peut pas s’empêcher de penser que ces légumes ont une histoire. Il y a derrière, des hommes et des femmes qui ont retrouvé un lien social après un accident de la vie », nous livre Josiane Leray, directrice de Semailles depuis cinq ans.
« En 1997, il était précurseur d’associer la réinsertion à l’agriculture biologique. Le travail de la terre est un support pertinent par rapport à la réinsertion. C’est un travail valorisant où le résultat est visible et où on ne peut pas tricher. On remarque que les personnes reprennent confiance en elles, se sentent enfin utiles. Un des travailleurs nous a dit que travailler pour Semailles avait du sens, car il avait les pieds dans la terre… et sur la terre ».
Moins d’argent, moins de temps
Le financement de l’association se fait grâce au chiffre d’affaires (généré par la vente des paniers, la vente directe, la vente aux professionnels comme les crèches, les restaurants), les dons des adhérents et des fonds européens. Mais depuis plusieurs années, les subventions baissent fortement. Principale raison, le désengagement de la région sur le territoire. En 2015, les subventions régionales constituaient 11,5 % du budget. En 2019, elles ne représentent plus que 0,45 %.
Aujourd’hui la durée du parcours, passé en CDDI (contrat à durée déterminée d’insertion), est plus courte. Sur ce dernier point, Josiane Leray est formelle, « il est difficile d’aboutir à une insertion efficace en un an. Les durées plus longues facilitaient un véritable projet avec des formations à la clé. Aujourd’hui, les 12 mois de contrat permettent certes de redonner l’envie de travailler, mais laissent beaucoup de personnes sur le carreau ». En moyenne, un tiers des travailleurs passé par Semailles part avec une formation ou une solution d’emploi, un tiers s’arrête faute de relais. Le dernier tiers part avant la fin du contrat.
Interaction avec les entreprises locales
À Semailles, il y a toujours eu du lien avec les entreprises régionales. Certaines font d’ailleurs partie du conseil d’administration de l’association. Un club d’entreprises partenaires a ainsi été créé en 2007. Elles sont mécènes sur le plan financier et sur celui des compétences. Pendant le CDDI, chaque entreprise s’engage à accueillir un groupe pour le préparer à des simulations d’entretiens d’embauche, par exemple. Pour Josiane Leray, il est fondamental « de changer le regard de nos stagiaires sur les entreprises, qu’elles soient PME ou grands groupes. L’assureur Jean-Paul Périllon nous a fait bénéficier de son réseau. GRDF Avignon et Bleu vert, pour leur part, financent un tiers des paniers solidaires. L’objectif de ces paniers est de favoriser une alimentation de qualité pour des personnes ayant très peu de revenus. Le secours catholique et la MSA Vaucluse (Mutualité Sociale Agricole) proposent des ateliers pour apprendre à ces personnes à cuisiner les paniers de légumes. »
Education et jardin pédagogique
Le rôle de Semailles s’étend bien au-delà de l’insertion. Apprendre, montrer à tous qu’il est possible de changer sa façon de consommer et de travailler la terre est devenu son autre cheval de bataille. En 2000, l’association a lancé cette partie éducative à travers un jardin pédagogique de 2000 m² sur les terrains historiques de Semailles sur la ceinture verte. Les ruches, la mare, le refuge LPO permettent de découvrir la biodiversité locale.
En septembre 2019, on pourra parcourir un sentier sur l’exploitation agricole. Il permettra de s’initier à l’engrais vert, à la rotation de culture et de mieux comprendre le travail de la terre. Deux animatrices nature ont également été engagées pour aider à la création de jardins au pied d’immeubles, dans les quartiers prioritaires. Elles interviennent aussi dans les jardins partagés d’Avignon et s’occupent des points de compostage collectif.
Grâce à toutes ses actions, Semailles permet de maintenir une agriculture périurbaine et de reconnecter les personnes en grande détresse sociale et morale à la terre.
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Pour aller plus loin
Les chiffres
-Exploitation agricole de 10 hectares au cœur de la ceinture verte d’Avignon.
-320 paniers sont écoulés par semaine au réseau d’adhérents consommateurs.
-Une quinzaine de points de dépôts des paniers.
-40 jardiniers en insertion durant 12 mois. Il y a plus d’hommes que de femmes car le cliché reste fort s’agissant du travail physique. Ce sont des personnes sans qualification, en aménagement de peine ou en grande difficulté.
Label « Jardins de Cocagne »
Pour adhérer aux jardins de Cocagne, plusieurs critères sont nécessaires : être en agriculture biologique, avoir une mission d’insertion, vendre en circuit court, être intégré sur son territoire. En PACA, quatre Jardins de Cocagne existent : à Châteauneuf-les-Martigues, Porquerolles, Mouans- Sartoux et donc celui de Semailles, à Avignon)