Dans le portrait que je vous propose aujourd’hui, tout commence et tout finit par une collecte de financement participatif. Je suis allée à la rencontre de Frédéric Denel, pour tenter de comprendre ce qui faisait courir cet éminent personnage de l’agriculture urbaine marseillaise. Et en savoir plus sur son tout nouveau projet : un projet d’agrotourisme dans les environs de Cavaillon.
« Quand j’ai découvert l’histoire de l’agriculture, je me suis rendu compte qu’elle avait façonné le monde. »
« Je suis autodidacte, j’ai monté beaucoup de boîtes différentes pendant des années. Il y a trois ans, je n’avais jamais rien fait pousser de ma vie, et je suis tombé sur la collecte de financement participatif du film « Demain ». Enfin des solutions ! Je participe et en contrepartie, je me retrouve 5 jours aux Amanins, et découvre toutes ces micro-fermes, comme le Bec Hellouin. Je me rends compte qu’eux non plus n’étaient pas du tout agriculteurs : s’ils y arrivent, pourquoi pas moi ? Quand j’ai découvert l’histoire de l’agriculture, je me suis rendu compte qu’elle avait façonné le monde, je ne pouvais plus revenir en arrière. »
Frédéric fonde alors l’association HEKO Permaculture, et lance une recherche de terrain sur Marseille où il habite avec sa femme et ses enfants. Après plus de 600 rencontres en un an, en pleine ébullition, il convainc l’État d’occuper gratuitement pendant 25 ans un espace bordant une autoroute : Le Talus est né. C’est aujourd’hui l’un des projets d’agriculture urbaine les plus ambitieux de Marseille. Il s’associe avec Karl et Valentin, maraîchers urbains qui s’en occupent à plein temps.
Agriculture urbaine ou rurale : quelle est la meilleure solution ?
« Les deux. L’agriculture urbaine est fondamentale, car elle permet à de nombreux urbains de faire leur transition, de découvrir le métier de maraîcher et une autre manière de vivre. Elle forme les futurs paysans de demain qui réinvestiront petit à petit les campagnes. Par contre, on ne pourra pas nourrir toute la ville en comptant seulement sur l’agriculture urbaine, les deux sont complémentaires. »
Le nouveau projet : des vergers, un jardin-forêt en espace-test, et de l’agritourisme.
« Tout le monde m’a dit qu’on ne pouvait pas vivre sur 300 oliviers. Ça m’a plu, j’ai voulu tester ! Sur ce terrain, qui n’a pas été « remembré » (c’est-à-dire regroupé avec d’autres parcelles) après-guerre, on bénéficie des canaux centenaires amenant l’eau de la Durance et des arbres plantés par les anciens pour se protéger du vent. On veut être autonome en énergie, tester de nouveaux modèles économiques comme le troc ou la monnaie locale, montrer qu’un autre modèle est possible. C’est un projet purement personnel ici. »
Il y a un autre sujet qui tient beaucoup à cœur à Frédéric, c’est accompagner la jeune génération dans sa transition et aider les jeunes à créer des micro-fermes : « Sur une partie des parcelles, nous allons pouvoir accueillir des jeunes maraîchers qui souhaitent se tester avant de s’installer eux-mêmes. C’est le principe des espaces-test agricoles, c’est fondamental pour multiplier le modèle. »
Pour participer à son projet :
https://www.miimosa.com/fr/projects/relancer-l-activite-d-une-micro-ferme-en-provence