Le 15 septembre dernier, la Friche de Mai accueille le So Good Festival. L’équipe Bleu Tomate se déploie, et moi j’ai choisi de rencontrer Féris Barkat, de l’association Banlieues Climat. Il anime ici un atelier d’écriture de slam, 50 personnes l’attendent pour cet exercice collectif.
Dans l’une des nombreuses interviews qu’il a déjà accordées à des supports aussi divers que Le Monde, Challenges ou Reporterre et bien d’autres, Féris dit que pour lui, slamer est « une nécessité, c’est presque thérapeutique. À travers la création, on se sent moins dans le noir, moins seul (Challenges – juillet 2023) ». Mais moi ce qui m’intéresse, c’est de mieux comprendre son action avec l’association « Banlieues Climat ». Rendez vous est pris pour en discuter tranquillement quelques jours plus tard.
Qu’est ce qui fait courir Féris Barkat ??
L’association Banlieue Climat a été créée en 2021, et Féris en est l’un des co-fondateurs. Objectif ? Sensibiliser et former les jeunes des quartiers populaires aux enjeux climatiques. Il a déjà rencontré des personnalités politiques, d’Elisabeth Borne à Sylvie Retailleau, ou encore des conseillers d’Emmanuel Macron. Des partenariats ont été signés, des discussions sont en cours pour intervenir à l’école de management de Sciences Po sur la philosophie et l’écologie. Son moteur : le sentiment d’urgence. Il faut aller plus vite que le changement climatique…
Son public, les jeunes des quartiers populaires
Pour lui, l’écologie peut être facteur d’émancipation. Elle peut donner des perspectives à ces jeunes qui sont souvent vus comme un problème. «Dans les quartiers, c’est nous le problème. Mais le climat, c’est le problème de tout le monde !! ». Un discours fort mais surtout qui porte. « En fait, mon propos face à des jeunes qui ont après tout mon âge, passe par l’identification possible à des réalités partagées. Nous avons les mêmes références, le même vocabulaire, le même parcours de vie. »
Comment parler du dérèglement climatique ?
L’association veut mobiliser les habitants des quartiers populaires pour qu’ils se saisissent de la question climatique. Elle organise des formations autour des enjeux environnementaux et accompagne des jeunes vers les métiers de la transition écologique, une véritable opportunité. À son actif, plus de 360 jeunes formés. Une journée seulement pour évoquer tous les sujets autour de la transition écologique : énergie, réchauffement climatique, alimentation, eau, qualité de l’air, santé… A ce jour, seul Féris intervient, mais la prochaine étape en novembre, c’est la formation de formateurs. Une nouvelle étape à franchir, et enfin pouvoir répondre aux multiples sollicitations de collectivités et associations dans toute la France. Les jeunes qu’il a sensibilisés et formés sont prêts !
Ne pas être un porte-drapeau, être tout simplement engagé
A la question «comment gères tu toute cette pression ? », la réponse est simple « je n’ai pas pris de vacances de toute l’année… j’ai oublié !! ». La charge mentale est importante, mais pour lui, impossible de s’arrêter maintenant. L’avenir financier de l’association semble assuré. Et il est question que Féris en devienne prochainement le premier salarié.
Combattre « l’impuissance acquise »
L’essentiel à ses yeux, c’est transmettre la confiance à ses interlocuteurs. Les amener à croire en leurs capacités à réussir. Et ça marche ! La prise de conscience est là, l’envie d’agir aussi. Localement, collectivement. Dans ses formations, il raconte qu’il dit même « ce n’est pas à Macron de tout faire ! ». L’important est de proposer des actions à l’échelle de chacun, pour ne pas démobiliser. Ainsi qu’il le souligne « pas question de parler de sobriété à des personnes qui la vivent au quotidien, mais pas par choix ! Pas question non plus de leur parler des ours polaires, même si c’est important. L’écologie dont il est question, elle doit être ancrée dans leur réalité sociale. Je veux que le discours soit le plus concret possible. »
D’autres projets à venir
Les formations que dispensent l’Association et bientôt ses formateurs sont en constante évolution. L’association s’est rapprochée de scientifiques qui enrichissent encore les contenus, le module est en cours d’habilitation par le Ministère de la Recherche. A la question « pourquoi ? », la réponse fuse : «pour que soient valorisés ceux qui l’ont suivi, qu’ils puissent l’inscrire sur leur CV ». Toujours pousser vers le haut…
Parler à sa génération, avec les codes de sa génération
Son mode de communication a été au début de l’aventure le réseau Tik Tok. Il est suivi par près de 50.000 abonnés. Ses vidéos courtes et punchy sont parfaitement adaptées à son public. Un conseil, ne ratez pas son slam « la Belle au Bois Brûlant ». Il lui a permis de gagner en 2022 le second prix du concours « A voix haute pour la biodiversité » de Humanité et Biodiversité : tout y est ! Feris Barkat, un personnage décidément très attachant.