Gilles Pérole vient de lancer l’appel du 19 juin pour des cantines bio ! Et avec le sénateur EELV Joël Labbé, il appelle chacune et chacun à le signer. Car les sénateurs en commission ont renoncé aux 20% de bio dans la restauration collective.
Gilles Pérole est adjoint au maire de Mouans-Sartoux (06) où les élèves mangent 100% bio. Il est aussi président de l’association Un Plus Bio. Ce natif de la Côte d’Azur travaille comme conseiller pédagogique sur cette terre qui a perdu tant de paysans et qui n’est pas vraiment préservée. C’est André Aschieri, le maire emblématique de Mouans-Sartoux jusqu’en 2015 qui l’a éveillé aux enjeux environnementaux. Auprès de cet écologiste humaniste, il s’est forgé des engagements cohérents en matière de politiques publiques. C’est ainsi que la petite commune a pris de l’avance. Tout simplement en écoutant les scientifiques et en mettant en oeuvre un projet municipal cohérent et réaliste. Qui prouve que la bio locale à la cantine, c’est possible et pas plus cher !
1/ Comment expliquez-vous que l’introduction du bio dans la restauration collective en France soit si difficile et toujours remise en cause ?
je pense que les collectivités qui développent le Bio dans les cantines ont construit une vision sur l’importance d’une alimentation qui respecte la santé et l’environnement… Et là tout est facile car on a pris conscience de l’urgence de changer nos pratiques. D’autres se réfugient au mieux dans une représentation erronée de la réalité du coût et des capacités d’approvisionnement en Bio pour la restauration collective et la tribune écrite avec Joël Labbé démonte ces fausses représentations… et au pire dans les arguments d’un lobby de l’agriculture chimique et là c’est difficile de faire bouger les lignes. Heureusement les citoyens eux sont lucides et à 90% ils souhaitent du Bio dans les cantines!2/ La référence à l’appel du 18 juin n’est pas anodine. En quoi la situation vous parait-elle si grave ?
Si on regarde l’explosion des cancers (plus de 1000 diagnostiqués chaque jour en France), des maladies neurologiques et bien d’autres en lien avec l’environnement et plus particulièrement avec l’alimentation, on prend conscience de l’enjeu de santé publique que l’on doit prendre en compte. On sait que 25% des gaz à effet de serre dans le monde proviennent de l’agriculture et beaucoup plus du mode de production que du transport. Alors l’objectif de l’accord de Paris ne peut être tenu qu’en changeant les pratiques agricoles. Alors oui il y a cette triple urgence de sauver les humains, la biodiversité et la planète et ça vaut un appel du 19 juin!3/ Avez-vous vraiment l’espoir qu’une forte mobilisation citoyenne change la donne ?
Cette campagne a avant tout comme objectif de combattre ces fausses représentation d’un Bio cher que l’on ne pourrait pas produire localement. Je rappelle qu’à Mouans-Sartoux on est 100% bio à coût constant avec un approvisionnement local (région) à plus de 70%. Je suis persuadé que le changement viendra de la prise de conscience et donc de la pression citoyenne. Mais aussi de l’intelligence des collectivités et des territoires. Ils nous montrent chaque jour, et de tous les courants politiques, que le bio à la cantine ce n’est pas plus cher et que c’est majoritairement local.
Pour aller plus loin
Les deux élus Gilles Pérole et Joël Labbé ont publié une tribune dans Libération et ils appellent les citoyens à signer leur appel. De nombreuses associations leur ont déjà emboité le pas et appellent également à soutenir leur démarche.